Québec élargit de nouveau l’accès à l’antiviral Paxlovid dans la population. Le médicament pourra dorénavant être distribué en pharmacie, sur présentation d’une ordonnance d’un médecin ou d’une infirmière praticienne spécialisée (IPS).

Autorisé au Québec à la mi-janvier par Santé Canada, le Paxlovid était réservé au départ aux patients immunosupprimés et aux patients non adéquatement vaccinés ayant des facteurs de risque, en raison des stocks très limités. À la mi-février, les patients adéquatement vaccinés ayant certains facteurs de risque ont été ajoutés à la population ayant accès à l’antiviral.

Or, dès ce jeudi, il n’y aura plus de distinction : tous les adultes avec une immunosuppression, qu’elle soit « modérée à sévère », pourront se le procurer, et ce, peu importe leur statut vaccinal. Un Québécois non-vacciné ou partiellement vacciné de 60 ans et plus pourra aussi obtenir le Paxlovid, tout comme un patient non-vacciné ou partiellement vacciné de 18 ans et plus qui présente notamment une insuffisance rénale chronique, une insuffisance hépatique, de l’obésité, du diabète, de l’hypertension artérielle, ou encore une maladie cardiovasculaire ou pulmonaire.

Un adolescent qui pèse au moins 40 kilogrammes ou une femme enceinte qui est non-adéquatement vaccinée et qui présente un facteur de risque pourra également se procurer du Paxlovid.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) précise aussi qu’exceptionnellement, « un adulte adéquatement vacciné présentant un risque très élevé de complications de la COVID-19, par exemple un âge très avancé ou plusieurs comorbidités parmi la liste ci-dessus, surtout si elles non contrôlées », pourra avoir le médicament « après discussion avec un médecin spécialiste ». Québec assure par ailleurs poursuivre ses travaux « afin d’améliorer l’accès au Paxlovid ».

À l’Association des pharmaciens-propriétaires, le président Benoit Morin accueille très bien la distribution du Paxlovid dans les pharmacies. « C’est signe qu’on a suffisamment de stock pour en envoyer un peu partout, ce qui est une bonne nouvelle. Oui, c’est une molécule compliquée, mais c’est notre spécialité, gérer des médicaments qui ont beaucoup d’interactions et de contre-indications. Donc, on va gérer ça comme le reste des médicaments », dit-il.

« Ce qu’on souhaite de notre côté, éventuellement, c’est que les pharmaciens puissent le prescrire eux-mêmes. Ça viendrait boucler la boucle. La personne positive à la COVID n’aurait alors même pas besoin de passer par son médecin, et aller directement en pharmacie. Et je pense que c’est vers ça qu’on s’en va, c’est la vision d’à peu près tout le monde », ajoute M. Morin.

Moins de risques d’hospitalisations

À l’origine, le Paxlovid, qui a été développé par Pfizer, vise à réduire la gravité des symptômes de la COVID-19 chez les personnes à risque de développer des complications sérieuses de cette infection.

Il diminuerait aussi le risque d’être hospitalisé de 89 % chez des patients vulnérables, et donc de décéder du virus. Le traitement au Paxlovid doit toutefois être amorcé dans les cinq jours suivant l’apparition des premiers symptômes de la COVID-19 pour être le plus efficace.

D’ailleurs, l’usage de l’antiviral n’est pas possible chez certains patients en raison d’interactions médicamenteuses ou de contre-indications. De plus, selon les données disponibles, l’usage du Paxlovid apparaît non pertinent en l’absence de facteurs de risque de complications.

Aux dernières nouvelles, le Québec a reçu en janvier 6300 traitements de Paxlovid, et devrait en recevoir 6200 en février et 19 000 en mars. Aux États-Unis, le Paxlovid a été autorisé dès la fin du mois de décembre.

L'OMS suspend le processus d'approbation du vaccin de Medicago

L’Organisation mondiale de la Santé a par ailleurs révélé mercredi que le processus d’approbation du vaccin de la pharmaceutique québécoise Medicago sera « suspendu » en raison des « relations » de l’entreprise avec l’entreprise spécialisée dans les produits du tabac, Philip Morris International. Le vaccin Covifenz, de Medicago, avait été approuvé par Santé Canada à la fin du mois de février. Il s’agit du premier vaccin au monde produit à base de plantes.

Avec La Presse Canadienne