C'est parce qu'il voulait effacer toute trace de son passage dans la maison de Piedmont, où il avait tué ses enfants, que Guy Turcotte a dressé une liste extrêmement précise de choses à récupérer dans les semaines qui ont suivi le drame.

Il y avait notamment un sac de pommes de terre et un CD de relaxation sur la liste.

«On s'en fout, des patates. Je n'en avais pas besoin où j'étais, et mes parents non plus. Je voulais effacer toute trace de mon passage dans cette maison», a réagi hier M. Turcotte, accusé des meurtres prémédités de ses deux enfants, alors qu'il était contre-interrogé par la Couronne.

Me René Verret reprochait à M. Turcotte d'avoir des souvenirs très précis de menus détails, avant et après la mort de ses enfants, alors qu'il dit n'avoir que des flashs des événements pour lesquels il est accusé. Me Verret estime que l'accusé a une mémoire sélective, qu'il se rappelle ce qui fait son affaire. Pendant le contre-interrogatoire, qui a duré un peu plus de quatre heures, le procureur a par exemple tenté de cerner le moment où M. Turcotte a tué ses enfants, le soir du 20 février 2009.

Tout ce que M. Turcotte prétend se rappeler à ce sujet, c'est qu'il faisait noir. Il dit avoir pensé à emmener ses enfants alors qu'il «se voyait mort sur son lit». Ce qui l'amène à dire qu'il a bu du lave-glace avant. Mais il en a bu après, forcément, puisque du sang d'Anne-Sophie a été trouvé sur le verre et le bidon de lave-glace. 

Doutes

Me Verret doute aussi de l'intention de M. Turcotte de se suicider. En tant que médecin, il avait la possibilité de choisir des moyens beaucoup plus efficaces que le lave-glace. M. Turcotte rétorque que ce n'était pas planifié.

M. Turcotte dit avoir tenté de planter un couteau dans son coeur, mais il n'en a pas été capable. Il en garde une petite cicatrice. Après avoir réalisé qu'il avait tué ses enfants, il a voulu de nouveau se planter un couteau dans le coeur. C'est le grand couteau qu'il voulait, car le plus petit n'était pas assez grand, croyait-il. Mais il n'a pas trouvé le grand couteau, qui était en partie sous le cadavre d'Olivier. Le petit couteau, qui avait servi à tuer les enfants, était dans la salle de bains, bien visible.

Au cours de son témoignage, M. Turcotte a démontré qu'il connaissait à fond la preuve et qu'il avait une excellente mémoire. Il se souvient des dates et de détails précis. «J'ai une excellente mémoire. Je n'ai jamais fait de black-out de ma vie, a-t-il dit, sauf cette soirée-là, et en novembre 2009, quand j'ai fait une autre tentative de suicide en prison.»