Le procès du cardiologue Guy Turcotte est particulièrement éprouvant. Certains détails difficiles à supporter sont dévoilés jour après jour par notre journaliste. Nous préférons vous en avertir. * * *

(Saint-Jérôme) Quel était l'état mental de Guy Turcotte quand il a poignardé à mort ses deux enfants, le 20 février 2009?

C'est à cette question que doit répondre la Dre Dominique Bourget, psychiatre rattachée au Centre de santé mentale Royal d'Ottawa et témoin de la défense, au procès de M. Turcotte, aujourd'hui.

Guy Turcotte, 39 ans et cardiologue de profession, est accusé des meurtres prémédités d'Olivier, 5 ans, et Anne-Sophie, 3 ans. De l'avis de la défense, l'état mental de l'accusé au moment des crimes qui lui sont reprochés constitue le coeur du procès. À la sixième semaine du procès, nous y voilà.

Pendant la première heure, hier, Mme Bourget a été questionnée sur son curriculum vitae. La Couronne, pour sa part, n'a posé aucune question au témoin. À la fin de l'exercice, la Dre Bourget a été déclarée témoin experte en psychiatrie légale.

La Dre Bourget a ensuite expliqué brièvement le mandat que lui a confié l'avocat Pierre Poupart en 2009. «Il m'a demandé une expertise psychiatrique de M. Turcotte. Je devais le rencontrer, l'évaluer et faire mon opinion la plus objective sur son état mental au moment des événements», a signalé la Dre Bourget. La psychiatre a indiqué qu'elle avait rencontré M. Turcotte à deux reprises au Centre de détention Rivière-des-Prairies, soit le 14 janvier et le 19 mars 2010. Elle a aussi pris connaissance de la preuve recueillie dans le cadre de l'enquête policière, du dossier médical de M. Turcotte, et a lu les notes de l'enquête préliminaire, qui s'est tenue en février et mars 2010.

Mme Bourget a produit un rapport résumant ses observations et ses conclusions. Ce document est assorti d'un glossaire visant à aider le jury à comprendre les termes utilisés dans le rapport. Hier, à l'invitation de Me Poupart, Mme Bourget a lu chacun des termes du glossaire: amnésie rétrograde, amnésie antérograde, intoxication, isolation de l'affect, omnibulation, pensée circonstancielle, autocritique, confusion, raptus suicidaire...

Ces termes peuvent aiguiller le jury sur le sens du rapport, mais c'est véritablement ce matin qu'on entrera dans le vif du sujet.

Un peu plus tôt, hier, la procureure de la Couronne Claudia Carbonneau a fini de contre-interroger un autre témoin expert de la défense, le pharmacologue Louis Léonard. Ce dernier témoignait des effets du méthanol sur l'organisme humain. M. Léonard a reconnu qu'il avait fait ses calculs avec la prémisse que Guy Turcotte avait consommé une grande quantité de lave-glace entre 20 h et 20h30, le soir du 20 février 2009. Mais personne ne peut dire si c'est le véritable scénario qui s'est produit. Guy Turcotte dit ne pas se souvenir du moment, ni de la quantité de lave-glace qu'il a consommée.

La défense a appelé à la barre un autre témoin dans la journée d'hier: il s'agit d'Isabelle Desjardins, pharmacienne qui a vendu des médicaments à Guy Turcotte vers 18 h, le 19 février 2009, soit la veille du drame. Il s'agissait de médicaments destinés aux enfants, notamment une crème antiinflammatoire pour les infections cutanées, ainsi qu'une pompe pour le petit Olivier, qui faisait de l'asthme. Cela tend à démontrer que M. Turcotte ne préméditait pas le meurtre ses enfants, du moins à ce moment-là.