Pendant deux mois et demi, le jury a entendu une abondante preuve au procès de Guy Turcotte, accusé des meurtres prémédités de ses deux enfants. Voici un condensé des événements, présenté de façon chronologique.

N.B: L'utilisation des prénoms, à l'occasion, a pour seul but d'alléger le texte, et ne doit pas être considérée comme une familiarité déplacée.

La rencontre

1999: Guy Turcotte et Isabelle Gaston, étudiants en médecine à Québec, se rencontrent au cours d'un 5 à 7 et commencent à se fréquenter. Timide et peu sûr de lui dans ses relations interpersonnelles, il est surpris et heureux qu'Isabelle, sociable, populaire et dynamique, s'intéresse à lui.

2001: Le couple rompt, mais se reforme quelques mois plus tard.

2003: Isabelle est enceinte. Le couple s'installe à Prévost, car Guy a obtenu un poste de cardiologue à l'Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme.

27 avril 2003: Isabelle accouche d'Olivier. Sa mère vient l'aider, notamment pour les tâches ménagères, afin qu'elle puisse étudier pour ses examens finaux de médecine. Elle les passera en octobre, et deviendra urgentologue. Elle travaillera au même hôpital que Guy Turcotte.

23 août 2003: Mariage de Guy Turcotte et d'Isabelle Gaston.

8 décembre 2005: Naissance d'Anne-Sophie.

2007: Une crise survient dans le couple. Il est question de séparation. Guy s'effondre dans les bras d'Isabelle : «Je n'y arriverai pas sans toi.» L'union persiste. Isabelle lit et consulte dans le but d'améliorer leur communication et leur rôle parental.

Les hauts et les bas du couple

Vers la fin 2007, Isabelle commence à s'entraîner physiquement dans un gymnase. Martin Huot devient son entraîneur personnel. Celui-ci est en couple avec Patricia Giroux, entraîneuse au même gymnase, propriété de son père. De fil en aiguille, les deux couples deviennent amis et commencent à se fréquenter de façon assidue.

Parallèlement, Isabelle consulte Luc Tanguay, communicateur, qui sera décrit comme «coach de vie» au procès. Finalement, Isabelle incitera Guy à consulter aussi M. Tanguay, afin d'améliorer leur communication dans le couple. Guy y consent et se sent en confiance avec M. Tanguay.

Juillet 2008: Isabelle et Guy vont à Whistler avec les enfants et les parents de Guy. Le couple bat de l'aile, les querelles sont nombreuses. Voyage désastreux, de l'avis de Guy, mais aussi d'Isabelle. Cette dernière pense par ailleurs que son mari est peut-être attiré par les hommes, puisqu'elle sait qu'il consulte occasionnellement de la pornographie masculine sur le web. «J'ai baissé les bras. Je me suis dit que je ne pouvais lutter contre ça», dira Isabelle, au procès.

Octobre 2008: Isabelle et Martin se retrouvent à Québec, en l'absence de leurs conjoints respectifs. Ils deviennent amants.

Décembre 2008: Pour la première fois depuis qu'il est à l'Hôtel-Dieu, Guy est de garde à l'hôpital dans le département de cardiologie toute la semaine de Noël. Isabelle va passer cette semaine à Cuba avec ses enfants et sa mère. Guy dira qu'il était très malheureux de ne pas être avec ses enfants à Noël.

31 décembre 2008: Le couple fête le Jour de l'an dans un bar avec Martin Huot et Patricia Giroux. Guy a l'impression que sa femme s'amuse sans tenir compte de sa présence. «Elle dansait avec tout le monde, mais pas avec moi. Personne n'aurait pu dire qu'on était un couple.»

La crise

14 janvier 2009: Patricia informe Guy que leurs conjoints respectifs ont une liaison. Elle a trouvé une lettre et des courriels le démontrant. Guy peine à y croire. Patricia se rend à l'hôpital le lendemain et lui montre ses trouvailles. Guy décide de ne rien dire, pour ne pas mettre en péril le voyage au Mexique qu'il s'apprête à faire avec Isabelle et leurs deux enfants.

Samedi 17 janvier 2009: Départ pour le Mexique de la petite famille. En route pour l'aéroport, la chanson Les hirondelles des Cowboys Fringants joue dans la voiture. Guy pleure silencieusement. «Isabelle a tendu la main pour me caresser le cou», dira-t-il.

Dimanche 18 janvier 2009: Le lendemain de leur arrivée au Mexique, Isabelle constate que Patricia se livre à une campagne de salissage à son endroit sur Facebook. Elle apprend que sa liaison est éventée et que Guy sait tout. Isabelle affronte son mari: «Tu le savais et tu n'as rien dit». Ils passent le reste de la semaine au Mexique dans une ambiance plutôt froide. Ils discutent un peu de la séparation.

Samedi 24 janvier 2009: Retour de la famille au Québec. Guy commence dès son arrivée à chercher une maison sur internet.

Dimanche 25 janvier: Guy se présente à l'agence de location dès l'ouverture. Il trouve une maison meublée à Prévost, qu'il loue pour trois mois.

Lundi 26 janvier: Guy déménage à Prévost avec seulement ses effets personnels. De façon ponctuelle, il retournera au domicile familial chercher des affaires dans les semaines suivantes.

Mardi 27 janvier: Olivier veut parler à son père. «Je m'ennuie de toi papa.» Guy promet d'aller le chercher le lendemain pour l'amener coucher dans sa nouvelle maison.

Mercredi 28 janvier: Guy achète des couvre-lits et des affiches pour égayer les chambres des enfants. Il choisit le thème Dora l'exploratrice pour Anne-Sophie et quelque chose de masculin pour Olivier.

En fin d'après-midi, il part chercher Olivier à Prévost, et constate que les enfants se font garder. Sur ces entrefaites, Isabelle téléphone et demande à Guy s'il peut garder les enfants jusqu'à son arrivée, car elle a des courses à faire. Guy accepte. Mais au bout d'une heure ou deux, il trouve que c'est long. Furieux, il part avec les deux enfants. Isabelle revient à la maison et l'appelle: «Tu savais que je voulais passer la soirée seulement avec Olivier. Tu as gâché ma soirée, tu es méchante.» Il ramène Anne-Sophie à Prévost.

Le 31 janvier 2009: Guy va chez ses parents à Saint-Hubert, avec les enfants.

Vendredi 6 février: Guy part à Mont-Tremblant pour un congrès de trois jours. Il noie son chagrin dans l'alcool le vendredi soir.

Dimanche 8 février: De retour chez lui, Guy pleure assis dans la neige, dira-t-il au procès. Il parle à son fils Olivier, au téléphone. Ce dernier lui apprend que sa soeur et lui sont allés au Carnaval de Québec avec Isabelle et Martin. Guy est atterré, et considère que Martin prend de plus en plus de place. «Un coup de masse en plein front aurait fait moins mal», dira Guy, au procès.

Lundi 9 février: Guy apprend par un voisin que Martin est entré dans la maison dès son départ (le 26 janvier), et qu'il couche là presque tout le temps. «Ça me fait capoter, il a déjà pris ma place, il couche dans mon lit...», dira Guy Turcotte au procès.

Le même jour, Guy appelle un agent d'immeubles de sa connaissance (Martin Nolet) pour acheter une nouvelle maison.

Mardi 10 février: Guy a les enfants avec lui. Il passe par son ancienne maison pour chercher un chandail, et tombe face à face avec Martin Huot, qui boit un café dans la cuisine. «T'es un écoeurant. Tu m'as volé ma femme, tu m'as trahi. T'es un c*** d'hypocrite. Tu venais chez nous, tu me faisais des gros hugs...», s'écrie Guy Turcotte, avant de donner un coup de poing au visage de Martin. Ce dernier pare les autres coups, mais ne réplique pas. «Je me suis dit qu'il avait des frustrations à sortir», témoignera Martin Huot.

Mercredi 11 février: Guy visite des maisons depuis la veille. Il fait une offre d'achat pour l'une d'elles. Elle est située à Prévost, pas très loin du domicile familial qu'Isabelle désire conserver.

Vendredi 13 février: Guy signe une contre-proposition pour la nouvelle maison. Ses parents viennent coucher à Piedmont, car il est de garde et peut être appelé à se rendre n'importe quand à l'hôpital.

Samedi 14 février: Guy va chercher des affaires dans son ancienne maison de Prévost.

Dimanche 15 février: Guy apprend que sa contre-proposition pour sa nouvelle maison de Prévost est acceptée.

Mardi 17 février: Patricia Giroux a intercepté de nouveaux courriels entre son ex, Martin Huot, et Isabelle Gaston. Elle les transmet à Guy Turcotte. Guy va voir son coach de vie, Luc Tanguay. Ils parlent de la séparation. Guy prend des conseils en vue de la séance de médiation, qui doit avoir lieu le 3 mars.

Mercredi 18 février: Guy a les enfants. Il transfère les courriels dans la section «pourriel» de son compte de messagerie, «sans les lire», dira-t-il au procès.

Jeudi 19 février: Isabelle a les enfants. Guy achète des médicaments pour eux, afin d'en avoir toujours sous la main, dans sa nouvelle maison. Olivier fait de l'asthme, et Anne-Sophie de l'eczéma. Le soir, Isabelle et Guy se disputent au téléphone. Guy rappelle plusieurs fois, Isabelle lui raccroche au nez.



Le jour fatidique

Vendredi 20 février 2009 : Guy Turcotte se lève vers 5 h. Il va s'entraîner au gymnase, et achète un gros bocal de protéines, qui lui coûte environ 80 $. Il passe par son ancien domicile, et constate que la voiture de Martin Huot est là, alors que celle d'Isabelle n'y est pas. Il croit que son rival garde les enfants, en l'absence d'Isabelle, qui a peut-être été appelée à se rendre à l'hôpital. Il entre sans sonner, et tombe face à face avec Isabelle. «Qu'est-ce qu'il fait là encore, lui!», s'écrit Guy.

«Pas devant les enfants!», rétorque Isabelle. Selon Guy, celle-ci a aussi menacé d'aller travailler en région, et de faire changer le nom des enfants. Ce que nie absolument Isabelle Gaston.

Quoi qu'il en soit, ce matin-là, Guy tourne les talons et repart.

Olivier s'en va à l'école. C'est la dernière fois qu'Isabelle voit son fils vivant. «Je revois sa petite main qui m'envoie la main», dira avec émotion Isabelle, au procès.

Guy arrive au travail à l'hôpital vers 8 h.

Dans la matinée, à 10 h 13, il écrit un courriel à Isabelle. Il en écrit un autre à 13 h 24. Ils communiquent beaucoup par courriels, dont plusieurs ont été déposés en preuve.

Vers midi, Isabelle amène sa fille à la garderie. Elle lui donne beaucoup de bisous. Elle ignore que c'est la dernière fois qu'elle voit la petite vivante. Isabelle retourne à la maison et se prépare, car elle part pour un long week-end au Massif, dans Charlevoix, avec de bonnes copines, une rencontre planifiée depuis longtemps. Guy aura les enfants pour la fin de semaine.

Dans l'après-midi, vers 15 h 45, Guy passe chercher Anne-Sophie à la garderie, et Olivier, à l'école. Isabelle et Guy se parlent dans l'après-midi. Guy l'avise qu'il passera à la maison en son absence pour aller chercher les raquettes des enfants, car il planifie d'en faire avec eux en fin de semaine. Isabelle se voit contrainte de le prévenir qu'elle a fait changer les serrures de la maison dans la journée. Guy explose: «Tu n'avais pas le droit, c'est ma maison. Tu veux la guerre, tu vas l'avoir.»

Isabelle est en route pour le Massif, mais elle n'est pas très loin de Prévost. Elle songe à rebrousser chemin et offre d'aller chercher les raquettes pour les lui porter. «Non, toi, c'est mieux que je ne te vois pas», répond Guy. Selon ce dernier, cet appel survient vers 16 h, alors que, d'après Isabelle, il était aux alentours de 17 h. Il y a donc contradiction.

Une chose est sûre cependant, c'est que de 16 h 00 à 16 h 21, Guy est au club vidéo Vidéo Zone, à Prévost avec les enfants. Les petits choisissent des films de Caillou, et de Winnie, tandis que Guy choisit aussi un film. Il achète le coffret Les Cités d'or, une bande dessinée qu'il a aimée dans sa jeunesse, ainsi que des croustilles pour les enfants. Trois caméras au club vidéo les filment, le tout a été déposé en preuve.

Arrivé à la maison, Guy Turcotte ne veut pas que les enfants mangent des croustilles avant souper et il leur donne des carottes pour les faire patienter. Il prépare des spaghettis pendant que les enfants commencent à écouter Caillou. Ils mangent puis retournent écouter le film. Guy Turcotte est malheureux. Selon son témoignage, il est assis sur le divan avec ses enfants et pleure. Olivier lui fait une caresse et lui dit : «Je t'aime, moi, papa.» Anne-Sophie fait la même chose.

De 17 h 17 à 19 h 04, Isabelle Gaston appelle Guy Turcotte à six reprises à Piedmont (17 h 17, 17 h 33, 17 h 34, 17 h 56, 17 h 59 et 19 h 04.) À chaque fois, aussitôt qu'elle se met à parler, Guy lui raccroche au nez. Isabelle se demande ce qui se passe. Elle craint une guerre financière et annule ses cartes de crédit, dont l'une avec une limite de 30 000 $, de peur que Guy la remplisse pour se venger. «Je me trouve imbécile de ne pas avoir pensé qu'il pourrait faire du mal aux enfants», dira-t-elle au procès.

18 h 27 : Guy allume l'ordinateur. Au procès, il dira que c'est parce qu'il venait de coucher les enfants et craignait que le bruit de la télé les empêche de dormir. Les enfants auraient donc été mis au lit extrêmement tôt ce soir-là. Les chambres sont à l'étage, alors que la télé est dans le salon, au rez-de-chaussée.

De 18 h 27 à 18 h 31, Guy affiche des courriels que se sont échangés Isabelle Gaston et Martin Huot. «Ils s'aimaient, ça paraissait. Moi, je n'avais jamais connu un amour comme ça», dira Guy au procès.

De 18 h 31 à 18 h 55, on ignore ce que Guy fait, mais il n'y a aucune activité sur l'ordinateur.

De 18 h 55 à 19 h 43, Guy fait des recherches sur les moyens de se suicider sans douleur, ainsi que sur l'éthylène glycol.

De 19 h 43 à 20 h 09, il affiche frénétiquement les messages que se sont échangés Isabelle et Martin Huot. Ceux-ci avaient été écrits entre le 20 et le 27 janvier, soit pendant le voyage au Mexique, et tout de suite après le retour.

Vers 20 h 15, Marguerite Fournier appelle son fils Guy. Ce dernier décroche, mais raccroche aussitôt. Mme Fournier pense qu'elle a appelé à un mauvais moment et laisse tomber.

20 h 27 : Guy laisse un message sur le répondeur de son agent d'immeubles, pour dire qu'il ne sera pas présent pour l'inspection de la nouvelle maison, qui doit avoir lieu le lendemain, à midi.

Guy appelle aussi Johanne Leclerc, qui doit garder les enfants pendant cette inspection. «Mes plans ont changé, je n'aurai plus besoin de vos services. Merci beaucoup», dit brièvement Guy, avant de raccrocher.

Peu après, Guy rappelle sa mère. «Tu m'as appelé, maman», dit-il avant de s'excuser pour «Whistler». Il parle des vraies raisons de sa séparation. «Isabelle a un chum. Tu te rends compte, maman ? Ça se passe dans mon lit, dans ma maison. Ça fait des semaines que ça dure. Fernand (un voisin) me l'a dit...» Guy nomme chacun des membres de sa famille et dit qu'il les aime. Mme Fournier tente de le réconforter, lui dit qu'il doit tourner le dos au passé, et regarder en avant. À un certain moment, elle bâille. Guy met fin à la conversation. Il est 21 h 40, Mme Fournier est affirmative, car elle a regardé sa montre à cet instant précis.

Après, Guy Turcotte n'aura plus de contact avec l'extérieur pendant les 13 prochaines heures.

De son côté, Marguerite Fournier est inquiète des propos et du ton de la voix de son fils. Elle craint qu'il s'enlève la vie. Mais elle est seule, sans voiture dans sa maison de Saint-Hubert. Quand son mari, Réal Turcotte, arrive, vers 23 h 30, elle tente de le convaincre d'aller à Piedmont pour voir Guy. Mais l'époux trouve qu'il est tard et pense que leur fils a bu. Ils verront le lendemain, dit-il.

Archives La Presse

Guy Turcotte et ses deux enfants sur une photo déposée en preuve par la mère de Guy Turcotte.

Terrible découverte

Samedi 21 février 2009 :

Vers 8 h 30, ce matin-là, Mme Fournier appelle chez son fils. Il n'y a pas de réponse. Elle presse son mari et ils partent pour Piedmont. Ils sont devant la maison vers 10 h 45. La voiture de leur fils est là, mais il ne répond pas à la porte. Ils appellent le 9-1-1. Les policiers arrivent, pénètrent dans la maison par effraction. Il n'y a rien de particulier au rez-de-chaussée, mais à l'étage, ils découvrent le carnage. Les enfants sont morts dans leur lit respectif, tandis que Guy Turcotte se cache sous le sien, dans la chambre des maîtres. Il est intoxiqué au lave-glace.

Soigné par ses collègues

Guy Turcotte est transporté en ambulance à l'Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme, où il travaille. Ses collègues n'arrivent pas à croire que le patient, annoncé comme étant un homme qui a tué ses enfants, est le Dr Turcotte, leur collègue.

Guy Turcotte ne veut pas dire ce qu'il a vraiment consommé et fait croire qu'il s'est intoxiqué au Tylenol. Il pleure, crie, veut signer un refus de traitement, veut connaître les résultats de ses tests. Il veut mourir, dit qu'il a tué ses enfants. «J'ai tout fait pour mes enfants. J'aurais jamais dû tuer mes enfants. Laissez-moi mourir, je suis un criminel.» Il dit qu'il aime Isabelle comme un fou, mais à un autre moment, il dit que c'est une «bitch», qu'elle est trop méchante. Vers 14 h 30, il accepte finalement de dire ce qu'il a pris, en échange de ses résultats de tests, comme le ph de son sang. «J'ai pris deux litres de lave-glace, vers 20 h, hier», a-t-il dit.

Aux environs de 15 h, Guy Turcotte reçoit un traitement à l'alcool pour combattre l'intoxication au méthanol. Il devient comme ivre, parle et crie plus fort, parle d'un infirmier, Claude, qui l'avait aidé à monter la clinique d'insuffisance cardiaque. Il l'aime, mais le déteste en même temps, car il est très populaire auprès des infirmières.

Vers 19 h, Guy Turcotte est transporté à l'hôpital du Sacré-Coeur à Montréal, car les employés de Saint-Jérôme considèrent qu'ils sont en conflit d'intérêts.

Isabelle Gaston est mise au courant de la terrible tragédie, dans la soirée, alors qu'elle est à Charlevoix.

Après le drame

Dans les jours suivants, Guy Turcotte est transféré au pavillon Albert-Prévost (département psychiatrie), puis à l'Institut Phillippe-Pinel, où il arrive le jeudi 26 février. En tant que psychiatre traitant, Dr Jacques Talbot avise Guy Turcotte qu'il ne doit pas lui parler des événements comme tels, car il pourrait être appelé à témoigner.

Le 28 février, Guy Turcotte appelle son coach de vie Luc Tanguay. Ce dernier accepte de venir le voir à Pinel.

Dimanche 1er mars 2009, huit jours après le drame, Guy appelle à l'Hôtel-Dieu et laisse un long message sur le répondeur de son département. Il s'excuse d'abord pour ce qu'il fait vivre à ses collègues, puis envoie des remerciements à plusieurs collègues, le sourire de l'une, l'écoute de l'autre... Il réclame le remboursement de frais de congrès ainsi qu'un chèque de 300 $ qu'il a égaré. « Je vais avoir bien des avocats à payer », dit-il. Il avise que quelqu'un passera prendre ses effets personnels, dont ses souliers.

Ce même jour, les enfants sont exposés au complexe funéraire des Trembles à Pointe-aux-Trembles.

Lundi 2 mars : L'abbé Raymond Gravel, ex-député du Bloc québécois, célèbre les funérailles des enfants. Auparavant, il a appelé à l'Institut Philippe-Pinel pour parler à Guy Turcotte, mais le psychiatre Talbot a refusé de faire suivre l'appel, jugeant que c'était trop tôt. Quand Guy Turcotte l'apprendra, il sera furieux contre le Dr Talbot.

Samedi 7 mars : Luc Tanguay va rencontrer Guy Turcotte à Pinel. Ce dernier pleure et est pétri de remords. Il raconte les souvenirs qu'il garde de cette soirée fatidique, notamment comment il s'y est pris pour tuer ses enfants. M. Tanguay a témoigné au procès, au sujet de cette rencontre qui l'a beaucoup marqué.

Parallèlement, Guy demande à ses parents de récupérer ses affaires dans sa maison de Prévost, ainsi que des cadeaux qu'il a offerts à Isabelle. Il fait aussi changer son testament et sa police d'assurance-vie, en faisant inscrire le nom de ses parents, en lieu et place de celui d'Isabelle.

En avril 2009, Guy Turcotte appelle Carole Lachance, éducatrice qui a gardé, pendant des années, Olivier et Anne-Sophie à la garderie. Il veut s'excuser pour la peine causée et raconte comment les choses se sont passé le soir du drame. «On avait loué des films, j'étais assis dans le salon, Olivier est venu dire «Je t'aime papa...» J'aurais dû aller me coucher avec eux». Mme Lachance regrette de ne pas avoir vu Guy le jour fatidique, car cela aurait peut-être changé le cours des choses. «Tu n'aurais pas pu savoir, tu n'aurais pas pu deviner», a répondu Guy Turcotte.

Fin avril 2009: Patrick Gaston, le frère d'Isabelle, reçoit un appel de Guy Turcotte. Ce dernier veut s'excuser auprès de lui et de la mère de son ex-femme pour ce qu'il a fait.

«Tu as mis Isabelle dans la marde. Tu devrais tout lui donner», dit Patrick, ce à quoi Guy aurait répondu: «J'ai besoin de mon argent, j'ai quatre avocats qui travaillent pour moi.» De fait, Guy Turcotte avait un avocat pour sa cause criminelle, un pour son divorce, un pour récupérer ses affaires dans la maison de Piedmont, et un pour sa démission au Collège des médecins.

Le 17 mai 2009: Isabelle Gaston pense qu'elle ne passera pas au travers et songe même au suicide. Elle appelle Guy Turcotte à Pinel, et à sa grande surprise, elle l'a facilement au bout du fil. Elle lui dit qu'elle aimait les enfants plus qu'elle-même. Il lui répond que, lui aussi, il les aimait. Elle propose de lui envoyer des photos des enfants complètes. Auparavant, elle lui avait envoyé des photos de lui, mais amputées des visages des enfants. Ils discutent. Selon Isabelle, Guy lui a dit qu'elle avait du front de l'appeler, et lui a confié qu'il n'avait pas eu le courage de se tuer et n'avait pas voulu qu'elle obtienne le fruit du testament.

Novembre 2009: Guy Turcotte est maintenant à la prison de Rivière-des-Prairies, en attente de son procès. Il fait une tentative de suicide en avalant 65 comprimés de calmants, qu'il a accumulés. Il est envoyé pour un bref séjour à Pinel, mais revient à RDP.

Photo Robert Skinner, Archives La Presse

C'est dans cette maison de Prévost que Guy Turcotte louait depuis peu de temps que le drame familial est survenu.