Alors que l’administration des doses de rappel de vaccin contre la COVID-19 démarre dans les CHSLD, la résidence privée pour aînés (RPA) Villa de la Châtelaine, à Mascouche, dans Lanaudière, est en proie à une éclosion majeure, avec plus du tiers de ses locataires infectés.

« La situation est suivie de près par nos équipes, et tous les efforts sont en place pour circonscrire cette éclosion », a indiqué la porte-parole du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Lanaudière Pascale Lamy, par courriel.

Vendredi après-midi, 22 des 65 résidants de la Villa avaient déjà reçu un test positif.

« Plusieurs équipes du CISSS (gestionnaires, membres de la prévention et [du] contrôle des infections, personnel de soutien, [de l’]entretien ménager, agent de sécurité) sont présentes sur place », a précisé Mme Lamy.

La directrice de la RPA n’était pas disponible pour répondre aux questions, nous a-t-on indiqué à la réception de la Villa en fin de journée.

L’intervention du CISSS a été faite « en collaboration avec les responsables de la résidence », a précisé Mme Lamy. « On ne parle pas de tutelle, mais bien d’un accompagnement et de soutien aux propriétaires de la résidence. »

La Villa de la Châtelaine est la seule RPA actuellement classée en zone rouge par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

Une autre RPA, Le Riverain, dans Chaudière-Appalaches, est classée orange (7 cas actifs sur les 42 résidants, soit 17 %), et 19 autres sont classées jaune, avec moins de 5 cas actifs. Les 11 CHSLD rapportant une éclosion sont tous classés jaune, avec moins de 10 cas actifs.

Dose de rappel, les CHSLD d'abord

Les résidants de la Villa de la Châtelaine n’ont pas encore reçu de dose de rappel (ou troisième dose) de vaccin. Le CISSS pourra en administrer seulement « lorsque la situation sera revenue à la normale, en conformité avec les règles en vigueur », a fait savoir Mme Lamy.

De façon générale, les doses de rappel seront d’abord administrées en CHSLD, indique-t-on au MSSS.

« La deuxième dose y a été administrée plus tôt que dans les RPA et […] leurs résidants sont plus à risque », a expliqué le porte-parole du MSSS Robert Maranda, par courriel.

« On peut s’attendre à ce que l’administration de la dose de rappel dans les CHSLD prenne son erre d’aller au cours des prochains jours. »

Les CISSS et CIUSSS ont la responsabilité de cette vaccination sur leur territoire, mais le Ministère souhaite qu’elle se fasse « au cours des prochaines semaines » afin que ce soit terminé « lorsqu’il sera possible de vacciner les enfants de 5 à 11 ans ».

En CHSLD, environ 40 000 personnes sont susceptibles de recevoir une dose de rappel, contre 136 000 en RPA et 43 000 en ressources intermédiaires et de type familial (RI-RTF).

Le 14 octobre, le nombre de troisièmes doses administrées dans ces milieux s’élevait à 682 en CHSLD, à 791 en RPA et à 337 en RI-RTF.

Par ailleurs, le nombre d’éclosions actives dans l’ensemble des milieux de soins et de vie de la province, qui était en hausse depuis le début d’août, a commencé à diminuer au début d’octobre, montrent les données de l’Institut national de santé publique du Québec.

Éclosions dans les centres de détention

Les établissements de détention provinciaux de Rivière-des-Prairies et de Sherbrooke sont tous deux en proie à une éclosion, ont confirmé leur centre de santé respectif à La Presse. À Rivière-des-Prairies, 55 personnes incarcérées, huit employés du ministère de la Sécurité publique et un infirmier ont été déclarés positifs depuis le 5 octobre, indique le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal.

Il s’agit de la plus importante éclosion dans ce centre de détention depuis le début de la pandémie.

L’établissement est en confinement, et l’éclosion aggrave le manque de personnel, signale le président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec, Mathieu Lavoie. « Il y a plusieurs quarts en temps supplémentaire obligatoire où les gens sont épuisés », a-t-il indiqué en entrevue téléphonique.

Le CIUSSS de l’Estrie a quant à lui confirmé une éclosion de « plus de cinq cas » au centre de détention de Sherbrooke.

Les délégués syndicaux présents dans les deux établissements font état de bilans plus élevés, a souligné M. Lavoie en fin de journée.

« On demande la même chose », dit Dubé

Mis en demeure vendredi par la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) afin qu’il mette fin au « temps supplémentaire obligatoire » (TSO), le ministre de la Santé et des Services sociaux s’est dit d’accord sur le fond. « Je trouve ça bien, on demande la même chose », a déclaré Christian Dubé en mêlée de presse en Abitibi-Témiscamingue.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux

« Nous [sommes contraints] de vous mettre en demeure de prendre tous les moyens qui s’imposent afin de mettre fin à l’utilisation abusive du temps supplémentaire obligatoire comme mesure de gestion, et ce, d’ici le 15 novembre 2021 », lui a écrit la FIQ.

« Je n’entrerai pas là-dedans parce que, dès qu’on prend une approche légale, je suis obligé de me retirer un peu et de faire attention à mes commentaires », a répondu le ministre Dubé lorsqu’il a été questionné sur le moyen employé par le syndicat. « Mais je peux vous dire qu’aujourd’hui, je n’en veux plus de TSO. Je suis très clair. » L’enjeu est maintenant de « trouver du personnel », a-t-il rappelé.

La FIQ a annoncé en début de semaine qu’elle enverrait des mises en demeure contre le TSO à tous les PDG de CISSS et de CIUSSS, ainsi qu’aux ordres professionnels de ses membres.

Avec la collaboration de Fanny Lévesque, La Presse