La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) exige l’usage « accru » des masques N-95 pour protéger les travailleurs de la santé donnant des soins dans des lieux à haut risque, « incluant certaines situations en zones froides ».

Dans un communiqué diffusé vendredi, l’organisme se dit en effet « sensible à la réalité des travailleuses et travailleurs de la santé qui n’ont actuellement pas l’obligation de porter un masque N-95, car ils sont hors des zones tièdes ou chaudes, mais donnent des soins dans les situations plus à risques ».

Une rencontre tenue jeudi avec plusieurs partenaires, dont le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), a « permis d’échanger sur les façons les plus efficaces de protéger les travailleurs », indique le groupe. « Devant la progression du variant Omicron, la CNESST exige l’élargissement de la couverture et de l’utilisation du masque N-95 à celles et ceux qui donnent des soins dans les situations les plus à risques, incluant certaines situations en zones froides », poursuit-on.

Au passage, la Commission rappelle avoir « déjà demandé, à partir de février 2021, le port d’un appareil de protection respiratoire (APR) de type N-95 ou de protection supérieure pour tout le personnel de la santé qui œuvre en milieu de soins dans les zones chaudes ». Dès mars 2021, l’organisme soutient aussi avoir « élargi cette obligation en zone tiède également ».

Radio-Canada révélait plus tôt cette semaine que le gouvernement Legault a acquis jeudi environ 10 millions de masques N95, les autorités disposant déjà de 15 millions de ces masques en réserve. Le gouvernement n’entendrait toutefois pas pour le moment distribuer ces équipements à tous les travailleurs, mais serait plutôt disposé à permettre le N-95 dans les urgences et les groupes de médecine familiale (GMF).

Par courriel, le MSSS précise simplement « qu’un avis sur le sujet a été demandé à l’INSPQ ». « Nous sommes en attente, par la suite les experts de la santé publique pourront le consulter et émettre des recommandations », écrit la porte-parole, Marjorie Larouche, sans s’avancer davantage.

En « contact constant »

D’ici les prochains jours, la CNESST promet d’être « en contact constant » avec ses partenaires, dont l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST), l’INSPQ, le MSSS et les syndicats, « dans un esprit de dialogue et d’ouverture pour travailler sur les différentes préoccupations exprimées et ainsi de relever les défis que pose le variant Omicron ».

Plus tôt, jeudi, Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS), affiliée à la CSN, avait en effet demandé l’intervention de la CNESST dans ce dossier, souhaitant que tous les travailleurs de la santé et des services de garde éducatifs soient dotés de masque de type N-95. « Nous nous attendons à du mouvement très rapidement de la part du ministère, qui ne doit pas faire de compromis avec la santé du personnel et veiller à l’application du principe de précaution », a martelé le président du syndicat, Réjean Leclerc.

À Montréal, le CIUSS du Centre-Sud a de son côté devancé le gouvernement Legault en décidant de son propre chef de recommander le port du masque N95 en tout temps dans les urgences et en zones chaudes, lorsqu’on donne des soins à un patient de la COVID-19 et dans les unités en éclosion.

Sur le site internet de l’INSPQ, on indique que « le port d’un appareil de protection respiratoire (APR) de type N95 est recommandé dans certaines situations pouvant augmenter le risque de transmission, comme lors d’interventions médicales générant des aérosols. Il peut être également considéré dans d’autres circonstances, comme lors d’éclosions non contrôlées en milieux de soins. »

Le variant Omicron est maintenant dominant dans la région de Montréal, représentant plus de 90 % des infections, et se répand à une vitesse fulgurante dans la province. Vendredi, des sources ont confirmé à La Presse que la barre des 10 000 cas a été franchie au Québec dans les 24 dernières heures.

Avec Florence Morin-Martel, La Presse, et La Presse Canadienne