Un nombre impressionnant de tests de dépistage de la COVID-19 ont été effectués depuis deux semaines au Québec, affaiblissant les réserves des réactifs et autres liquides nécessaires aux analyses.

La seule journée du 22 décembre dernier, un nombre record de 64 496 tests ont été réalisés au Québec. Or, la capacité de dépistage de la province est de 50 000 tests par jour. Le nombre de tests a continué de dépasser ce nombre pendant les Fêtes.

« La situation actuelle démontre un dépassement important de la capacité de prélèvement et d’analyse dans plusieurs régions du Québec », reconnaît Robert Maranda, responsable des relations avec les médias pour le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

File d’attente au centre de dépistage de la COVID-19 du CLSC de Parc-Extension le 21 décembre dernier

Or, les réserves des différents liquides nécessaires à l’analyse des tests, comme les réactifs, pourraient représenter un problème, alerte l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux. Ce syndicat représente plus de 5400 membres de laboratoires d’analyse dans la province.

Deux d’entre eux, venant de différentes régions, ont accepté de s’entretenir avec La Presse. Ils ont requis l’anonymat, étant donné qu’ils n’avaient pas le droit de s’exprimer publiquement sur cette question.

« On joue sur les réactifs qu’on a, mais on n’en a pas un mois d’avance pour pallier les prochaines semaines », a affirmé l’un d’eux. Dans son laboratoire, en attente d’une commande, il restait des réactifs pour une seule journée, a-t-il précisé.

Autres éléments manquants

Dans un autre laboratoire, c’est plutôt le milieu de transport, soit le liquide dans les éprouvettes, qui manquait à l’appel : l’entreprise responsable ne pouvait plus répondre à la demande.

« Pour le moment, l’approvisionnement en réactifs n’est pas un enjeu majeur. Mais il y a un enjeu en ce qui concerne l’approvisionnement en tubes de prélèvement PCR Media », a confirmé Robert Maranda, du MSSS.

Ces tubes sont employés notamment dans les équipements automatisés Roche Cobas, très utilisés par de nombreux laboratoires.

Cette situation touche les régions de Montréal, de la Capitale-Nationale, de l’Estrie et de la couronne nord de Montréal, selon le MSSS.

« Plusieurs actions sont déjà entreprises afin de s’assurer qu’aucune pénurie ne soit observée, indique M. Maranda. D’autres tubes de prélèvement et milieux de transport [liquide dans le tube] peuvent, par exemple, être utilisés, notamment la saline et l’eau moléculaire. »

La situation inquiète toutefois une employée d’un laboratoire qui utilise ces équipements. « On a un plan B, qui est d’utiliser un autre milieu de transport qui fait qu’on doit faire plus de manipulations, affirme-t-elle. Mais ça n’atténue pas le virus, donc on a plus de risques de se contaminer. Et plus de contaminations, plus de techniques, ça veut dire plus de délais. »

11,2 millions de tests rapides livrés en décembre

Le ministre de la Santé du Canada, Jean-Yves Duclos, a affirmé sur Twitter jeudi que le gouvernement fédéral avait livré « 11,2 millions de tests rapides au Québec pour le mois de décembre seulement. La demande de Québec était de 10 millions ». Dans un courriel, le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS) a affirmé que le gouvernement du Québec était « tributaire des livraisons du gouvernement fédéral ». « Toutefois, nous confirmons que le MSSS est actuellement en train de voir les différentes options pour se procurer des tests rapides afin d’en accélérer la distribution au sein de la population », a indiqué Robert Maranda, relationniste du MSSS. « Plusieurs millions de tests supplémentaires suivront au cours des prochaines semaines », a aussi gazouillé le ministre Duclos.