Le premier ministre Stephen Harper a vertement condamné hier soir l'attaque « brutale et violente » perpétrée contre un deuxième soldat canadien en moins de 48 heures et la fusillade qui a suivi dans l'édifice du Parlement. Dans un discours à la nation en soirée, après une journée marquée par le chaos et la panique dans la capitale fédérale, M. Harper a affirmé que le Canada « ne se laissera pas intimider » par ceux qui « attaquent nos valeurs et nos institutions ».

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Visiblement ému par les événements tragiques qui se sont produits au coeur même de la démocratie canadienne, M. Harper a affirmé que le Canada intensifiera au contraire ses efforts pour contrer les menaces terroristes, ici comme à l'étranger.

« Les événements de cette semaine nous rappellent tristement que le Canada n'est pas à l'abri d'attaques comme nous en avons vu ailleurs dans le monde », a déclaré M. Harper dans son discours sur les réseaux de télévision nationaux.

« Cela nous rappelle que ces attaques sur notre personnel de sécurité et nos institutions de gouvernance sont de par leur nature même des attaques contre notre pays lui-même, nos valeurs, notre société, nous, Canadiens, comme peuple libre et démocratique voulant la dignité humaine pour tous et toutes. Mais il ne peut y avoir de doutes. Nous ne laisserons pas intimider. Le Canada ne se laissera jamais intimider », a ajouté M. Harper, qui s'est entretenu avec plusieurs leaders étrangers hier, dont le président Barack Obama.

Le premier ministre, qui s'apprêtait à présider une réunion de son caucus dans une salle qui se trouve à proximité du couloir qu'a emprunté le tireur après avoir fait irruption dans l'édifice du Parlement avant d'être abattu par le sergent d'armes Kevin Vickers, a affirmé que les agences de sécurité nationale prendront toutes les mesures nécessaires pour « identifier et contrer les menaces et assurer la sécurité du Canada ».

Le niveau de menace avait d'ailleurs été haussé au pays il y a quelques jours, passant de bas à moyen, six avions de chasse CF-18 ayant quitté le Canada mardi afin de participer aux frappes aériennes contre des cibles du groupe armé État islamique en Irak.

« Ils [ces événements] augmenteront notre détermination et nos efforts à travailler avec nos alliés pour combattre les organisations terroristes qui brutalisent les gens dans le monde dans l'espoir d'amener leur sauvagerie jusqu'à nos rivages. Ils ne trouveront refuge nulle part », a-t-il déclaré, promettant de tout mettre en oeuvre pour faire la lumière sur ce premier attentat d'importance contre le Canada.

« Nous avons connu sans l'ombre d'un doute une journée difficile. Mais je suis convaincu que les Canadiens et les Canadiennes feront preuve de la même ferme solidarité qui nous a permis d'affronter tant d'épreuves dans le passé. Ensemble, nous demeurerons vigilants contre ceux, chez nous et ailleurs, qui nous veulent du mal », a-t-il encore dit.

M. Harper a conclu son discours en déclarant : « Vive le Canada fort et libre. »

Le premier ministre, qui a été évacué rapidement de la Colline du Parlement par les agents responsables de sa sécurité, a passé la journée à rencontrer ses proches collaborateurs, les ministres responsables de la sécurité nationale et le commissaire de la GRC, Bob Paulson. Il a aussi fait le point sur la situation avec le chef d'État-major des Forces armées canadiennes, Tom Lawson. Il s'est également entretenu avec le chef du NPD, Thomas Mulcair, et le chef du Parti libéral, Justin Trudeau.

Cette attaque est survenue alors que le gouvernement Harper s'apprêtait à déposer un projet de loi visant à donner des pouvoirs accrus aux services de renseignements canadiens et aux autorités policières afin de contrer les menaces terroristes.

Prenant la parole après le premier ministre, le chef néo-démocrate Thomas Mulcair a affirmé que « la paix de notre pays a été rompue par un acte de haine et de brutalité, un acte de lâcheté qui ciblait le coeur même de notre démocratie, le coeur de ce qui nous définit en tant que peuple ».

Il a offert son appui au premier ministre. « Cette attaque avait pour objectif de saper notre confiance et de nous diviser en utilisant la peur. Cette tentative a échoué. Au contraire, les événements d'aujourd'hui nous ont rapprochés et nous ont rendus encore plus forts et plus résolus », a-t-il dit.

Le chef libéral Justin Trudeau, qui est demeuré confiné au Parlement toute la journée hier, a aussi condamné avec vigueur l'attaque « brutale et odieuse ».