(Montréal) La coroner Géhane Kamel retournera lundi à la barre de son enquête sur les décès survenus en CHSLD durant la première vague de la pandémie.

L’investigation, qui a duré des mois, est maintenant à sa dernière ligne droite, et à moins que la coroner ne convoque de nouveaux témoins, cette semaine sera la dernière du volet factuel.

L’audience la plus attendue est sans doute celle de la ministre responsable des Ainés et des Proches aidants, Marguerite Blais, dont la date de passage avait été repoussée en raison de problèmes de santé, suscitant la suspicion des partis d’opposition.

Mais avant cela, ceux qui seront appelés à témoigner lundi sont deux fonctionnaires du ministère de la Santé. L’un d’entre eux, le responsable de la sécurité civile Martin Simard, est selon la coroner le « morceau de puzzle qui manque » pour comprendre quelles préparations ont réellement été faites entre janvier et mars 2020.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

La coroner Géhane Kamel

Des questions toujours en suspens

Cette période, que la coroner a qualifiée de « trou noir », a fait l’objet de témoignages très contradictoires tout au long de l’enquête.

Aussi dans la ligne de mire de la coroner, il y a la disparition des rapports sur les inspections de CHSLD qui avaient été faites durant la première vague. En novembre dernier, des fonctionnaires du ministère de la Santé avaient affirmé que les observations des inspecteurs étaient transmises verbalement, et que les données informatiques étaient écrasées à chaque nouvelle visite, une explication qui a soulevé des doutes chez plusieurs.

D’abord, la coroner n’avait reçu qu’un « rapport vierge » et une « fiche Excel », selon ses dires, et avait évoqué l’idée de convoquer les inspecteurs eux-mêmes pour témoigner.

Finalement, des copies de sauvegarde des rapports lui ont été envoyées.

Une autre source d’exaspération pour la coroner est la divergence apparente entre les directives des autorités et leur application sur le terrain. À l’occasion de leur passage aux audiences, des responsables du ministère de la Santé ont dit que le mot d’ordre n’avait jamais été que les résidants des CHSLD ne pouvaient pas être envoyés à l’hôpital, mais bien que ces transferts devaient être limités. C’est pourtant ainsi que les consignes ont souvent été interprétées.

Le contexte de l’enquête

L’enquête de la coroner se penche sur les morts de personnes âgées ou vulnérables survenues dans des milieux d’hébergement au cours de la première vague de la pandémie de COVID-19.

Pendant cette vague initiale, du 25 février au 11 juillet 2020, les Québécois de 70 ans et plus ont compté pour 92 % des décès dus à la COVID-19, d’après des données de l’Institut national de santé publique du Québec. Ce sont 5211 d’entre eux qui ont alors succombé à la maladie.

L’enquête de la coroner, elle, se limite aux évènements ayant eu lieu entre le 12 mars et le 1er mai, au plus fort de la crise.

Son objectif n’est pas de désigner un coupable, mais bien de formuler des recommandations pour éviter de futures tragédies.

Six CHSLD et une résidence pour personnes âgées ont été désignés comme échantillon. Un décès a été examiné pour chaque établissement.

Depuis novembre, la coroner se penche sur la gestion provinciale de la crise. Un dernier volet, celui des recommandations, débutera la semaine prochaine.

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.