Les chauffeurs chargés de conduire les ministres du cabinet de Stephen Harper n'ont pas reçu de formation leur permettant expressément d'affronter des situations de crise comme celle survenue mercredi sur la Colline du Parlement.

Ils ne sont pas armés non plus, ce qui les rend vulnérables lorsqu'ils font face à des individus armés, comme l'illustre la vidéo divulguée jeudi par la GRC sur la cavale du tireur, Michael Zehaf Bibeau, sur la Colline du Parlement.

À Québec, la situation est tout autre. Les chauffeurs des ministres du gouvernement du Québec sont armés et ils détiennent une formation en matière de sécurité publique. Ils font partie d'une force constabulaire.

«Les chauffeurs à Québec sont armés et ils sont très bien formés. Il s'agit d'une lacune évidente ici à Ottawa», a souligné une source qui réclame l'anonymat.

Dans la vidéo de mercredi, on aperçoit Michael Zehaf Bibeau au pas de course, avec sa .30-30 Winchester bien en main, après avoir abandonné sa voiture sur la rue Wellington. Il dépasse trois voitures noires, des Chrysler 300, garées tout près de l'édifice de l'Ouest de la Cité parlementaire.

Bibeau contourne la troisième voiture, s'approche du chauffeur et contraint ce dernier à lui remettre le véhicule mis à la disposition de la ministre d'État responsable de la diversification économique de l'Ouest, Michelle Rempel. Le chauffeur, Nicholas Mamo, s'enfuit rapidement des lieux pour trouver refuge derrière l'édifice de l'Ouest. La Presse n'a pu obtenir ses commentaires hier.

«Ils n'ont même pas un tire-pois sur eux, ces gens-là. Ils ne sont pas armés et ne sont pas formés», a déploré une source.

«Ces gens-là sont davantage reconnus pour leur discrétion que pour leurs connaissances en matière de sécurité publique», a ajouté un ancien directeur des communications d'un ministre, qui a côtoyé trois chauffeurs différents durant ses nombreuses années sur la Colline du Parlement.

Tant la formation des chauffeurs que l'ensemble des mesures de sécurité en vigueur sur la Colline feront l'objet de l'analyse de la tragédie de mercredi.

Dans l'intervalle, plusieurs ministres, notamment le ministre de la Sécurité publique Steven Blaney, jouissent d'une protection policière 24 heures par jour depuis la fusillade, a appris La Presse.

La GRC a aussi décidé d'assurer une protection policière en tout temps au premier ministre Stephen Harper, où qu'il se trouve. Lorsqu'il se trouve dans l'enceinte du Parlement, cette tâche relève normalement des gardes de sécurité de la Chambre des communes, qui sont armés depuis à peine quelques années.