Les vaccins contre la COVID-19 ont une efficacité de plus de 97 % contre les décès et de 92 % contre les hospitalisations, même en présence du variant Delta, indique une nouvelle étude de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) publiée mercredi. Qui plus est, cette excellente efficacité vaccinale est aussi durable.

Parmi les 181 personnes ayant succombé à la COVID-19 entre le 14 mars et le 11 septembre 2021, seules 3 avaient reçu deux doses de vaccin, ce qui se traduit par une efficacité vaccinale contre les décès de plus de 97 %.

« C’est très bon. Les données sont très comparables aux études cliniques des différents fabricants et des données qui sont publiées un peu partout dans différents pays », a affirmé Alain Lamarre, professeur-chercheur spécialisé en immunologie et virologie à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).

Les résultats montrent une très bonne efficacité vaccinale de plus de 92 % contre les hospitalisations, quel que soit le vaccin utilisé. Cette efficacité est élevée contre toutes les souches du virus, y compris le variant Delta.

« Ça montre une excellente protection contre les hospitalisations [en présence du] variant Delta. Les résultats sont aussi élevés que ce que l’on espérait », a affirmé le DGaston De Serres, épidémiologiste de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et membre du Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ).

AstraZeneca au bas du classement

L’efficacité vaccinale contre les infections peu sévères est plus faible avec le vaccin d’AstraZeneca.

En effet, l’efficacité vaccinale contre toutes les infections est d’au moins 90 % chez les individus dont au moins une des deux doses était un vaccin à ARNm (Pfizer ou Moderna). Néanmoins, l’efficacité est de 82 % chez ceux ayant reçu deux doses d’AstraZeneca.

En présence du variant Delta, l’efficacité vaccinale diminue à 80 % chez les individus dont au moins une des deux doses était un vaccin à ARNm et à 66 % chez ceux vaccinés avec deux doses d’AstraZeneca.

La bonne nouvelle, c’est qu’au chapitre des hospitalisations, AstraZeneca performe très bien. C’est seulement pour les infections moins sévères que c’est un peu plus faible.

Le DGaston De Serres, épidémiologiste de l’Institut national de santé publique du Québec

Le CIQ a été informé des résultats de l’étude. Il n’est pas fermé à l’idée d’une troisième dose avec un vaccin à ARNm pour les personnes ayant eu deux doses d’AstraZeneca. « Les discussions viennent de commencer. On n’a pas de conclusion pour le moment », a précisé le DDe Serres.

Une stratégie efficace

Selon la nouvelle étude de l’INSPQ, l’efficacité vaccinale contre les infections augmente lorsque l’intervalle entre les doses est plus long puis semble plafonner à partir de sept semaines. « La stratégie du gouvernement d’augmenter le délai entre les deux doses était donc une bonne idée », a soutenu M. Lamarre, de l'INRS.

La stratégie de vaccination du Québec visait d’abord à protéger avec une première dose les personnes présentant le risque le plus élevé de contracter une maladie grave ou de mourir ainsi que les travailleurs de la santé en contact avec des patients vulnérables.

Cette décision semble mettre le Québec en meilleure position que d’autres pays, comme les États-Unis et Israël, qui ont respecté l’intervalle recommandé par les fabricants. Israël se retrouve avec une hausse des cas et administre une troisième dose de vaccin à sa population, tandis que la quatrième vague frappe fort chez nos voisins du Sud.

La grande majorité des Québécois ont reçu les deux doses avec un intervalle plus grand que sept semaines. Il semble qu’on va bénéficier d’une protection supérieure.

Le DGaston De Serres, épidémiologiste de l’Institut national de santé publique du Québec

Rappelons qu’un délai de trois semaines était recommandé pour le vaccin de Pfizer-BioNTech et quatre semaines pour celui de Moderna.

Un délai plus long était particulièrement bénéfique avec le vaccin d’AstraZeneca. En effet, avec un délai de trois semaines entre les deux doses, l’efficacité vaccinale pour toutes les infections avec AstraZeneca était de 47 %. Cette efficacité augmentait à 92 % avec un délai de 16 semaines.

« Cette augmentation d’efficacité n'est pas négligeable. En plus, cette stratégie a permis de vacciner plus de personnes avec une dose dès le départ », a indiqué M. Lamarre.

Une efficacité persistante

L’efficacité vaccinale reste plutôt stable au cours des mois qui suivent la deuxième dose.

« Ces données démontrent que la population en général n’a pas besoin de troisième dose pour le moment, mais il faut continuer de suivre la situation de près. C’est certain que l’efficacité va descendre, puisqu’il y a toujours une diminution de la réponse immunitaire avec le temps », explique M. Lamarre.

Ces données ne comprennent toutefois pas les gens qui vivent dans les résidences pour aînés et les CHSLD. « Ces personnes sont souvent plus âgées et plus fragiles, et donc on vient de donner une recommandation pour qu’elles aient une troisième dose », a expliqué le DDe Serres.

À ce jour, 6,7 millions de Québécois ont reçu au moins une première dose, soit 77,9 % de la population. Du nombre, 6,3 millions en ont reçu deux, soit 73,4 % des Québécois.

La baisse se poursuit

La tendance à la baisse de la COVID-19 s’est poursuivie mercredi dans la province. Le Québec a rapporté 594 nouveaux cas. Les nouveaux cas portent à 650 la moyenne quotidienne calculée sur sept jours. La tendance est ainsi à la baisse de 11 % sur une semaine.

Les plus récentes données dans la province font état de 7 nouveaux décès, ce qui porte à 4 la moyenne quotidienne des décès sur sept jours. La tendance est ainsi stable depuis une semaine. Depuis le début de la pandémie, 11 369 Québécois ont succombé à la COVID-19.

Le nombre d’hospitalisations a diminué : 306 personnes sont hospitalisées, soit 15 de moins que la veille. On compte 91 personnes aux soins intensifs, contre 94 un jour plus tôt.

Avec Pierre-André Normandin, La Presse