Devant la progression fulgurante du variant Omicron, l’Ontario permettra à tous les adultes de prendre rendez-vous pour une troisième dose de vaccin à peine trois mois après la deuxième dès lundi. Malgré les pressions d’Ottawa sur l’ensemble des provinces, le Québec, lui, s’en tient pour l’instant à l’élargissement, annoncé mardi, aux personnes de 60 ans et plus à compter de janvier. Une troisième dose devrait pourtant être administrée à tous le plus vite possible, estime un expert.

« Toutes les provinces doivent accélérer leur processus de vaccination de troisième dose », a déclaré le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, en point de presse mercredi.

« C’est la priorité pour toutes les provinces, y compris pour le Québec, d’augmenter considérablement le rythme de vaccination », a-t-il poursuivi en évoquant « les informations que l’on a maintenant, que l’on n’avait pas il y a à peine quelques semaines » sur le variant Omicron.

« Ce qu’on voit dans les études qui circulent, c’est que six mois, c’est probablement trop long après une deuxième dose », a ajouté le ministre Jean-Yves Duclos au sujet du délai actuellement recommandé par le Comité consultatif national sur l’immunisation (CCNI, fédéral) et présentement appliqué au Québec pour les gens de plus de 70 ans, le personnel de la santé et ceux qui ont un problème de santé augmentant le risque de complications liées à la COVID-19.

Il pourrait être opportun d’accélérer encore plus l’administration d’une troisième dose. Le Comité consultatif aura probablement l’occasion rapidement de statuer à nouveau là-dessus.

Jean-Yves Duclos, ministre fédéral de la Santé, en conférence de presse mercredi

En Ontario, tous les adultes pourront prendre rendez-vous pour leur dose de rappel dès lundi prochain, pourvu que trois mois se soient écoulés depuis leur deuxième dose, a annoncé le premier ministre Doug Ford mercredi. Le variant Omicron infecte de quatre à huit fois plus de personnes que le variant Delta, a soutenu le DKieran Moore, médecin-hygiéniste en chef.

Besoin de vaccinateurs au Québec

À Québec, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, n’a pas répondu aux questions des journalistes à son arrivée au Conseil des ministres mercredi.

« Avant même que le gouvernement fédéral invite les provinces à accélérer l’administration de la troisième dose, le Québec avait déjà présenté sa stratégie pour augmenter sa capacité de vaccination », a fait valoir son cabinet par écrit.

« Comme nous l’avons présenté [mardi], le Québec va donner un coup de barre pour accélérer la vaccination de la dose de rappel. Pour ce faire, nous avons besoin de 500 vaccinateurs afin d’augmenter notre capacité », a indiqué l’attachée Marjaurie Côté-Boileau.

Le ministre Christian Dubé a annoncé mardi qu’il espérait recruter 500 nouveaux vaccinateurs au moyen du site Je contribue ! Avec davantage de vaccinateurs, Québec pourrait ouvrir l’administration des troisièmes doses aux personnes de 60 ans et plus avant janvier. De 300 000 vaccins par semaine administrés actuellement, Québec veut augmenter la cadence à 600 000 en janvier.

Uniquement pour la journée [de mardi], 830 nouvelles candidatures ont été reçues sur la plateforme Je contribue ! C’est très encourageant.

Le cabinet du ministre Christian Dubé

Québec n’a cependant pas précisé combien de ces 830 candidats se proposaient pour être vaccinateurs, le groupe comprenant aussi des accompagnateurs. « Les régions sont en train d’évaluer les candidatures », a-t-on précisé.

Une troisième dose « le plus vite possible »

La troisième dose devrait être administrée « à tout le monde le plus vite possible », estime André Veillette, professeur de médecine et directeur de l’Unité de recherche en oncologie moléculaire à l’Institut de recherches cliniques de Montréal. Mais il faut être stratégique et vacciner d’abord les gens plus vulnérables et ceux qui ont reçu leur deuxième dose il y a plus longtemps, selon lui. « On sait que trois doses sont mieux que deux doses pour protéger contre le variant Omicron et même contre le variant Delta », souligne-t-il. D’après M. Veillette, la troisième dose entraîne une « protection accrue en l’espace d’une à deux semaines ».

Si l’inquiétude de l’Ontario face au variant Omicron est compréhensible, administrer une dose de vaccin tous les trois mois représente des enjeux de logistique, selon le virologue Benoit Barbeau, professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). « On protège les pays les plus nantis au détriment des pays dont un fort pourcentage de la population n’a même pas reçu une dose », fait-il valoir. Mais en raison du nombre important de cas au Québec – qui a atteint mercredi un sommet en près d’un an (voir écran suivant) –, il soutient toutefois que le gouvernement devra agir ou du moins « étendre un peu plus le groupe d’âge » admissible à la dose de rappel.

Doses en stock

Le Canada n’a pas assez de doses en stock pour administrer une dose de rappel à tous les Canadiens, mais il les aura, a par ailleurs assuré le ministre fédéral de la Santé.

Les 16 millions de doses qui se trouvent actuellement dans les provinces, les territoires et les entrepôts d’Ottawa sont suffisantes « pour plusieurs semaines de doses de rappel, et de nombreux millions de plus arriveront au cours des prochaines semaines et prochains mois », a détaillé le ministre Jean-Yves Duclos.

Nous avons donc amplement la capacité de donner des doses de rappel aux Canadiens au cours des prochaines semaines et des prochains mois.

Jean-Yves Duclos, ministre fédéral de la Santé, en conférence de presse mercredi

« Nous avons suffisamment de doses de rappel pour tous les adultes qui en veulent une. Alors, quand ce sera votre tour, s’il vous plaît, faites-vous vacciner », a pour sa part déclaré le premier ministre Justin Trudeau en marge d’une annonce mercredi à Ottawa.

M. Trudeau s’est montré disposé à permettre que l’armée aide les provinces qui manqueraient de personnel de vaccination.

« Si les provinces demandent de l’aide supplémentaire, nous serons là, parce que nous savons que cette troisième dose est très importante pour éviter non seulement d’être infecté par le variant Omicron, mais surtout, pour éviter les sérieux impacts qui mènent à des hospitalisations », a-t-il déclaré.

Avec Mélanie Marquis, Mylène Crête, Florence Morin-Martel, Fanny Lévesque et La Presse Canadienne

Comparaison des mesures entre le Québec et l’Ontario

Troisième dose 

Québec :

  • Intervalle de six mois ou plus après la dernière dose
  • Les gens de 65 à 69 ans pourront prendre rendez-vous à partir du 4 janvier et ceux âgés de 60 à 64 ans à partir du 6 janvier

Ontario :

  • Intervalle de trois mois ou plus après la dernière dose
  • Tous les gens âgés de 18 ans et plus pourront prendre rendez-vous dès lundi

Rassemblements 

Québec :

Au plus 20 personnes seront autorisées à se rassembler à l’intérieur à compter du 23 décembre

Ontario :

Au plus 25 personnes sont autorisées à se rassembler à l’intérieur

Tests rapides 

Québec :

6 millions de tests rapides ont été distribués dans les écoles et les services de garde

Ontario :

Plus de 45 millions de tests rapides ont été distribués