Les hospitalisations continuent d’augmenter rapidement au Québec, particulièrement aux soins intensifs, en raison de la COVID-19. Sur 16 personnes admises aux soins intensifs jeudi, aucune n’avait été vaccinée.

La province a rapporté vendredi 837 nouveaux cas ainsi que 3 décès supplémentaires. Cette quatrième vague touchant le Québec est principalement alimentée par le variant Delta. Celui-ci représente maintenant plus des deux tiers des nouveaux cas de COVID actuellement dépistés.

On recense en ce moment 262 personnes hospitalisées, soit 6 de plus que la veille. De ce nombre, 95 se trouvent aux soins intensifs. C’est 8 de plus que la veille.

Le nombre des séjours aux soins intensifs a augmenté du tiers en une semaine, signe que la pression sur le réseau hospitalier s’accentue. Une personne admise aux soins intensifs passera en moyenne 18,8 jours à l’hôpital.

Une progression qui n’étonne pas la Dre Maryse Guay, médecin-conseil à la Direction de santé publique de la Montérégie et membre du Comité sur l’immunisation du Québec.

En ce qui concerne « l’impact sur les hospitalisations et les soins intensifs, il y a un délai de deux à trois semaines entre la montée des cas [et l’augmentation des hospitalisations]. On en est là », affirme Mme Guay.

Les non-vaccinés surreprésentés

La hausse des hospitalisations se concentre chez les non-vaccinés. Bien qu’ils représentent moins du quart de la population, ils représentent les trois quarts des hospitalisations. Ils sont en effet en moyenne 23 non-vaccinés par jour à devoir être admis à l’hôpital après avoir contracté la COVID-19. Cela représente un taux de 11,3 hospitalisations par million de non-vaccinés. En comparaison, 6 personnes pleinement vaccinées sont admises à l’hôpital quotidiennement, soit 1 par million de pleinement vaccinés.

« Ceux qui rentrent aux soins intensifs en ce moment, ce sont uniquement des non-vaccinés. Alors si j’ai un message à passer c’est : si vous voulez nous aider à passer à travers cette vague-là, s’il vous plaît, allez vous faire vacciner », a indiqué vendredi le ministre de la Santé, Christian Dubé, en marge d’une annonce à Lévis sur l’agrandissement du bloc opératoire à l’hôpital Hôtel-Dieu.

Le variant Delta tend à provoquer des symptômes plus graves que les souches précédentes et peut ainsi entraîner une augmentation du nombre d’hospitalisations, particulièrement chez les personnes non vaccinées, résume Benoit Barbeau, virologue et professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal.

« La différence [entre une personne vaccinée et non vaccinée] va se faire sentir de plus en plus, de façon plus prononcée », déclare M. Barbeau, en évoquant les hospitalisations et les admissions aux soins intensifs.

Québec appréhende une hausse marquée des hospitalisations au cours de la prochaine semaine, notamment aux soins intensifs, en raison de l’augmentation soutenue du nombre de cas. La tendance des nouveaux cas demeure à la hausse à 16 %, mais celle-ci marque un certain ralentissement. La tendance est en légère hausse pour les décès.

À ce jour, 72 % des Québécois de tous âges ont reçu deux doses de vaccin.

« On savait qu’il y avait des risques »

Au moins 20 000 travailleurs du réseau public de la santé et des services sociaux, dont 10 000 sont en contact avec des patients, ne seront vraisemblablement pas pleinement vaccinés lors de l’entrée en vigueur de la vaccination obligatoire le 15 octobre. Le ministre Dubé garde la ligne dure : les travailleurs non vaccinés seront suspendus sans solde.

La Presse rapportait jeudi que des milliers de départs étaient aussi à prévoir dans le réseau privé de la santé.

« On savait qu’il y avait des risques », a réagi M. Dubé en évoquant la décision de son gouvernement de rendre la vaccination obligatoire. Il a demandé aux patrons des CISSS et des CIUSSS de se préparer à remplacer les départs en préparant des plans d’urgence et de réorganisation des services.

Jeudi, le ministre s’est engagé à ce que les ruptures de services dans le réseau soient évitées.

Parlez-moi pas de bris de service. Moi, je vous parle de réorganisation de services. C’est très différent. Je m’engage que les gens n’auront pas de bris de service, mais on va se réorganiser. Parce que la vaccination obligatoire, pour la santé, je ne bougerai pas là-dessus.

Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux, en mêlée de presse

Vendredi, alors qu’une rupture de services est à prévoir à Senneterre, en Abitibi, le ministre a réaffirmé qu’il fallait privilégier la planification de ces interruptions.

La situation demeure tendue dans les hôpitaux. « Sans parler de bris de service, certaines activités doivent être réorganisées temporairement, dont le bloc opératoire de l’Hôpital général du Lakeshore qui a dû fermer deux salles », dit la porte-parole du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, Mélanie Araos. Différents scénarios sont en préparation en vue du 15 octobre, ajoute-t-elle.

Hausse des cas chez les jeunes

Le Québec observe une forte hausse des cas chez les jeunes d’âge scolaire. On recense en moyenne chaque jour 260 nouveaux cas chez les moins de 20 ans, en hausse de 27 % depuis une semaine.

D’ailleurs, 763 écoles ont actuellement au moins un cas actif, soit un peu plus du quart des écoles de la province. C’est une centaine de plus en une semaine.

Faute de personnel, la Direction régionale de santé publique (DRSP) de Montréal a accumulé du retard dans l’identification des personnes qui ont un risque modéré ou faible de contracter la COVID-19 en raison d’un contact avec une personne infectée dans un établissement d’enseignement postsecondaire. La progression importante du virus explique le manque d’effectif.

Jusqu’au 24 septembre, des courriels automatisés demanderont au personnel des écoles d’études supérieures d’identifier les personnes qui auraient pu être en contact avec la ou les personnes infectées.

Les contacts étroits sont toujours identifiés par la DRSP.

Avec Coralie Laplante, La Presse

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Les tests rapides dans 10 régions du Québec

Les tests rapides de dépistage contre la COVID-19 seront déployés dans 10 régions du Québec, a annoncé vendredi le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). Initialement, ces tests devaient être déployés dans quatre quartiers chauds de la région du Grand Montréal. Au total, près de 1600 établissements de niveau préscolaire et primaire bénéficieront des tests rapides. Les régions de la Mauricie, du Centre-du-Québec, de l’Estrie, de Montréal, de Laval, de Lanaudière, des Laurentides et de la Montérégie, ainsi que les MRC de Beauce-Sartigan, Appalaches et Etchemins de Chaudière-Appalaches, recevront des tests rapides. Une fois l’outil de dépistage déployé dans ces 10 régions, « le déploiement se poursuivra dans toutes les écoles primaires du Québec d’ici quelques semaines », indique le MSSS.

Coralie Laplante, La Presse