Au quatrième jour de sa plaidoirie, l'avocat de Guy Turcotte a exhorté le jury à ne pas tenter de «décrypter» les gestes de l'accusé à la lumière de leur propre raison. 

«Il faut utiliser la raison pour tenter de comprendre la déraison. Sinon, c'est nier la déraison. Et il y a un nombre considérable de facteurs qui vont dans le sens de la déraison», a fait valoir Me Guy Poupart. L'avocat a passé la journée à disséquer le témoignage que son client a livré à son procès. Il a insisté sur le caractère «aberrant» de la conduite de M. Turcotte, compte tenu de son passé et de l'amour qu'il portait à ses enfants. L'avocat a également parlé de l'attitude de Guy Turcotte lors de son témoignage, des larmes qu'il a versées et du deuil qu'il n'arrive pas à faire, six ans et demi après les faits. «Ces larmes émanent du fond de sa souffrance. C'est n'importe quoi, sauf un jeu pour vous émouvoir», a lancé Me Poupart.

Après le téléphone

L'avocat a de nouveau suggéré que les enfants ont été tués seulement après la fin de la conversation que Guy Turcotte a eue avec sa mère, le soir du 20 février 2009. Cette conversation, qui a duré une heure, s'est conclue vers 21 h 40. Il avait déjà commencé à consommer du lave-glace à ce moment-là. C'est quand il s'est vu mort, qu'il a décidé d'amener les enfants avec lui, pour qu'ils ne le trouvent pas mort le lendemain. L'accusé ne se souvient pas de la séquence des événements, mais a des flashs.

À ce sujet, l'avocat est d'avis que M. Turcotte n'est pas un simulateur «un fakeur», puisque les flashs qu'il garde sont les «pires scènes qui puissent habiter un père qui a causé la mort de ses enfants». Il se souvient notamment avoir rentré le couteau dans le corps d'Olivier, le petit a gémi, a dit «nonnnnnn.» M Turcotte a réalisé qu'il lui faisait mal, a paniqué et a continué à donner des coups. S'il avait une mémoire sélective, il aurait choisi des flashs moins horribles, a laissé entendre l'avocat, qui continuera sa plaidoirie, mardi.

Lundi, en fin de journée, le juge André Vincent n'a pas caché son impatience, devant cette plaidoirie fleuve, qui a commencé mardi après-midi, la semaine dernière. À 16 h 10, lundi, Me Poupart suggérait d' arrêter pour la journée. 

«Vous aviez dit que vous termineriez jeudi dernier. On continue jusqu'à 4 h 30», a lancé le juge avec raideur. 

M. Turcotte est accusé des meurtres prémédités de ses enfants. Il admet avoir poignardé à mort Olivier, cinq ans, et Anne-Sophie, trois ans, le 20 février 2009, mais a présenté une défense de non responsabilité criminelle. La Couronne n'a pas encore plaidé.