En ce qui a trait à la fin du port du masque en classe au secondaire, les experts interrogés par La Presse sont partagés, tandis qu’ils appellent à la prudence sur les pistes de danse et dans les karaokés.

Port du masque : le pour et le contre

« Étant donné la forte proportion des jeunes qui sont vaccinés, c’est une mesure que l’on peut alléger, d’autant plus qu’il y a très peu d’éclosions en milieu secondaire », soutient la Dre Maryse Guay, professeure à la faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke.

Benoit Barbeau, virologue et professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), est du même avis.

L’environnement scolaire au secondaire est relativement stable et sécuritaire.

Benoit Barbeau, virologue

Le Québec a vécu un sommet de 44 éclosions actives dans ses écoles secondaires à la mi-septembre. Après une baisse, on traverse depuis deux semaines un plateau de 25 éclosions actives. Ça reste en deçà des quelque 200 éclosions actives dans les écoles primaires.

De son côté, Nathalie Grandvaux, chercheuse au laboratoire de recherche sur la réponse de l’hôte aux infections virales du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), juge qu’il s’agit d’une « décision prématurée ». « Je ne comprends pas l’urgence d’enlever le masque », affirme-t-elle.

La spécialiste aurait préféré que Québec attende la vaccination des plus jeunes avant d’assouplir les mesures chez les adolescents. « La vaccination chez les 5 à 11 ans devrait nous apporter une façon de plus de limiter la transmission. On sera alors en bien meilleure position pour faire des assouplissements de ce genre », a-t-elle résumé.

Danse et chant : prudence

La danse dans les restaurants et les bars nécessitera le port du masque, tout comme les activités de karaoké, si une distance de deux mètres avec les autres ne peut être respectée. Les experts consultés jugent qu’il s’agit de mesures sécuritaires.

Avec le port du masque et le passeport vaccinal, on a toutes les mesures pour limiter la transmission.

Nathalie Grandvaux, chercheuse

Les spécialistes appellent toutefois à la prudence, afin que ces mesures soient appliquées correctement. « L’alcool fait en sorte que l’on baisse nos gardes et que l’on prend plus de risques », a indiqué la Dre Guay. « On ne veut surtout pas revivre une éclosion majeure comme dans les derniers mois », a renchéri Mme Grandvaux.

M. Barbeau accueille favorablement ces assouplissements progressifs. « On donne un peu d’oxygène aux bars, mais on ne retourne pas à la case départ comme avant la pandémie, puisque le masque est encore requis et les personnes doivent être vaccinées », a-t-il indiqué.

Retour au bureau : le temps est venu

Les experts sont unanimes : si les règles sont respectées, le retour au bureau en présentiel ne devrait pas poser de problèmes. « Ça ne se fera pas du jour au lendemain. J’imagine que des gens vont attendre au retour des Fêtes pour revenir en présentiel, donc tout ça va se faire de façon graduelle », soutient la Dre Grandvaux.

Différents acteurs du milieu du travail se sont dits satisfaits de cet assouplissement. « C’est une bonne nouvelle, car des organisations s’étaient préparées à un retour en septembre. Est-ce que ça veut dire que ça va se mettre en place tout de suite ? On n’aura pas de mouvement de foule. Ça se fera par étapes. Certaines organisations se sont commises pour un retour en janvier. Elles ne devanceront pas le retour prévu », a soutenu Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés.

Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, se réjouit du retour du réseautage.

Pour le milieu des affaires, le réseautage, c’est l’huile qui fait bouger le moteur. Il y aura un retour progressif à la normale au centre-ville. Ça va peut-être activer les rendez-vous d’affaires.

Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain

Quant à MKatherine Poirier, avocate en droit du travail et de l’emploi à la firme BLG, elle recommande à ses clients-employeurs d’élaborer une politique claire de retour au travail et de télétravail. « La plupart des milieux de travail font des tests. Mais même si c’est un essai, c’est important de le préciser pour que les employés fassent un choix de vie en conséquence », a-t-elle conclu.

Avec Pierre-André Normandin, La Presse