Près de 10 % des enfants montréalais de moins de 12 ans avaient déjà été infectés par le SARS-CoV-2 l’été dernier, comparativement à 6 % l’hiver dernier, selon une nouvelle étude de l’Université de Montréal et de l’Université McGill.

À titre comparatif, 15 % des adultes avaient déjà été infectés l’hiver dernier, selon les données d’Héma-Québec. Il s’agit de tests sanguins de séroprévalence, qui détectent les anticorps générés par une infection par le SARS-CoV-2, le coronavirus responsable de la COVID-19. Une séroprévalence peut être suscitée par un vaccin, mais les enfants de 12 ans ne peuvent recevoir celui contre la COVID-19.

Les infections était presque trois fois plus élevées à Montréal-Nord que dans l’Ouest-de-l’Île.

« Ça confirme que les inégalités sociales jouent un rôle important dans l’impact de la pandémie », explique Kate Zinszer, épidémiologiste à l’Université de Montréal et auteure principale de l’étude.

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Kate Zinszer, épidémiologiste à l’Université de Montréal

Il y a probablement davantage de parents qui travaillent en première ligne à Montréal-Nord, il y a plus de gens dans les logements. Et les inégalités créent du stress qui peut faciliter l’infection.

Kate Zinszer, épidémiologiste à l’Université de Montréal

Le taux d’infection moins élevé chez les enfants que chez les adultes signifie-t-il que les enfants sont un vecteur de transmission moins important, contrairement à ce qui se passe avec la grippe, par exemple ? « C’est possible, mais on ne peut pas en être certain avec ces données. Il se peut qu’il y ait d’autres facteurs, par exemple le confinement après la détection d’un cas dans une école. »

L’étude a tout d’abord analysé la séroprévalence chez les enfants montréalais entre octobre 2020 et mars 2021, puis entre mai et août 2021. L’étude d’Héma-Québec sur la séroprévalence chez les adultes a eu lieu entre janvier et mars 2021.

L’équipe de Mme Zinszer a aussi mesuré la séroprévalence chez les adolescents. Une autre donnée frappante de l’étude est que les adolescents étaient plus susceptibles que les enfants d’avoir été infectés à l’hiver 2021, mais moins à l’été 2021. Or, les adolescents ont commencé à être vaccinés au printemps dernier, et la vaccination peut aussi créer des anticorps contre le SARS-CoV-2. Ils auraient donc dû avoir un taux de séroprévalence beaucoup plus élevé que celui des enfants de moins de 12 ans. « Ça pose des questions très importantes sur la participation des adolescents montréalais à la vaccination et sur leurs comportements facilitant la transmission du SARS-CoV-2, qu’il faudra approfondir », dit l’épidémiologiste montréalaise.

Filles et garçons

L’étude de Mme Zinszer constate aussi que chez les enfants, les filles sont 30 % plus susceptibles d’être infectées que les garçons. « Ce ne sont pas des résultats statistiquement significatifs, mais on peut se demander s’il y a des comportements différents chez les filles et les garçons. »

Alors que la vaccination des enfants est imminente, les auteurs de l’étude demandent aux parents d’amener leurs enfants pour qu’ils se soumettent à une prise de sang afin d’avoir des données de séroprévalence avant la vaccination, de façon que les résultats reflètent les infections et non la vaccination. Pourquoi ne pas avoir lancé la troisième collecte de données plus tôt ? « Il y a eu toutes sortes de freins, des annonces, de nouvelles mesures; la recherche, c’est compliqué, dit Mme Zinszer. La première collecte de données avait aussi été retardée par une menace de grève des enseignants. »

La séroprévalence en chiffres

8,8 %

Proportion des enfants blancs montréalais qui avaient déjà été infectés par le SARS-CoV-2 à l’été 2021

14 %

Proportion des enfants montréalais de minorités raciales qui avaient déjà été infectés par le SARS-CoV-2 à l’été 2021

Source : Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19