(Québec) Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, demande que les directives appliquées dans les résidences privées pour aînés (RPA) soient révisées pour tenir compte d’Omicron, beaucoup moins virulent que les variants précédents. Des voix s’élèvent pour dénoncer les effets dévastateurs du confinement sur les aînés, pour la plupart triplement vaccinés.

Le Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA) dénonce des mesures trop strictes de confinement et la « rigidité » des CIUSSS et CISSS dans leur applicabilité, rapportait jeudi La Presse. Le RQRA réclame à son tour un calendrier de déconfinement alors que les Québécois se préparent à dire adieu à l’« essentiel » des consignes sanitaires à compter du 14 mars.

« J’ai demandé à la Santé publique et à l’INSPQ de refaire un tour de roue dans les prochains jours », a expliqué le ministre Christian Dubé, au Salon bleu. Il souhaite que les directives et consignes de prévention et contrôle des infections soient revues pour tenir compte du variant Omicron. « Le directeur de la santé publique [le DLuc Boileau] l’a dit : il y a des modifications avec Omicron qu’on doit faire pour gérer la crise », a-t-il ajouté.

C’est certain que ces conditions-là [en RPA] doivent être remises à jour et c’est pour ça que je le dis aux gens qui nous écoutent [jeudi] : on est là-dessus, puis il va y avoir des changements dans tous les CISSS et les CIUSSS dans les prochains jours.

Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux

Selon le RQRA, les consignes sanitaires ne tiennent pas compte du fait que la majorité des résidants ont reçu trois doses de vaccin. Les aînés en résidences privées, pour la plupart autonomes, ne demandent pas mieux que d’apprendre, eux aussi, « à vivre avec le virus », pour reprendre les mots du premier ministre François Legault, mardi. Or, ils se retrouvent isolés dès la détection de deux cas de COVID-19.

Échanges au Salon bleu

« L’état des aînés est en train de se détériorer. On ne ferait pas ça à un animal. On ne peut pas faire ça à nos aînés », a relaté le président-directeur général du RQRA, Marc Fortin, à La Presse jeudi.

Des propos repris jeudi matin au Salon bleu par la députée libérale de Fabre, Monique Sauvé. « Dans cette pandémie, on a trop souvent oublié nos aînés. Ça presse. Est-ce qu’on peut penser à eux, cette fois-ci, et plus que rapidement ? », a-t-elle lancé au ministre de la Santé.

« La députée, elle a raison, il faut être rapide parce que nos gens ont besoin d’air, nos gens ont besoin d’aide », a répondu M. Dubé. « Nous sommes, au gouvernement, excessivement empathiques envers la situation difficile que plusieurs de nos aînés vivent dans les RPA. Je l’ai déjà dit, j’ai ma mère qui est en RPA et qui me fait part de certains éléments », a-t-il ajouté.

Ce dernier affirme avoir par ailleurs réitéré aux dirigeants des établissements de santé que la situation n’était plus la même que lors de la première vague de la pandémie, qui a frappé durement les milieux d’hébergement pour aînés.

Réactions de l’opposition

De savoir que ces gens-là sont isolés à répétition, souvent cinq jours à la fois, dix jours à la fois, mais à répétition, ça leur fait porter un poids immense. […] Ça fait en sorte que les aînés ont une solitude qui est démesurée, en ce moment, et c’est la responsabilité du gouvernement de se pencher là-dessus pour s’assurer qu’on leur donne le maximum d’opportunités de ne pas être seuls.

André Fortin, leader parlementaire du Parti libéral du Québec

J’invite le gouvernement et la Santé publique à porter une attention très particulière à ce qui se passe, en ce moment, chez nos aînés, à leur santé mentale notamment. Il faut trouver le bon équilibre entre limiter la transmission du virus et ne pas les accabler davantage avec la solitude puis l’isolement. C’est un équilibre qui est fragile à trouver, mais il faut être capable de le trouver.

Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire

Et là, on sait que la santé mentale de nos aînés comme de nos jeunes est une considération, mais il n’y a pas vraiment… on n’a pas l’impression que cette considération-là a vraiment pesé lourd dans la balance.

Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois