Patrick Gaston, frère d'Isabelle et parrain des enfants tués par Turcotte, a suivi toutes les étapes du processus judiciaire avec beaucoup d'émotion.

«Ce sont des collègues qui m'ont appris la nouvelle. L'un d'entre eux est venu me voir dans mon bureau pour me demander si j'avais vu les nouvelles. C'est un gros soulagement. Après tous les coups durs des dernières années, cette nouvelle fait du bien. Il reste encore beaucoup de travail, et le processus sera encore long. Mais ça va dans le bon sens. Le meilleur reste à venir. J'ai le sentiment que le système de justice va se pencher sur une erreur qui a été commise, ça me redonne confiance et espoir. Ça ne ramène pas les enfants. Mais je suis content pour ma soeur après tout le travail qu'elle a accompli.»

«Une bonne nouvelle», dit Pierre-Hugues Boisvenu

Dans les couloirs de l'Assemblée nationale, hier, le ministre de la Justice, Bertrand Saint-Arnaud, a refusé de se prononcer sur le dossier, invoquant son devoir de réserve à titre de procureur général. En entrevue avec La Presse Canadienne, le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu, qui a perdu sa fille Julie aux mains d'un meurtrier en 2002, a accueilli la nouvelle avec satisfaction, tout en disant espérer que cela mènerait à une réforme du système judiciaire pour ce type de cause.

«C'est une bonne nouvelle pour Mme Gaston, qui a fait depuis quelques années des efforts immenses pour montrer la faiblesse de cette décision-là», a-t-il affirmé à l'autre bout du fil depuis le Mexique. La faiblesse du verdict rendu le 5 juillet 2011 réside entre autres dans l'importance que prennent les témoignages des experts mandatés par les deux parties, selon M. Boisvenu. «La procédure judiciaire amène un jury à non pas rendre une décision sur des faits [...], mais sur des opinions professionnelles», a-t-il fait valoir.

«Quand on sait que le doute raisonnable est toujours en faveur du criminel et qu'il y a deux professionnels qui se contredisent dans leurs diagnostics, je pense que ça condamne les jurys à rendre ce genre de décision-là», a déploré le sénateur. Pierre-Hugues Boisvenu espère exposer son point de vue sur cette question au ministre fédéral de la Justice, Peter MacKay.

Ce dernier a déclaré hier en marge d'une téléconférence qu'il souhaitait demeurer «prudent» dans sa réaction à l'annonce de la tenue d'un nouveau procès, mais a suggéré que la population québécoise y serait «très favorable».

Le «cadre législatif»

Son collègue à la Sécurité publique, Steven Blaney, a pour sa part déclaré que la décision de la Cour d'appel du Québec démontrait «que le procureur s'est interrogé sur la décision initiale» et qu'il était important «de 'renchausser' le cadre législatif pour aider les tribunaux à prendre des décisions éclairées dans ces cas-là». - Avec La Presse Canadienne