Plus d’un an après le début de la campagne de vaccination contre la COVID-19 au Québec, des questions continuent de tarauder nos lecteurs. La Presse répond aux plus souvent posées.

Après combien de temps suivant l’injection les vaccins perdent-ils leur efficacité contre les hospitalisations et les décès ?

Les premières études montraient une grande efficacité, allant jusqu’à plusieurs années. « Selon les données les plus récentes, l’efficacité contre les complications semble plutôt persister environ six mois chez les personnes en bonne santé », indique la Dre Maryse Guay, professeure de la faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke. Pour certaines populations, comme les personnes âgées et les personnes immunodéprimées, les niveaux de protection peuvent diminuer plus rapidement. La durée peut également varier selon les variants.

Pourquoi l’immunité vaccinale dure-t-elle si peu longtemps en comparaison d’autres vaccins ?

« C’est dû au virus lui-même, explique Alain Lamarre, professeur et chercheur spécialisé en immunologie et en virologie à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). Le virus mute fréquemment et il arrive à contourner l’immunité, ce qui n’est pas le cas de beaucoup d’autres virus. »

Pour infecter une personne, le virus doit s’attacher aux récepteurs des cellules humaines, afin d’y injecter son matériel génétique. Les vaccins actuels permettent de développer des anticorps qui reconnaissent la protéine de surface du virus, ce qui l’empêche de se fixer aux cellules. « Puisque la protéine de surface se modifie selon les différents variants, le virus peut échapper à la réponse immunitaire », explique M. Lamarre.

À noter : tous les virus mutent, mais certains le font beaucoup plus lentement. « C’est le cas par exemple de la rougeole, qui est assez stable dans le temps. La réponse immunitaire est de longue durée et il n’y a pas beaucoup de variants qui se développent », dit-il. La stabilité du virus permet donc au vaccin contre la rougeole d’être efficace toute la vie chez la plupart des personnes complètement vaccinées avec deux doses.

Y a-t-il une limite au nombre de doses que l’on peut recevoir avant que ça devienne néfaste pour le corps ?

Non, répondent les experts consultés par La Presse. « Il n’y a pas de contre-indications à recevoir plusieurs fois le même vaccin sur une certaine période », dit M. Lamarre. « L’ARN messager contenu dans les vaccins est aboli très rapidement par notre système. Il n’y a pas d’accumulation qui se fait », renchérit la Dre Guay.

« Ce qui pourrait arriver, potentiellement, c’est que la vaccination soit moins efficace, parce qu’on crée une sorte de tolérance, mais c’est théorique », dit M. Lamarre. Pour le moment, c’est loin d’être le cas, observe-t-il. « Même après une quatrième dose, le système immunitaire réagit encore et développe une nouvelle fois des anticorps », dit-il.

Combien de temps après avoir été infecté par le virus doit-on aller chercher une nouvelle dose de vaccin ?

« C’est clair que tout de suite après l’infection, ça ne sert à rien d’être vacciné, puisqu’on a déjà une très bonne immunité », dit la Dre Guay. L’idéal serait d’attendre au moins trois mois, dit-elle. « Un peu plus longtemps, c’est peut-être encore mieux. »

Selon les données recensées par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) des États-Unis, les personnes qui ont déjà été infectées par le SRAS-CoV-2 présentent un faible risque d’infection ultérieure pendant au moins six mois. « On attend toujours les résultats des prochaines études, mais c’est clair que se faire vacciner en bas de trois mois, c’est peine perdue », résume la médecin.

Maintenant que la quatrième dose est disponible à toutes les personnes de 18 ans et plus, doit-on s’empresser d’aller la chercher ?

« L’utilité de la quatrième dose est peu documentée actuellement pour les gens en bas de 60 ans », soutient M. Lamarre. Pour le moment, il n’y a toujours pas de recommandation du Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ) pour une 4e dose chez les 18 à 60 ans en bonne santé. « Pour ceux qui ont reçu leur troisième dose il y a moins de six mois, ils sont assez bien protégés contre la maladie sévère. Il n’y a pas d’urgence à aller en chercher une quatrième », dit-il. Il recommande d’attendre plutôt vers la fin de l’été pour l’obtenir. « Les chances sont bonnes qu’il y ait une septième vague à l’automne, donc ça pourrait être un bon moment », dit-il.

Faudra-t-il se faire vacciner tous les six mois, tout le temps ?

Pour le moment, les spécialistes ne savent pas encore combien de rappels seront nécessaires ni à quelle fréquence ils devront être administrés. Chose certaine, « il n’est pas souhaitable ou durable pour notre système de santé de vacciner l’entièreté de la population tous les mois », soutient la Dre Guay. Des études supplémentaires seront requises avant d’en venir à une conclusion. « Peut-être qu’on va aller vers une vaccination annuelle, mais il faudra plus de recul pour le déterminer », conclut-elle.