Le variant BA.5 s’est rapidement imposé comme le sous-variant d’Omicron le plus répandu au Québec. Des études commencent à expliquer pourquoi.

Spicule

La différence principale réside dans une série de mutations du spicule, la portion du SARS-CoV-2, le coronavirus responsable de la COVID-19, qui lui permet de pénétrer dans les cellules humaines. « Ça rend le BA.4/5 moins reconnaissable par les anticorps générés par la vaccination », explique Andrés Finzi, immunologue à l’Université de Montréal. « En plus, il a une plus grande affinité avec les récepteurs de la cellule humaine. » Les résultats de M. Finzi, obtenus auprès de travailleurs de la santé, montrent que la reconnaissance du « BA. 4/5 », ainsi nommé parce que les deux sous-variants BA. 4 et BA. 5 sont très similaires, baisse très rapidement quatre semaines après la troisième dose de vaccin. « Et ce sont chez des gens dont les deux premières doses ont été espacées de 16 semaines, ce qui donne une meilleure protection. » Une autre étude, publiée par des chercheurs de l’Université Columbia dans Nature début juillet, montre que par rapport au variant Delta, la protection conférée par trois doses est quatre fois moins bonne avec le BA. 4/5, et deux fois moins bonne avec le variant Omicron original. « Mais c’est par rapport au risque d’infection, précise M. Finzi. La protection contre les maladies graves semble se maintenir. »

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L’immunologue Andrés Finzi, professeur de l’Université de Montréal

Immunité innée

Autre différence, le sous-variant BA. 5 est plus résistant à l’« immunité innée », une réponse immunitaire automatique contre tous les microbes. « Nous avons vu une évolution du SARS-CoV-2 dans sa résistance à l’immunité innée dès le variant Alpha », explique Nevan Krogan, virologue à l’Université de Californie à San Francisco, qui est l’auteur principal d’une étude sur le sujet parue en décembre dans Nature. « Nous sommes en train de travailler sur l’augmentation de cette résistance avec l’Omicron, nous allons publier sur le BA. 5 plus tard cet été. »

Anticorps monoclonaux

La même capacité accrue de résistance aux différents types d’immunité du BA. 5 lui permet d’échapper aux anticorps monoclonaux, un traitement contre la COVID-19. « Avec l’Omicron, on a vu que plusieurs anticorps monoclonaux fonctionnaient moins bien, et ça se poursuit avec le BA. 4/5 », dit M. Finzi.

Vaccins

Faut-il attendre un vaccin spécifique au sous-variant BA. 5, comme l’a demandé en juin la FDA aux sociétés pharmaceutiques préparant un nouveau vaccin contre l’Omicron ? « Je ne sais pas. Il faudra évaluer les coûts et bénéfices d’attendre la fin des tests du vaccin contre le BA. 4/5, par rapport aux tests contre l’Omicron, qui sont lancés depuis plus longtemps, dit M. Finzi. Mais c’est sûr qu’on attend un nouveau vaccin. »

Plus des deux tiers des cas

Le variant BA. 5 représente maintenant 70 % des nouveaux cas de COVID-19, selon les données de l’Institut national de santé publique du Québec. Les données les plus récentes datent toutefois du 10 juillet, soit il y a trois semaines. Tout indique que BA. 5 a continué à gagner du terrain. En effet, aux États-Unis, où la progression des variants s’est récemment révélée similaire à celle au nord de la frontière, le nouveau venu représente maintenant pas moins de 82 % des nouveaux cas. Ainsi, si la septième vague a d’abord été propulsée par l’arrivée du sous-variant BA. 2.12.1, c’est en fait l’arrivée de BA. 5 qui a fait rapidement augmenter le nombre de cas.