À la fin du printemps, les personnes qui avaient reçu le vaccin à vecteur viral d’AstraZeneca en première dose se sont fait recommander de recevoir un vaccin à ARNm en deuxième dose. L’interchangeabilité des vaccins, ont assuré les experts, était sécuritaire et aussi efficace que deux doses d’un même type de vaccin.

L’heure de la dose de rappel, la troisième dose, est maintenant arrivée pour de nombreux vaccinés. Mais jusqu’ici, les experts ne recommandent qu’un seul vaccin, le vaccin à ARNm (Pfizer ou Moderna), peu importe celui reçu pour les deux premières doses.

Pourtant, plusieurs autres types de vaccins sont maintenant offerts. Pourquoi ne pas les proposer en dose de rappel ?

« Parce qu’on sait qu’avec les variants qui circulent actuellement, les vaccins à ARNm sont plus antigéniques, c’est-à-dire qu’ils stimulent une production plus élevée d’anticorps », dit le DDonald Vinh, microbiologiste-infectiologue au Centre universitaire de santé McGill. L’efficacité des vaccins à ARNm contre le variant Delta pour prévenir les formes graves de la COVID-19 a été évaluée comme étant meilleure que celle du vaccin à vecteur viral d’AstraZeneca. Pour ce qui est du nouveau variant Omicron, les évaluations sont en cours.

Étude à l’appui

Une étude parue vendredi dans la revue scientifique The Lancet a d’ailleurs réaffirmé la recommandation d’un vaccin à ARNm en dose de rappel.

Cette étude, effectuée en juin au Royaume-Uni auprès de quelque 3000 personnes, a comparé de nombreuses combinaisons de doses de vaccins. Comme la grande majorité des vaccinés canadiens, les patients étudiés avaient reçu soit le vaccin d’AstraZeneca, soit celui de Pfizer-BioNTech. Après au moins deux mois (pour ceux ayant reçu le vaccin de Pfizer) ou trois (AstraZeneca), ils ont reçu une troisième dose.

Cette troisième dose pouvait de nouveau se faire au moyen d’un vaccin à ARNm (Pfizer) ou à vecteur viral (AstraZeneca). Ou encore avec l’un des vaccins suivants :

  • CureVac : un vaccin à ARNm développé par une entreprise allemande, qui a cependant cessé sa production en octobre après des résultats décevants ;
  • Moderna : le vaccin à ARNm américain, peu utilisé en Europe, mais bien connu au Canada ;
  • Novavax : ce vaccin développé par une entreprise américaine est un vaccin dit « sous-unitaire », à base de protéines qui déclenchent une réponse immunitaire, sans virus. Une demande d’homologation a été déposée en novembre auprès de Santé Canada ;
  • Valneva : le laboratoire franco-autrichien a utilisé une technologie plus classique, le vaccin à « virus inactivé », comme dans le cas des vaccins contre la grippe ;
  • Janssen : le vaccin à vecteur viral américain développé par Johnson & Johnson, homologué au Canada, mais très peu utilisé (moins de 15 000 Canadiens l’ont reçu).

À des fins de contrôle, des participants ont aussi reçu un vaccin placebo (dans ce cas, un vaccin contre la méningite).

Dans presque toutes les configurations, à part le placebo, les participants ont généré une quantité accrue d’anticorps face au coronavirus. Seule exception : les vaccinés qui avaient reçu deux doses de Pfizer n’ont tiré aucun bénéfice notable d’une dose du vaccin à « virus inactivé » de Valneva (qui n’est pas homologué au Canada).

Bien que les autres combinaisons aient assez bien fonctionné, les vaccins à ARNm de Pfizer et de Moderna en troisième dose sont ceux pour lesquels la hausse de la production d’anticorps a été le plus marquée.

Par ailleurs, les participants de l’étude ont reçu leur dose de rappel beaucoup plus rapidement (trois mois après la deuxième dose) que ce que recommandent actuellement la plupart des autorités de santé publique (six mois après la deuxième dose). Les études montrent généralement que plus l’intervalle est long entre deux doses, meilleure est la réponse immunitaire.

« La bonne nouvelle, c’est que les gens n’ont pas à s’inquiéter de devoir choisir leur vaccin de troisième dose », estime le DVinh. « Pfizer ou Moderna, il n’y a pas de différence. Si c’est votre tour pour la dose de rappel, il faut aller la chercher maintenant », dit-il, ajoutant que si les sociétés pharmaceutiques doivent adapter leur vaccin pour combattre le variant Omicron, les nouvelles versions ne seront pas offertes avant plusieurs mois.

Avec l’Agence France-Presse

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Et le vaccin de Medicago ?

Les travaux se poursuivent pour la société pharmaceutique québécoise Medicago, qui a déclaré le mois dernier que les résultats de ses études cliniques étaient en cours d’analyse. « Nous les soumettrons à Santé Canada pour autorisation, et possible approbation d’ici la fin de l’année 2021 », indiquait la société, qui invitait du même coup la population à se faire vacciner « dès aujourd’hui », sans attendre que son vaccin soit sur le marché.