Le 1er septembre, Kevin Smith Chartree a été déclaré positif à la COVID-19. Vendredi dernier, 23 jours plus tard, l’homme de 27 ans et père de deux enfants a succombé au virus. Il n’avait reçu qu’une dose de vaccin avant de contracter la maladie. Avant sa mort, il a imploré ses proches de se faire vacciner.

« Kevin n’avait aucun problème de santé, il était très en forme et adorait la vie », a écrit à La Presse sa sœur, Korine Smith.

Quelques jours après avoir reçu son résultat positif, le 5 septembre, Kevin Smith Chartree a été hospitalisé à l’hôpital de Saint-Jérôme.

« La COVID, j’y croyais pas j’en riais. Ce matin dû à la haute pression, mon cœur battait à 234 battements minute, mon cœur a lâché à deux reprises. Merci à mon père d’avoir contacté les urgences, car je ne l’aurais pas fait moi-même », a écrit l’homme sur sa page Facebook, plus tard dans la même journée. Il a publié une photo où on le voit alité, des fils apposés sur son torse.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE KEVIN SMITH CHARTREE

Kevin Smith Chartree a été hospitalisé une première fois le 5 septembre.

Selon lui, la COVID-19 était une grippe passagère ou une maladie qui touchait les personnes âgées, indique sa sœur.

Trois jours plus tard, il a signé un refus de traitement afin de retourner chez lui, puisqu’il se sentait mieux. Au courant de la nuit, il a commencé à être fiévreux. Le soir du 9 septembre, son colocataire a appelé les urgences.

« Il a été plusieurs heures en détresse respiratoire, à l’arrivée des ambulanciers, le taux d’oxygène de Kevin était presque à zéro ! Son coloc a dû pratiquer le massage cardiaque en attendant l’arrivée des ambulanciers, mais il était déjà trop tard. Kevin est resté trop longtemps sans soins », raconte Korine Smith.

À son arrivée au centre hospitalier, Kevin était déjà dans le coma. « C’est là que ses deux semaines de souffrance ont commencé », se remémore sa sœur.

Ses poumons ont été gravement affectés. Le malade est demeuré sous respirateur artificiel pendant les semaines où il a été plongé dans un coma profond.

Le 19 septembre, ses proches sont venus à son chevet. « Chaque jour, nous étions à ses côtés, et malheureusement, le vendredi 24 septembre, Kevin a poussé son dernier souffle », explique sa sœur.

Kevin Smith Chartree est la première personne dans la vingtaine à mourir de la COVID-19 depuis le 7 avril dernier. Selon des données du ministère de la Santé et des Services sociaux, il est la huitième victime de ce groupe d’âge.

« Pas un antivax »

La mort de Kevin a entraîné une onde de choc dans son entourage. Des dizaines de messages lui rendant hommage ont été publiés sur les réseaux sociaux.

« C’est important d’être vacciné, je suis sûr à 100 % qu’il s’en serait sorti avec ses deux doses », a écrit à La Presse un membre de la famille du défunt, qui n’a pas voulu être nommé.

« Il était inquiet par rapport au vaccin, oui, mais tout ce qu’il voulait, c’était voir comment les gens allaient y réagir pour être sûr que c’était safe pour lui et ses proches avant de les encourager à se faire vacciner. Ce n’était pas un antivax, il m’a dit de le faire avant de partir et je vais le faire », poursuit-il.

Le malade avait l’intention de recevoir sa deuxième dose de vaccin une fois rétabli pour partir en voyage, précise le proche. « Il était aimé de tout le monde. Il était un bon vivant et profitait de la vie », se remémore-t-il.

Kevin agissait en leader, raconte Michelina Mastrogiacomo, intervenante psychosociale qui a rencontré l’homme au courant de son adolescence. « Il avait un très gros impact sur les jeunes », affirme Mme Mastrogiacomo.

« On a perdu une rock star, de même », illustre-t-elle. Kevin était une personne soucieuse des autres, dit-elle.

Malgré une enfance parsemée d’embûches, il faisait preuve d’une grande résilience, indique l’intervenante. « Il a toujours travaillé dans sa vie », dit-elle, en précisant que Kevin œuvrait dans le domaine de la construction.

À la mémoire de Kevin, ses proches veulent inciter toute personne à se faire vacciner.

« Dans ses derniers souhaits, [il a dit] : je vous aime, ça existe vraiment [la COVID-19], j’ai été le premier à ne pas y croire, je me suis planté solide, allez vous faire vacciner. Les deux doses sont importantes », évoque Mme Mastrogiacomo.

« On est une gang à changer de position parce que Kevin nous le demande », poursuit-elle. L’intervenante ira recevoir sa deuxième dose de vaccin.

Avec Tristan Péloquin et Pierre-André Normandin, La Presse