La nouvelle hausse du nombre de cas de COVID-19 qui s’observe depuis les derniers jours semble pour l’instant toucher davantage l’est et le nord du Québec, des régions qui ont été moins frappées par les vagues de contamination précédentes.

C’est actuellement en Gaspésie que la COVID-19 fait le plus grand retour en force. La région affiche un taux de 74 nouvelles infections quotidiennes pour 100 000 habitants. La Côte-Nord est aussi affectée, avec un taux de 51. Le Nord-du-Québec, lui, est à 47. À l’inverse, Montréal et Laval sont parmi les moins touchés, avec respectivement 9 et 8 nouveaux cas pour 100 000 habitants.

À l’échelle du Québec, les cas sont particulièrement en hausse chez les aînés. On recense actuellement un peu plus de 200 nouveaux cas par jour chez les 70 ans et plus, soit un quart de plus que la semaine dernière. Si ce groupe est le plus vulnérable, il reste que plus de 90 % des 70 ans et plus ont reçu leurs trois doses de vaccin.

Les autorités québécoises ont signalé mardi 1383 nouveaux cas de COVID-19, ce qui porte la moyenne quotidienne sur sept jours à 1231. La tendance est ainsi en hausse de 15 % sur une semaine, signe d’une récente accélération. Ces chiffres sont toutefois moins représentatifs en raison des limites imposées au dépistage.

Pour l’épidémiologiste Nimâ Machouf, il n’est pas surprenant de voir que l’est et le nord du Québec sont actuellement plus touchés par la hausse des cas de COVID-19. « Ce sont des régions qui ont été moins affectées dans le passé, donc probablement que pour eux, la vigilance est moins présente », explique-t-elle. « Dans des régions plus densifiées comme Montréal et Laval, il y a toujours une certaine prudence qui demeure. Une recrudescence des cas part toujours forcément des endroits où les gens font le moins attention », ajoute Mme Machouf.

Une part de hasard

Benoit Barbeau, virologue et professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal, rappelle que la transmission est aussi souvent imprévisible. « On s’attendrait logiquement à ce que la contamination soit beaucoup plus homogène, mais il peut toujours y avoir une question de hasard, avec des évènements de superpropagation qui surviennent et qui propulsent la transmission dans une région », souligne-t-il.

M. Barbeau évalue que la hausse des cas touchant les plus âgés pourrait être due à une baisse de l’efficacité du vaccin avec le temps. « Ça fait quand même un certain temps que plusieurs personnes âgées ont eu leur dose de rappel, souvent en novembre ou en décembre, et ces gens-là ont un système immunitaire nettement moins performant que les jeunes adultes. »

Quant à la hausse des cas en général, Nimâ Machouf précise que le Québec peut pour l’instant la « tolérer » sans revenir sur le déconfinement déjà entamé, mais qu’il faut demeurer proactifs.

Si jamais le virus montre un visage plus inquiétant soudainement, on devra recommencer à envisager certaines mesures de protection. Mais pour l’instant, il faut surtout apprendre à vivre avec le virus.

Nimâ Machouf, épidémiologiste

Il demeure aussi « possible » que la sous-lignée d’Omicron, le variant BA.2, soit de plus en plus présente dans certaines régions québécoises, observe le DMatthew Oughton, spécialiste des maladies infectieuses à l’Hôpital général juif. « Nous savons que ce variant augmente en proportion partout au Canada, mais le manque de données liées au dépistage nous empêche d’avoir une idée très précise », note-t-il.

Déjà, à la fin de février, BA.2 représentait plus du quart (27 %) des cas de COVID-19 au pays, selon les données de Santé Canada. La situation appelle, selon certains, à redémarrer l’analyse des eaux usées dans les régions les plus touchées, une idée que Québec étudie à l’heure actuelle. « Ça pourrait s’avérer très utile dans les populations les plus touchées, afin de déceler des éclosions régionales et de tenter de circonscrire le virus localement », lance le DOughton.

Chose certaine : la levée du port du masque obligatoire, prévue « au plus tard » à la mi-avril, pourrait être « retardée » si la hausse se poursuit, prévient Benoît Barbeau. « On devrait peut-être réfléchir à retarder la fin du masque au gouvernement, surtout que les gens vont davantage être à l’extérieur avec le printemps qui arrive, et auront déjà moins besoin de le porter », avance le virologue.

Une idée de la situation

Les 7 nouveaux décès rapportés mardi portent la moyenne quotidienne sur sept jours à 10. La tendance est en baisse de 15 % sur une semaine. On a enregistré mardi une hausse de 41 hospitalisations liées à la COVID-19. À ce jour, 1043 patients atteints demeurent donc hospitalisés au Québec, dont 46 se trouvent aux soins intensifs, soit 2 de moins que la veille. Pour l’heure, les 1043 personnes hospitalisées représentent une baisse de 4 % par rapport à la semaine dernière. Aux soins intensifs, la baisse est de 30 %. Côté vaccination, la campagne continue de ralentir. Si 49,8 % des Québécois ont reçu 3 doses, seulement 3800 personnes par jour viennent chercher leur dose de rappel. À ce jour, 86,7 % de la population générale a une dose, et 82,8 % des Québécois en ont reçu deux.

Henri Ouellette-Vézina et Pierre-André Normandin, La Presse

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