Guy Turcotte a tué ses enfants. Ensuite il a bu du lave-glace. Il savait que la mort serait longue à venir et il a appelé sa mère pour qu'elle vienne le sauver.

C'est l'hypothèse que le procureur de la Couronne René Verret a soumise au psychiatre Louis Morissette, jeudi, au procès de Guy Turcotte. Le Dr Morissette, qui a évalué l'état mental de M. Turcotte dans le cadre de sa défense de non-responsabilité criminelle, est persuadé que l'accusé voulait vraiment se tuer. Il pense aussi qu'il a bu du lave-glace avant de tuer ses enfants. Il en veut pour preuve le fait qu'il n'y avait pas de sang sur le bouchon du bidon de lave-glace. Il y en avait par contre (celui d'Anne-Sophie), sur le bidon et un verre, signes qu'il en assurément bu pris après. 

Pourtant, dans son rapport, le psychiatre signale à deux reprises que le méthanol n'est pas en cause dans la mort des enfants. Selon lui, c'est le trouble d'adaptation et le raptus suicidaire qui l'ont amené à agir comme il l'a fait. Il ne pensait plus de façon logique.

Le procureur a alors sorti un lapin de son chapeau. Dans une entrevue qu'il a donnée à Benoit Dutrisac, le 15  janvier dernier, M. Morissette imputait le drame à trois facteurs: le trouble mental de M. Turcotte, le raptus suicidaire et l'ingestion de méthanol. 

«Vous admettez avoir dit ça qu'il y avait trois facteurs», a demandé Me Verret?

«Oui, j'ai toujours été d'accord. Mais le moteur principal ce n'est pas l'intoxication. Le méthanol, c'est marginal», a répondu le témoin. 

Me Verret a aussi confronté le témoin avec un autre segment de cette entrevue. «Vous dites que Guy Turcotte a été très violent dans un espace de temps, un vendredi soir. Que durant une période, une heure ou deux mais moins d'une heure probablement, il a été très violent. Qu'est-ce qui vous permettait de spéculer sur la durée?» Le témoin a répondu qu'il avait toujours eu la même compréhension du délit.

M. Morissette avait aussi dit lors de cette entrevue que boire trois verres de lave-glace c'est «comme boire trois verres de cognac». Ce qui est faux. Le méthanol a un effet éthylique moins fort que l'alcool consommable.

Le témoin a admis qu'il en sait plus aujourd'hui sur le méthanol.

Le psychiatre Morissette témoigne pour la troisième journée consécutive.