La vidéo trouvée par la GRC montre un Michael Zehaf Bibeau lucide et en pleine possession de ses moyens qui justifie son attaque à Ottawa par ses croyances religieuses et son opposition à la politique étrangère du Canada, a précisé lundi le commissaire du corps policier, Bob Paulson.

Le commissaire Paulson a déclaré que les motivations de l'homme de 32 ans ne font plus de doute pour son service et que l'enquête pancanadienne porte maintenant sur la question de savoir si d'autres individus ont pu contribuer à sa radicalisation. « S'ils existent, on veut les arrêter », a-t-il tranché.  

« C'est un vidéo qu'il a préparé lui-même sur son propre appareil, que nous avons pu récupérer », a-t-il ajouté, disant qu'elle sera rendue publique lorsque son analyse sera terminée.

Au cours d'un témoignage devant le comité sénatorial de la sécurité publique, M. Paulson a affirmé que la menace posée par des loups solitaires était plus difficile à contrôler que celle des organisations plus nombreuses.

Il a précisé que le nombre de 90 ou 93 qui a circulé au cours des dernières semaines ne vise que les « voyageurs à haut risque », soient ceux qui ont voyagé à l'étranger ou souhaitent le faire pour se livrer à des activités liées au terrorisme - et qui font l'objet d'une enquête par la Gendarmerie royale du Canada.

Le nombre de personnes qui posent une menace liée au terrorisme au Canada serait plutôt « dans les milliers », a indiqué le commissaire. Mais cette menace peut aller du simple signalement d'une personne suspecte « dans un autobus » à des photos d'un réel complot en gestation.

De nombreux sénateurs ont félicité M. Paulson et la GRC pour le travail accompli mercredi lorsque Michael Zehaf Bibeau a fait irruption dans le parlement après avoir abattu un soldat qui montait la garde devant le monument commémoratif de la guerre.

Plusieurs questions lui ont été posées pour savoir si les ressources allouées à son corps policier sont suffisantes pour contrer la menace actuelle. « On fait ce qu'on peut avec ce qu'on a », a répondu Bob Paulson. Il a ajouté que la quantité d'agents affectés à la lutte au terrorisme avait presque doublé depuis une semaine, passant à environ 300 personnes, et que ces effectifs provenaient d'autres secteurs, comme la lutte au crime organisé.

Enfin, M. Paulson a donné quelques détails sur les changements législatifs qu'il aimerait voir être apportés pour donner plus d'outils aux forces de l'ordre dans ce type de dossiers. Il propose entre autres que le seuil pour obtenir une ordonnance de ne pas troubler l'ordre public soit abaissé et que les procureurs soient retirés de l'équation. « Les policiers peuvent s'en charger ».

Il a aussi évoqué la possibilité de faciliter la surveillance téléphonique ou sur internet pour les suspects d'infractions liées au terrorisme.