Si les hospitalisations poursuivent pour l’instant leur descente au Québec, tout porte à croire que les nouveaux assouplissements annoncés par Québec entraîneront plus de transmission et, donc, davantage d’hospitalisations au cours des prochaines semaines. C’est du moins le message qu’a lancé mercredi la Santé publique, menée par le directeur national de santé publique par intérim, le DLuc Boileau.

« On est toujours à un moment charnière de la progression de la pandémie au Québec », a d’emblée déclaré le DBoileau lors d’une conférence de presse tenue en début d’après-midi, mercredi. Il demeure « optimiste », mais quelques signaux appellent à la prudence, dont la « légère hausse » des hospitalisations liées à la COVID-19 chez les jeunes enfants.

« Il ne faut pas s’inquiéter outre mesure, mais c’est tout à fait vraisemblable que la levée des mesures va entraîner plus de contagion, notamment avec le risque en particulier de voir plus d’hospitalisations. Il faut continuer à réduire ses contacts », a indiqué le DBoileau. Réitérant qu’il ne souhaite pas revenir sur le déconfinement en cours, le principal intéressé a toutefois parlé de « risques » et de « nuages » à l’horizon.

Parlant toujours d’une « progression prudente et graduelle » à opérer, il se veut malgré tout optimiste. « Le point charnière, c’est dans les derniers jours et les trois prochaines semaines. Si, pendant cette période-là, on continue d’aller avec un bon rythme de diminution, mais continu, on va être capable de faire beaucoup », a-t-il indiqué, en disant espérer pouvoir lever toutes les mesures.

« Il y a une tendance qui est en train de changer », a toutefois reconnu le vice-président associé aux affaires scientifiques de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), Éric Litvak, en prévenant que de l’incertitude demeure aussi entourant le sous-variant BA.2 de la souche Omicron qui, selon certaines études, pourrait être plus contagieux que la version originale. Cette sous-lignée a jusqu’ici été détectée dans 57 pays, a annoncé mardi l’OMS.

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Éric Litvak, vice-président associé aux affaires scientifiques de l’Institut national de santé publique du Québec

La vague Omicron n’est pas encore terminée. Dans les données plus récentes et dans la dernière semaine du mois de janvier, on note que la baisse commence à ralentir. La transmission diminue encore, mais de façon moins marquée.

Éric Litvak, VP aux affaires scientifiques de l’INSPQ

Le DBoileau a réitéré qu’il sera crucial de « profiter de la dose de rappel », en reconnaissant que de nombreux Québécois ont contracté le virus au cours des dernières semaines, et « n’ont donc pas besoin d’aller chercher leur dose de rappel » dans l’immédiat. Cela dit, tous les Québécois ayant contracté la COVID-19 devraient prendre rendez-vous pour recevoir leur troisième dose, a-t-il insisté. « C’est pertinent de se poser la question, et on se la pose », a-t-il aussi dit au sujet d’un éventuel passeport vaccinal à trois doses, pour relancer les efforts de vaccination, qui montrent des signes d’essoufflement.

Deux scénarios, une hausse

Les nouvelles projections de l’INSPQ publiées mercredi envisagent un rebond des hospitalisations, des nouvelles infections et des décès associés à la COVID-19 en février.

Dans un scénario optimiste, où les Québécois auraient des contacts sociaux dans une proportion oscillant entre 60 et 70 % de ceux du mois de décembre 2021, l’INSPQ prévoit en effet que « les cas, les nouvelles hospitalisations et les décès pourraient se stabiliser ou augmenter légèrement en février, avant de diminuer de nouveau » dans le Grand Montréal.

À l’inverse, dans un scénario pessimiste, qui prévoit que la population aurait des contacts sociaux atteignant jusqu’à 85 % de ceux de décembre 2021, « les cas, les nouvelles hospitalisations et les décès pourraient augmenter substantiellement en février », mais sans atteindre des pics supérieurs à ceux de janvier 2022.

C’est donc dire que dans les deux scénarios de base, « le modèle prédit qu’il pourrait y avoir une augmentation de la transmission communautaire à la suite des assouplissements annoncés le 25 janvier », indique l’organisme, qui dit ne pas pouvoir « exclure » une hausse des différents indicateurs en février.

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La Dre Michèle de Guise, PDG par intérim de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux

L’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS), de son côté, prévoit « une diminution du nombre de nouvelles hospitalisations, pour atteindre environ 100 par jour » dans les deux prochaines semaines au Québec. Sa PDG par intérim, la Dre Michèle De Guise, a toutefois rappelé que son groupe « ne fait pas de projections en fonction des assouplissements », comme le fait l’INSPQ. Autrement dit, les projections de l’INESS ne sont basées que sur les indicateurs en temps réel.

Confusion sur les masques

Le DLuc Boileau est aussi revenu sur la confusion entourant le port du masque chez les jeunes, après avoir déclaré erronément au 98,5 mercredi que les règles sont les mêmes pour le sport parascolaire et civil. Or, dans le premier cas, le masque est obligatoire, alors qu’il ne l’est pas dans le deuxième. « Dans un contexte civil, on n’est pas obligé de porter le masque, mais moi, je le recommande vivement pour les enfants de tous âges », a-t-il dit, en appelant au « gros bon sens », mais en promettant d’« améliorer » la clarté de ses messages.

50 décès de plus

Les 50 nouveaux décès rapportés mercredi portent la moyenne quotidienne à 47. La tendance est ainsi en baisse de 30 % sur une semaine. À ce jour, 2730 patients demeurent hospitalisés en lien avec le virus, une baisse de 122 par rapport à la veille. Du total, 204 patients se trouvent toujours aux soins intensifs, une baisse de 14 cas en 24 heures.

Actuellement, les 2730 personnes hospitalisées représentent ainsi une baisse de 17 % sur une semaine. La diminution est de 19 % aux soins intensifs. On dénombre en moyenne 220 admissions par jour, en baisse de 28 % depuis une semaine. Jusqu’ici, 86,2 % de la population générale a reçu une dose, 80,3 % en a deux et 43,4 % des Québécois ont leurs trois doses.