Isabelle Gaston et Guy Turcotte se sont parlé pour la première fois cet avant-midi, réunis pour déterminer après combien d'années d'emprisonnement ce dernier sera admissible à une libération conditionnelle. La Couronne demande au moins 20 ans, la défense soumet «entre 15 et 10 ans, plus près du 10 que du 15».

«Je veux que tu me regardes dans les yeux», a exigé Mme Gaston, pendant que son ex-conjoint éclatait en sanglots et tremblait dans le box des accusés. «Tu n'as pas tué ma résilience, tu n'as pas tué ma capacité à m'émerveiller et ma capacité à aimer».

Dans une déclaration d'une quinzaine de minutes, écrite à l'avance, Mme Gaston a exposé toutes les conséquences que le crime de M. Turcotte avait eues sur sa vie. «La femme qui existait en 2009 n'existe plus et n'existera plus jamais», a-t-elle dit.

Avant de conclure l'audience de cet avant-midi, le juge André Vincent a donné la parole à Guy Turcotte. «Je veux te dire Isabelle que ce procès-là, ce n'était pas pour que tu te sentes responsable», a-t-il dit. «J'ai jamais voulu te faire mal. J'ai de la misère à vivre avec ça, je sais que j'ai fait beaucoup de mal autour de moi».

Il a tué «sa chair, son sang»

Le juge André Vincent devra décider du nombre d'années de détention que le meurtrier devra impérativement purger avant d'être admissible à une libération conditionnelle, soit entre 10 et 25 ans.

Le procureur de la Couronne René Verret a plaidé qu'en tuant «sa chair, son sang», M. Turcotte avait commis le pire crime que l'on puisse imaginer.

Le criminaliste Pierre Poupart a mis de l'avant le fait que «Guy Turcotte n'est pas que le Monsieur qui a causé la mort de ses enfants», et que la société pouvait gagner à le voir redevenir «un membre utile» de celle-ci. 

L'ex-cardiologue a été reconnu coupable le 6 décembre dernier par un jury du meurtre non prémédité de ses deux enfants, au terme de son deuxième procès.

Ce verdict entraîne automatiquement une peine de prison à vie.

Le 20 février 2009, Guy Turcotte a poignardé à mort Olivier, âgé de 5 ans, et Anne-Sophie, âgée de 3 ans. À un premier procès, il a fait l'objet d'un verdict de non-responsabilité criminelle, mais la Cour d'appel avait ordonné un second procès en raison de directives fautives au jury.

- Avec Stéphanie Marin, La Presse Canadienne