La campagne de vaccination pourrait bientôt prendre un nouvel élan au Canada. Pfizer a demandé au gouvernement fédéral d’approuver un vaccin destiné aux enfants de 5 à 11 ans. En même temps, une étude montréalaise toute fraîche signée par la Dre Caroline Quach est venue démontrer la très grande efficacité des tests rapides.

Santé Canada a reçu lundi la requête de Pfizer-BioNTech – la première pour l’utilisation d’un vaccin pédiatrique au pays pour ce groupe d’âge. Le ministère ne l’approuvera que « si l’examen scientifique indépendant et approfondi […] confirme que les avantages du vaccin l’emportent sur les risques », a-t-on signalé.

En parallèle, le ministère fédéral continuera à « surveiller de près toutes les données sur l’innocuité et l’efficacité sur l’utilisation du vaccin dans des conditions réelles depuis sa distribution au Canada et ailleurs dans le monde ». On n’a pas voulu dire à quel moment le verdict pourrait tomber.

« Comme c’est le cas pour tous les vaccins contre la COVID-19, le ministère accordera la priorité à l’examen de cette demande », a souligné Santé Canada, promettant de ne pas « sacrifier les normes scientifiques élevées en matière d’innocuité, d’efficacité et de qualité appliquées ».

La société pharmaceutique explique qu’elle s’est appuyée sur les données d’essais cliniques au cours desquelles on a administré deux doses de 10 microgrammes du vaccin à 2268 participants de 5 à 11 ans. Ces résultats se comparent à ceux d’une étude auparavant menée auprès de personnes de 16 à 25 ans qui ont reçu des doses de 30 microgrammes, a noté la société.

La dose de 10 microgrammes a été retenue « au terme d’une sélection rigoureuse en fonction de l’innocuité, de la tolérabilité et de l’immunogénicité observées chez les enfants de 5 à 11 ans », a-t-elle indiqué. Pfizer a déposé des demandes d’approbation aux États-Unis et en Europe avant de faire de même au Canada.

Selon un sondage Angus Reid publié lundi matin, 51 % des parents d’enfants qui font partie de ce groupe d’âge sont prêts à les faire vacciner « aussitôt que possible », tandis que 18 % ont signalé avoir l’intention de le faire « éventuellement ». Environ un parent sur quatre (23 %) a dit ne pas vouloir le faire, toujours d’après la même enquête.

Tests rapides : étude réjouissante

Sur un autre front de la lutte contre la pandémie, une étude montréalaise réalisée dans deux écoles secondaires vient de conclure que les tests rapides sont très efficaces pour détecter des cas infectieux de COVID-19. Ainsi, chez les élèves symptomatiques, 83 % des infections au SARS-CoV-2, le coronavirus responsable de la COVID-19, sont détectées.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

La Dre Caroline Quach, épidémiologiste et auteure principale d’une étude sur l’efficacité des tests rapides dans les écoles, et Yves Petit, directeur du Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie

« Ce n’est pas mauvais du tout, pour un test de première ligne », explique l’épidémiologiste Caroline Quach, du CHU Sainte-Justine, qui est l’auteure principale de l’étude publiée lundi sur le site de prépublication MedRxiv.

Ça devient particulièrement intéressant d’avoir un premier outil de tri cet automne, compte tenu du nombre croissant d’autres virus. Ça permet de retourner plus rapidement les élèves à l’école s’ils n’ont pas le SARS-CoV-2. C’est très important dans la vie d’un enfant.

La Dre Caroline Quach, épidémiologiste et auteure principale d’une étude sur l’efficacité des tests rapides dans les écoles

La proportion dépasse probablement 95 % chez les élèves symptomatiques avec une charge virale élevée, qui rend la transmission du virus plus probable, estime la Dre Quach sur la base d’autres études sur ce genre de tests rapides antigéniques. Chez les patients non symptomatiques, le taux de détection des cas positifs est de 26 %.

Selon la Dre Quach, un rapport préliminaire remis au ministère de la Santé en mai est à la base de la décision d’implanter les tests rapides dans les écoles primaires, ainsi que de la réduction de 14 à 7 jours de la quarantaine des écoliers.

« Une étude française similaire avait été faite, mais avec un échantillon beaucoup plus faible, dit la Dre Quach. Et nous avons un suivi longitudinal plus long, de cinq mois. Nous avons aussi fait des tests après sept jours d’un contact avec un cas positif, ce qui a permis de constater que c’était un intervalle assez long. »

Les écoles impliquées étaient Calixa-Lavallée, une école publique de Montréal-Nord, et le Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie à Outremont, où la Dre Quach a étudié et que fréquentent ses enfants. « Nous avons eu une très bonne participation, 73 % pour les élèves et plus de 90 % pour les enseignants », dit Yves Petit, directeur du Pensionnat. « Nous avons aussi pu impliquer un peu les enseignants et les élèves, une élève forte en mathématiques a fait quelques analyses. »

La prochaine étape est de voir comment utiliser les tests rapides à plus grande échelle « pour arriver à la phase post-pandémique plus rapidement », dit la Dre Quach. « Ça pourrait être utilisé à la maison par les employés d’une entreprise, par exemple. Il faut voir comment on rapporte les résultats à la Santé publique. Pour le moment, ces tests rapides se vendent sur l’internet à prix d’or, ce n’est pas équitable. Il y a des pays qui en donnent, par exemple l’Angleterre et l’Autriche, qui ont fourni cinq tests rapides par famille avec des instructions de le passer dans certaines circonstances avant d’aller à l’école ou au travail. »

Un plateau au Québec

Stabilité dans le nombre de cas, d’hospitalisations ainsi que de décès : la pandémie de COVID-19 se trouve actuellement sur un plateau au Québec. La province a rapporté lundi 410 nouveaux cas, portant à 551 la moyenne quotidienne calculée sur sept jours. La légère tendance à la hausse qui s’était fait sentir la semaine dernière à la suite de la longue fin de semaine de l’Action de grâce semble ainsi s’estomper. Le nombre de personnes hospitalisées demeure également inchangé, à 303. Du nombre, 77 se trouvent aux soins intensifs. Cinq décès rapportés lundi portent à quatre la moyenne quotidienne. Là encore, le Québec semble observer une certaine stabilité. Quant à la vaccination, un peu plus de 3000 personnes par jour continuent à recevoir leur première dose, contribuant à augmenter la couverture vaccinale de la province. À ce jour, 79 % des Québécois ont reçu au moins une dose et 76,3 % sont pleinement vaccinés.

Pierre-André Normandin, La Presse