Avant même que la Cour d'appel rende sa décision, l'an dernier, Guy Turcotte ne se faisait pas d'illusion. Il était persuadé qu'il aurait un deuxième procès et cela le rendait plus découragé, plus déprimé. Ses craintes se sont réalisées le 13 novembre, et il a sombré dans la dépression, qui s'est accentuée après son incarcération. Il en est même venu à présenter des éléments psychotiques. Mais aujourd'hui, il va beaucoup mieux.

C'est, entre autres, ce qui ressort des témoignages livrés ce matin par la psychiatre Renée Roy et la psychologue Tiziana Costi, dans le cadre de la requête pour remise en liberté présentée par M. Turcotte. Le Dr Roy est le médecin traitant de Guy Turcotte, tandis que Mme Costi est sa psychologue. Rappelons que l'ex-cardiologue a été déclaré non criminellement responsable des meurtres de ses deux enfants, au terme de son procès en 2011, en raison des troubles mentaux qui l'affectaient au moment des crimes. En novembre 2013, la Cour d'appel a cependant cassé ce verdict et ordonné que M. Turcotte subisse un nouveau procès, qui aura lieu en septembre 2015. M. Turcotte aspire à retrouver sa liberté en attendant.

Ce matin, le Dr Roy a raconté qu'elle a vu M. Turcotte pour la première fois le 11 janvier 2013, alors que celui-ci avait retrouvé sa liberté, à la suite d'une décision de la Commission d'examen des troubles mentaux. M.Turcotte ne prenait alors aucun médicament, et il n'avait plus aucun symptôme de maladie psychiatrique. Par la suite, elle le voyait de une à trois fois par mois, pour assurer un suivi, un cheminement thérapeutique. M. Turcotte s'est bien porté jusqu'à l'automne dernier.

Le 13 novembre 2013, M. Turcotte s'est livré à la police, et il a été incarcéré à la prison de St-Jérôme, puis à Riviere-des-Prairies. Son état inquiétait grandement la Dre Roy et elle a fait des démarches pour qu'il soit évalué. M. Turcotte a ensuite été hospitalisé à l'Institut Philippe-Pinel. Il y est resté jusqu'au 6 mai dernier. Pendant son séjour, il prenait des médicaments contre la dépression et même des antipsychotiques, car il lui arrivait de perdre le contact avec la réalité. Il présentait aussi un délire de persécution, il croyait que le psychiatre Pierre Rochette avait de l'influence dans les postes de radio, qu'il faisait de l'interférence. M. Turcotte a fait valoir qu'il serait «mieux mort». On lui a administré des médicaments, parfois même la dose maximale. Les doses ont été réajustées par la suite. Il a souffert de maladie bipolaire avec caractéristiques psychotiques, évalue le Dr Roy. Son état s'est amélioré, au point que le 6 mai dernier, il a été retourné à la prison de Rivière-des-Prairies.

Maintenant, il prend toujours des médicaments, mais il va beaucoup mieux. Il n'a plus de symptômes psychotiques. Sa maladie bipolaire est en rémission, considère le Dr Roy.

Le psychiatre Louis Morrissette a commencé à témoigner en fin d'avant-midi. Il a rencontré M. Turcotte de 25 à 30 fois depuis les événements, en février 2009. On lui demande de se prononcer sur la dangerosité de M. Turcotte. Il évalue que le risque est très faible contre toutes personnes, incluant son ex-conjointe, Isabelle Gaston.

L'audience se poursuit cet après-midi. Isabelle Gaston ni aucun membre de sa famille ne sont présents. Les parents de Guy Turcotte et un de ses frères sont là par contre.

L'exercice, qui doit durer deux jours, se tient dans la salle où Guy Turcotte a été jugé pendant trois mois, en 2011. L'audience est présidée par le juge André Vincent. De nouveaux procureurs de la Couronne ont été affectés au dossier. Il s'agit de Me René Verret, et Me Maria Albanese. Les avocats de la défense sont les mêmes: Me Pierre et Guy Poupart.

Guy Turcotte témoignera à compter de jeudi matin au palais de justice de Saint-Jérôme dans le cadre de son enquête sur remise en liberté provisoire.L'ex-cardiologue devrait expliquer au tribunal qu'il a l'intention d'agir à titre d'aidant naturel pour son oncle et sa tante, si on lui permet de quitter la prison d'ici à la tenue de son deuxième procès pour le meurtre de ses deux enfants, survenu en février 2009.

Rappelons que Guy Turcotte est accusé des meurtres prémédités de ses deux enfants, Olivier, cinq ans, et Anne-Sophie, trois ans. Les petits ont été poignardés à plusieurs reprises par leur père, en février 2009.