Il est impossible de déterminer quelle quantité de lave-glace  M. Turcotte a bue avant de tuer ses enfants. Mais la Couronne doute de l'effet enivrant du produit, et relève que l'accusé a concentré les 46 coups de couteau au thorax des petits et pas ailleurs.

«Il ne souffrait pas de trouble neuro musculaire. Il n'y en avait pas de coups aux bras, aux jambes, et au visage des enfants», a fait valoir le procureur de la Couronne René Verret, vendredi, en montrant les croquis contenus dans les rapports du pathologiste, au témoin Claude Rouillard.  Ce dernier, expert en neuropharmacologie, avait expliqué un peu plus tôt, que l'ingestion de méthanol, le produit toxique contenu dans le lave-glace,  peut provoquer des troubles neuro musculaires, d'équilibre, de motricité et de la confusion, si ingéré en quantité suffisante. En fait, ce sont les mêmes effets que la consommation d'éthanol (alcool consommable), mais à un degré moindre. La question de Me Verret sur la localisation des coups de couteau dépassait le cadre des compétences de M. Rouillard, a fait savoir ce dernier. 

Ce professeur et chercheur de l'université Laval, amené comme témoin par la défense, était là pour témoigner  des effets du méthanol sur le cerveau et le métabolisme humain. C'est ce qu'il a fait en long et en large d'ailleurs, au cours de son témoignage. Le méthanol est un poison qui peut causer de graves problèmes de santé et même provoquer la mort. Avec la quantité de méthanol qu'il avait absorbée, M. Turcotte serait mort s'il n'avait pas été traité. Deux témoins l'ont dit: M. Rouillard, et la toxicologue judiciaire Anne-Marie Faucher, qui a témoigné avant lui. 

Crédibilité

La Couronne s'est attaquée à la crédibilité de M. Rouillard, vendredi, en contre-interrogatoire. M. Rouillard a admis qu'il témoignait pour la première fois de sa vie sur le méthanol. Il a commencé à lire sur le sujet en septembre dernier quand la défense l'a contacté.  Il reconnaît que l'effet enivrant du méthanol a été observé chez la souris. La littérature scientifique sur les effets du méthanol sur l'humain est beaucoup plus rare. Normal, puisque personne ne voudrait s'empoisonner volontairement pour les besoins d'une étude. 

À partir du taux de méthanol contenu dans le sang de M. Turcotte au lendemain du drame, (310 mg par 100 ml de sang, à 12h27 le 21 février 2009), M. Rouillard a fait des rétro calculs pour évaluer son taux à différentes heures. Mais tout cela n'est qu'hypothèse, car on ignore la quantité, et si M. Turcotte a consommé en une fois ou plusieurs fois, entre le 20 et le 21 février 2009.  Il est arrivé chez lui en fin d'après-midi, le 20 février 2009, avec ses deux enfants, Olivier cinq ans, et Anne-Sophie, trois ans.

Aux environs de 11 h 45, le lendemain midi, les policiers le trouvaient caché sous son lit, malade, souillé de vomissures et du sang de ses enfants. Ceux-ci étaient morts poignardés dans leur lit respectif.

Lors de sa brève hospitalisation à l'hôpital de St-Jérôme, M. Turcotte avait d'abord menti sur sa consommation,  disant avoir pris du Tylenol. Il avait fini par avouer à un membre du personnel qu'il avait bu du lave-glace, «deux litres à 20 heures, hier.» En échange de ce renseignement, il demandait qu'on lui communique son taux de bicarbonates et le ph de son sang. Ces mesures sont importantes.  Les bicarbonates combattent le méthanol. Quant au ph du sang, le méthanol le fait baisser.

M. Turcotte admet avoir tué ses enfants, mais il présente une défense de non-responsabilité criminelle. Il a témoigné pendant trois jours cette semaine. 

Le procès se poursuivra lundi, avec un nouveau témoin.