Afin de se préparer à l’arrivée du variant Omicron, beaucoup plus contagieux, Québec demande dès maintenant aux employeurs de réinstaurer le télétravail à 100 %. Plus de vaccinateurs sont recherchés afin d’accélérer l’administration des troisièmes doses. Et des tests rapides seront rapidement distribués à l’ensemble de la population dans 1900 pharmacies à travers le Québec.

Seulement en décembre, 10 millions de ces tests rapides auront été distribués au Québec. Par ailleurs, le port du masque dans les aires communes des résidences privées pour aînés redevient obligatoire dès maintenant.

En conférence de presse, mardi, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a indiqué que le nombre de cas de COVID-19 est en hausse au Québec, de même que les hospitalisations. Actuellement, 30 % des quelque 800 lits voués à la COVID-19 dans les hôpitaux sont occupés. Mais l’arrivée du variant Omicron pourrait changer la donne, souligne le ministre Dubé.

Mardi, l’Organisation mondiale de la santé a souligné que le virus se propage « à une vitesse inédite » et a invité les autorités de santé à faire preuve de prudence « pour éviter que les systèmes de santé soient rapidement submergés à l’approche des fêtes de fin d’année ».

En Ontario, la proportion des cas positifs causés par le variant Omicron est passée de 10 % à 30 % en une semaine à peine. La progression est « fulgurante », note le directeur national de santé publique du Québec, le DHoracio Arruda. Pour savoir à quel point le variant est présent ici, la Santé publique criblera tous les cas positifs qui seront confirmés ce mardi, a-t-il annoncé.

Certaines caractéristiques du variant Omicron restent à déterminer. Mais chose certaine, il est de « deux à trois fois plus contagieux », dit le ministre Dubé, qui s’attend donc à une hausse du nombre de cas dans les prochaines semaines. Les autorités suivront étroitement la situation pour voir à quel point elle se traduit par une hausse des hospitalisations.

Maintien des rassemblements à 20… pour l’instant

En fonction de l’évolution de la situation, Québec n’écarte pas l’idée de revenir sur la possibilité de tenir des rassemblements allant jusqu’à 20 personnes vaccinées pour les Fêtes. Mais telle n’est pas l’intention du gouvernement pour l’instant.

Le DArruda, fait « appel à l’intelligence des Québécois ». Il mentionne qu’il n’y a « pas de recette magique » et rappelle que le virus « se nourrit de contacts ». « Moi je tiens à vous dire : on va être 7 chez nous à Noël. On devait être 15. J’ai décidé de baisser à 7. Parce qu’on peut gérer son risque comme ça. Les gens sont assez intelligents […] Si vous avez des craintes et que vous voulez vraiment gérer votre risque : faites de plus petits rassemblements et n’en faites pas plusieurs non plus », dit le DArruda.

Le ministre Dubé mentionne qu’il est possible à tout moment que les consignes pour les Fêtes changent. « On n’a pas peur de changer d’idée si on voit qu’on ne va pas dans la bonne direction », indique-t-il.

Actuellement, seulement 426 éclosions touchent des milieux de travail au Québec. Au plus fort de la deuxième vague, on comptait 1300 milieux de travail en éclosion. Dans ces conditions, revenir au télétravail est-il vraiment la meilleure des mesures de prévention ? Ne serait-il pas préférable de limiter les grands rassemblements à Noël ?

« Depuis le début, je ne suis pas enchanté sur les rencontres de 20 personnes », dit Benoît Barbeau, virologue et professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal.

Pour lui, avec le variant Omicron, il pourrait être sage de revenir à des rassemblements de 10 personnes. Et de limiter le nombre de rassemblements successifs possibles. « Actuellement le risque est trop élevé et le fameux nombre 20 est trop élevé. Il faudrait revenir sur cette décision, dit M. Barbeau. Passer à dix personnes ou moins, c’est mieux que 0 ».

Épidémiologiste et professeur à l’Université de Montréal, Benoît Mâsse mentionne que selon les prévisions, le variant Omicron devait arriver plus tard en décembre. « Mais là, c’est aux portes », dit-il. M. Mâsse note toutefois qu’il est « un peu tard » pour changer les consignes de Noël puisque plusieurs personnes « vont garder leurs plans ». M. Mâsse note toutefois que la pause scolaire aidera à limiter la propagation de la COVID-19. Mardi, 600 écoles primaires étaient en éclosion.

Professeure d’épidémiologie des maladies infectieuses à l’Université de Montréal, Hélène Carabin croit pour sa part que revenir au télétravail est « une bonne idée ». « C’est une bonne approche de faire que les gens aient le moins de contacts possible avant Noël pour qu’on puisse voir nos familles à Noël sans risquer de l’envoyer à l’hôpital », dit-elle.

Rencontres entre enfants et grands-parents

Selon Québec, la solution pour des rassemblements les plus sécuritaires possibles durant les Fêtes passe aussi par les tests rapides. Dès lundi, des tests rapides seront distribués à la population générale dans les pharmacies. Déjà, 6 millions de ces tests ont été distribués ou sont en train de l’être dans les garderies et les écoles. En tout, 10 millions de tests rapides seront distribués en décembre, selon le directeur général de la gestion exécutive et opérationnelle de la pandémie, Daniel Paré.

À l’École de santé publique de Montréal (ESPUM), la professeure Roxane Borgès Da Silva accueille favorablement l’arrivée des tests rapides en pharmacie. « C’est une excellente nouvelle qui va réellement permettre de minimiser la contagion dans les partys. Quelques éclosions d’évitées, c’est toujours un plus pour la gestion de la pandémie après », fait-elle valoir.

Accélérer les troisièmes doses

Le ministre Dubé affirme que l’un des bons outils pour combattre le variant Omicron est l’administration des troisièmes doses du vaccin. Déjà, les personnes immunosupprimées, les travailleurs de la santé et les personnes âgées de 70 ans et plus peuvent la recevoir. Et M. Dubé invite ces personnes à le faire rapidement. Les personnes de 60 ans et plus pourront recevoir leur dose de rappel en janvier. Mais Québec espère recruter 500 nouveaux vaccinateurs via le site Je Contribue. Avec plus de vaccinateurs, Québec pourrait ouvrir avant janvier l’administration des troisièmes doses aux personnes de 60 ans et plus. De 300 000 vaccins par semaine administrés actuellement, Québec veut faire passer le tout à 600 000 en janvier.

Dans les 28 derniers jours, 30 000 Québécois ont contracté la COVID-19. De ce nombre, 550 ont été hospitalisés, dont 150 aux soins intensifs. Plus de 50 % des personnes qui se retrouvent à l’hôpital sont non vaccinées, note le ministre Dubé.

Pour le professeur de médecine et directeur de l’Unité de recherche en oncologie moléculaire à l’Institut de recherches cliniques de Montréal, le DAndré Veillette, il importe de « réactiver la machine » de la vaccination.

« Il faut qu’on trouve plus de vaccinateurs et ça presse vraiment, dit-il. On ne doit pas se limiter au réseau de la santé. Il y a plein de gens qui peuvent faire des injections. Dans mon laboratoire, tous les scientifiques seraient capables. Même chose pour les chimistes, les pharmaceutiques. Il faut envoyer des messages très clairs qu’on a besoin d’eux. On doit en quelque sorte réactiver la machine », affirme l’expert.

Avec la collaboration d’Henri Ouellette-Vézina