(Québec) Bien que l’obligation vaccinale « fasse partie de l’arsenal disponible » pour lutter contre la pandémie, une telle mesure risque de renforcer la position des réfractaires. Les résultats de programmes de vaccination obligatoire sont par ailleurs incertains, selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

L’INSPQ estime que la vaccination obligatoire des travailleurs de la santé est une « stratégie exceptionnelle à considérer » à condition que des interventions de sensibilisation se poursuivent sur le terrain pour convaincre les hésitants. Les sanctions ne doivent pas non plus « pénaliser de manière disproportionnée » les employés.

Mais il est bien difficile de mesurer les effets d’une vaccination obligatoire sur la couverture vaccinale. Dans les pays où certains vaccins sont obligatoires, « l’efficacité est variable », a expliqué la présidente-directrice générale de l’INSPQ, Nicole Damestoy, au dernier jour de la commission parlementaire sur la vaccination obligatoire du personnel soignant et d’autres « catégories de travailleurs qui sont en contact prolongé avec les citoyens ».

Par ailleurs, on ne dispose pas de suffisamment de recul pour évaluer le résultat de la vaccination obligatoire dans le contexte de la COVID-19 imposée dans d’autres pays comme le Royaume-Uni, la France et la Grèce, a-t-elle ajouté.

L’obligation peut au contraire « avoir un effet de rebond » chez les personnes « très fortement » opposées à la vaccination. « Cette approche va fonctionner chez les gens qui sont un peu hésitants, qui ont des doutes, des craintes », a illustré Ève Dubé, anthropologue spécialiste de l’hésitation vaccinale.

Selon les sondages menés par l’INSPQ, la proportion de la population québécoise hésitante face à la vaccination est passée de 15 à 7 % au printemps dernier. Or, plus cette proportion diminue, « plus les attitudes face à la vaccination se polarisent ».

Pour ce qui est d’étendre la vaccination obligatoire aux enseignants, l’INSPQ est d’avis que « les critères […] ne sont pas nécessairement au rendez-vous » à l’heure actuelle. Jeudi, le DHoracio Arruda avait indiqué que la Santé publique ne recommandait pas de prendre cette mesure pour l’instant. Ce n’est pas non plus l’intention du gouvernement Legault à ce stade.

« Merci à tous les membres de la commission parlementaire et aux intervenants, a écrit sur Twitter mercredi soir le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé. La recommandation de la [Santé publique] sera finalisée la semaine prochaine. »

« Protéger les enfants »

L’Association québécoise des centres de la petite enfance s’est prononcée pour la vaccination obligatoire des éducatrices. « C’est de notre responsabilité de protéger les enfants », a fait valoir la directrice générale de l’association, Geneviève Bélisle. On propose cependant d’offrir « des accommodements » aux éducatrices qui refuseraient de se faire vacciner, par exemple un dépistage régulier.

La Fédération des cégeps et le Bureau de coopération interuniversitaire ont exprimé avoir « ce qu’il faut pour avoir une rentrée sécuritaire », notamment avec l’imposition du masque en classe, et ne voit pas, à ce stade, l’utilité d’imposer la vaccination sur les campus.

Selon la Fédération autonome de l’enseignement, le gouvernement doit « faire la démonstration que d’imposer la vaccination au personnel enseignant » est nécessaire alors que « certains des élèves et leurs parents ne sont pas vaccinés ». Le président de la fédération syndicale, Sylvain Mallette, estime que « ça peut donner un faux sentiment de sécurité ». La Centrale des syndicats du Québec a aussi parlé de cette crainte.

Dans la plupart des milieux où s’appliquerait la vaccination obligatoire, on a dit craindre les ruptures de services en raison de la pénurie de main-d’œuvre.

Il n’est pas prévu que la Commission de la santé et des services sociaux soumette des recommandations au gouvernement, ce qui a été décrié par les partis de l’opposition.