(Montréal) L’intention du gouvernement du Québec d’étendre l’obligation du passeport vaccinal afin de restreindre l’accès à certains établissements aux personnes qui n’ont pas été vaccinées contre la COVID-19 est justifiée selon certains experts.

Ils rappellent que cette minorité de personnes non-vaccinées représente une proportion beaucoup plus élevée dans le réseau hospitalier québécois.

Mais au moins une autre analyste soutient que c’est par idéologie que les personnes qui n’ont pas encore été vaccinées refusent l’injection et que ce ne sont pas de nouvelles restrictions qui les feront changer d’avis.

La semaine dernière, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a annoncé qu’à compter du 18 janvier, une preuve vaccinale devra être exhibée pour pouvoir entrer dans succursales de la Société des alcools (SAQ) et de la Société québécoise du cannabis (SQDC). Il a ensuite dit que d’autres restrictions pourraient bientôt s’ajouter, notamment l’accès aux centres commerciaux et à des salons de soins personnels.

Le Dr Donald Vinh, spécialiste des maladies infectieuses au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), favorise que les exigences du passeport vaccinal soient élargies car à son avis, cela pourrait inciter des récalcitrants à se faire vacciner.

« Toute réduction d’hospitalisations de patients souffrant de COVID-19 est bénéfique. Si entre le tiers et la moitié des hospitalisations pouvaient être évitées, nous n’aurions pas de problèmes de capacité hospitalière », a-t-il dit en entrevue lundi. Et selon lui, « le passeport vaccinal n’est pas un outil pour éliminer les hospitalisations, mais pour permettre d’éviter celles qui sont évitables. »

Vardit Ravitsky, professeure aux Programmes de bioéthique à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, constate que puisque la pression sur le réseau de la santé augmente, il est justifié d’employer plus de mesures incitant à la protection vaccinale.

« En ce moment, les données font peur en raison de la vitesse de transmission du virus, du taux d’infection qui est très élevé et des risques posés pour le système de santé », a dit la professeure Ravitsky en entrevue lundi, « donc, tout le monde est à risque, particulièrement les personnes vulnérables. »

Vardit Ravitsky affirme que « la raison principale d’inciter à la vaccination est de dire aux gens, vous avez le choix », explique-t-elle. « Bien sûr, vous avec un choix : on ne frappera pas à votre porte pour vous ligoter et vous piquer de force. Mais si vous refusez le vaccin, il y a un prix à payer et il deviendra de plus en plus élevé car il pose un risque toujours plus élevé pour les autres. »

Considérant les périls de la COVID-19 pour le réseau de la santé, la professeure Ravitsky considère que le passeport vaccinal constitue une limite raisonnable à la liberté d’expression.

« La liberté n’est jamais absolue et sans limites », d’après elle. « Je n’ai pas la liberté de boire une bouteille de vin et de prendre le volant par la suite. »

La Dre Kim Lavoie, co-directrice du Centre de médecine comportementale de Montréal, appuie la volonté de l’État de limiter les déplacements en public des personnes non-vaccinées, mais doute que des ajouts restrictifs au passeport vaccinal leur fera changer d’avis.

« Leur comportement n’est pas tant lié à la pandémie qu’à leur idéologie », selon elle.

Même si le nombre d’injections de première dose a considérablement augmenté au cours des derniers jours au Québec, la Dre Lavoie ne croit pas que ce soit attribuable à l’expansion au passeport vaccinal aux succursales de la SAQ et de la SQDC.

Elle signale que plus de 50 % des nouveaux rendez-vous ont été pris pour des enfants âgés de 5 à 11 ans.