Près de 200 personnes se sont rassemblées samedi après-midi à la place Jacques-Cartier, dans le Vieux-Montréal, pour protester contre la vaccination obligatoire des travailleurs de la santé, une mesure qu’une avocate compte défier en cour mardi.

« Expire le 15-10-21 », pouvait-on lire sur les pantalons d’hôpital bleus portés par plusieurs manifestantes à Montréal samedi. Des drapeaux du Québec flottaient dans les airs, des pancartes réclamant la liberté étaient brandies par les marcheurs. La plupart étaient toutefois habillés en tenue de ville.

Différents groupes de mobilisation citoyenne ont organisé la manifestation, dont Québec Pro-Choix et Femmes du Québec au front, qui s’opposent aux mesures sanitaires. Ces groupes craignent que la vaccination obligatoire soit bientôt imposée à plusieurs corps de métier au Québec.

« Nous savons pertinemment que le même sort sera réservé à tous les employés qui offrent un service à la clientèle et qui portent un uniforme ! Alors, il faut se lever tous ensemble contre ces mesures ! », peut-on lire sur la page Facebook de l’évènement.

  • Environ 200 manifestants contre la vaccination obligatoire du personnel de la santé se sont rassemblés à Montréal samedi.

    PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

    Environ 200 manifestants contre la vaccination obligatoire du personnel de la santé se sont rassemblés à Montréal samedi.

  • Environ 200 manifestants contre la vaccination obligatoire du personnel de la santé se sont rassemblés à Montréal samedi.

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    Environ 200 manifestants contre la vaccination obligatoire du personnel de la santé se sont rassemblés à Montréal samedi.

  • Environ 200 manifestants contre la vaccination obligatoire du personnel de la santé se sont rassemblés à Montréal samedi.

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    Environ 200 manifestants contre la vaccination obligatoire du personnel de la santé se sont rassemblés à Montréal samedi.

  • Environ 200 manifestants contre la vaccination obligatoire du personnel de la santé se sont rassemblés à Montréal samedi.

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    Environ 200 manifestants contre la vaccination obligatoire du personnel de la santé se sont rassemblés à Montréal samedi.

  • Environ 200 manifestants contre la vaccination obligatoire du personnel de la santé se sont rassemblés à Montréal samedi.

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    Environ 200 manifestants contre la vaccination obligatoire du personnel de la santé se sont rassemblés à Montréal samedi.

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Une infirmière, qui ne voulait pas être nommée, était venue clamer son indignation quant à la vaccination obligatoire. « Les hôpitaux sont vides », a-t-elle déclaré à La Presse. « On s’en va dans un mur qui s’appelle dictature », a-t-elle ajouté.

Une avocate espère contrer le décret

En parallèle, MNatalia Manole, une avocate montréalaise, a annoncé qu’elle allait déposer mardi une ordonnance de sauvegarde et une demande de contrôle judiciaire au Procureur général du Québec, qui représente le gouvernement du Québec. L’ordonnance de sauvegarde permettrait de suspendre l’application du décret jusqu’à ce que la Cour supérieure se prononce sur sa validité.

On ne conteste pas l’état d’urgence [sanitaire], on ne conteste pas l’efficacité des vaccins. [Si] on conteste, c’est [parce] qu’il y a une violation du droit des travailleurs de la santé, et le fait que le décret n’est pas dans l’intérêt public.

MManole en entrevue avec La Presse, samedi soir

Elle a affirmé représenter entre 150 et 200 travailleurs de la santé de tous les corps professionnels : médecine, psychiatrie, informatique, soins infirmiers, etc. Certaines de ces personnes n’ont pas de contact avec des patients, a-t-elle souligné. « Des milliers de travailleurs de la santé qui n’iront pas au travail le vendredi, ça va créer une situation terrible », dénonce l’avocate.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a réitéré la position de Québec sur la vaccination obligatoire sur son compte Twitter samedi : « Message aux 15 000 employés du réseau de santé non vaccinés, a-t-il gazouillé. Des mesures importantes de réorganisation de services seront annoncées cette semaine. On maintient la position de la Santé publique au 15 octobre pour les 330 000 employés. La seule façon de diminuer les impacts, c’est de se faire vacciner. »

Des décrets difficiles à renverser

Seul le décret sur le couvre-feu concernant la population itinérante a été jugé invalide depuis le début de la pandémie au Québec, rappelle MMarie-Annik Grégoire, professeure en droit de l’Université de Montréal.

J’aurais tendance à penser que pour l’instant, on va donner une présomption de validité au gouvernement.

MMarie-Annik Grégoire, professeure en droit de l’Université de Montréal

Par contre, le fait que le décret s’applique à tous les types de tâches, c’est-à-dire à des employés qui ne sont pas en contact avec des patients vulnérables, « est l’aspect, à mon avis, qui est le plus faible dans le décret. Et c’est peut-être ce qui pourrait le faire tomber », ajoute la professeure.

« Il y a des mesures raisonnables pour protéger les patients, comme les tests de dépistage, qui ne violent pas les droits fondamentaux des travailleurs et qui n’amènent pas un désastre dans le domaine de la santé », estime pour sa part MMalone.

Des manifestants de tous les horizons

Un manifestant, souhaitant garder l’anonymat, a marché pour marquer son opposition à la vaccination obligatoire et à la mise en place du passeport vaccinal. Il croit que ces mesures imposées par le gouvernement sont « abusives » et qu’elles engendrent de la « discrimination ».

Une enseignante est venue marcher avec ses deux filles, « pour leur avenir ». « Au lieu d’aller en prévention, [le gouvernement] nous donne juste des traitements », a-t-elle affirmé, en disant que la promotion des saines habitudes de vie devrait être effectuée, plutôt que celle du vaccin.

« Le droit de refuser toute intervention médicale est un droit fondamental », a déclaré une autre manifestante, vêtue d’une blouse médicale blanche, ayant demandé l’anonymat. « On devrait vivre dans le respect de la diversité de chacun », a-t-elle renchéri.

Les manifestants ont marché dans les rues du centre-ville, à partir du Vieux-Montréal, jusqu’au square Dorchester. Devant le palais de justice de Montréal, le groupe de protestataires s’est arrêté, criant Shame on you ! (« Honte à vous ! »).

Une forte présence policière a été déployée lors de la manifestation. Aucun débordement n’a toutefois eu lieu, a affirmé le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) en fin de journée.