Même si la tendance des décès demeure pour l’instant en hausse, le Québec semble maintenant avoir franchi le sommet des nouveaux cas de COVID-19 en cette septième vague. Le moment est donc parfait pour se préparer adéquatement à ce qui pourrait arriver à l’automne, soutiennent des experts.

« Quand on parle de gestion d’endémie, c’est de ne plus agir comme si c’était en urgence. Il faut donc maintenant trouver des moyens sur du long terme pour contrer cette maladie », affirme l’épidémiologiste Nimâ Machouf, en entrevue téléphonique.

Elle préconise par exemple de « s’occuper enfin de la qualité de l’air » dans les écoles afin de prévenir une potentielle nouvelle hausse de contaminations à la rentrée. « La purification de l’air, pour moi, ça sera le grand legs de la COVID-19, comme a été la purification de l’eau et des égouts pour le choléra, par exemple. Il faut s’attarder à ça au Québec, on est en retard », insiste l’experte.

« Des mesures comme garder le masque dans les transports en commun ou dans les endroits clos au besoin, ça peut aussi être rentré dans ce long terme. C’est une mesure durable qu’on peut facilement tenir », ajoute Mme Machouf. À ses yeux, toutefois, les mesures permanentes « ne sont pas viables ». « On ne peut pas éternellement confiner encore et encore les gens ou des secteurs de l’économie », évoque-t-elle.

En attendant de trouver des vaccins adaptés, la meilleure solution, selon moi, est d’avoir ces quelques mesures en place pour réduire au moins la transmission, sachant que, de toute façon, on est pognés à vivre avec.

Nimâ Machouf, épidémiologiste

Au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), le virologue Benoit Barbeau abonde en ce sens. « Cette vague a peut-être été contrôlée sans mesures agressives, mais il faut se rappeler qu’elle est survenue en plein été. En bon québécois, il ne faut pas trop se péter les bretelles, à mon avis, et garder en tête que c’est un sérieux avertissement par rapport à ce qui peut nous attendre », dit-il.

« On a eu moins de décès, mais le réseau de la santé a quand même été très affecté. Ça nous rappelle qu’on est toujours un peu à la merci de la COVID-19. Il ne faudra pas avoir peur de prendre des mesures au besoin cet automne », ajoute M. Barbeau, en évoquant de possibles « complications » étant donné les activités intérieures qui seront beaucoup plus nombreuses dans quelques mois.

Le DMatthew Oughton, spécialiste des maladies infectieuses à l’Hôpital général juif de Montréal, est aussi de cet avis. « Ça nous donne un peu une idée de ce à quoi pourrait ressembler une vague d’automne, avec les variants actuels. Il faut faire encore très attention, même si cette septième vague semble effectivement atteindre un plateau », dit-il.

« On sait aussi que l’atteinte d’un pic ne signifie pas que la vague est terminée pour autant. Et les chiffres peuvent toujours nous surprendre. Je continuerais donc d’être excessivement prudent », insiste M. Oughton.

Décès en hausse, cas et hospitalisations en recul

Si les cas de COVID-19 semblent en recul au Québec, les décès, eux, demeurent toutefois encore en hausse. Les quatre nouveaux décès rapportés lundi portent la moyenne quotidienne calculée sur sept jours à 16. La tendance est ainsi en augmentation de 22 % sur une semaine.

Les données sur les hospitalisations montrent quant à elles une certaine stabilisation. En date de samedi, le Québec rapportait 2086 personnes hospitalisées, soit 2 de moins que la veille. La tendance est ainsi en hausse de 11 % sur une semaine, mais montre de clairs signes de ralentissement. Du nombre, 59 patients se trouvaient toutefois aux soins intensifs, soit 5 de plus que vendredi.

Cela dit, le nombre de personnes hospitalisées risque de continuer d’augmenter au cours des prochains jours, le nombre d’admissions surpassant les sorties. On recense en moyenne 30 patients de plus chaque jour.

Quant à eux, les 1224 nouveaux cas rapportés lundi au Québec portent la moyenne quotidienne à 1825. La tendance est ainsi en baisse de 5 % sur une semaine. C’est la première diminution des cas enregistrée en près de deux mois, signe que le sommet de la septième vague pourrait bien avoir été franchi.

En savoir plus
  • 11 000
    Le Québec administre en moyenne 11 000 doses par jour. Il s’agit principalement de personnes de 55 ans et plus venant chercher leur quatrième dose. À ce jour, 83,6 % des Québécois ont reçu deux doses, mais seulement 52,9 % en ont eu trois et 16,5 % en ont reçu quatre.
    source : ministère de la santé et des services sociaux