La quatrième vague due au variant Delta risque d’engorger davantage les hôpitaux que les précédentes, appréhende l’Agence de la santé publique du Canada. Seule une augmentation de la couverture vaccinale, surtout chez les jeunes, pourrait permettre d’éviter ce scénario.

Santé Canada a ainsi présenté cette semaine aux directions de santé publique à l’échelle du pays sa plus récente modélisation de la pandémie. Et les projections qui seront rendues publiques la semaine prochaine, dont La Presse a pris connaissance, sont inquiétantes.

Devant la hausse actuelle observée, on estime que les nouveaux cas quotidiens pourraient passer de 2200 à 9000 dès le début de septembre, peut-on lire dans le document. Et à moins d’un resserrement des mesures, le Canada pourrait en compter 45 000 par jour à la mi-octobre.

Autant de cas risquent de se traduire par une hausse marquée des hospitalisations. Santé Canada appréhende en effet d’importantes éclosions chez les non-vaccinés, principalement dans les centres urbains. Ainsi, si la couverture des groupes admissibles demeure à 79 %, l’Agence craint que le pays puisse dépasser en janvier le seuil des 31 hospitalisations pour 100 000 habitants, soit la capacité hospitalière théorique au pays. Si tel était le cas, ce serait nettement plus élevé que lors des précédentes vagues.

« La quatrième vague devrait entraîner plus d’hospitalisations que les précédentes vagues – en l’absence de la remise en place de mesures comme la distanciation ou des fermetures restrictives », peut-on lire dans le document.

Nuances et incertitudes

Alors, sommes-nous condamnés à subir un automne aussi déroutant que celui de l’an dernier ? « La difficulté dans ce genre d’analyse, c’est qu’on ne sait pas trop exactement comment le vaccin va pouvoir tenir bon et limiter l’infection », affirme Benoit Barbeau, virologue et professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal.

La progression actuelle du virus sera aussi déterminante pour la suite de la quatrième vague.

[Le nombre de cas] augmente graduellement, puis c’est certain qu’avec la rentrée scolaire, on devrait avoir une plus grande transmission.

Benoit Barbeau, virologue et professeur

Les experts sont toutefois unanimes sur le fait que le variant Delta, plus contagieux, contribue à l’augmentation des infections de coronavirus au Québec.

« Le virus Delta est très virulent. Une personne va en infecter six ou huit, ça va beaucoup plus vite », explique André Veillette, professeur en médecine et directeur de l’unité de recherche en oncologie moléculaire de l’Institut de recherches cliniques de Montréal.

Le professeur indique que les personnes non vaccinées seront nettement plus touchées par la quatrième vague, mais que les personnes vaccinées peuvent tout de même transmettre le virus.

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Afin d’aplatir l’inquiétante courbe, l’administratrice en chef de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, profitera de la présentation de ces projections pour présenter cette semaine une nouvelle cible de vaccination. Déjà, la modélisation estime qu’augmenter à 83 % la vaccination des groupes admissibles permettrait d’éviter de dépasser la capacité hospitalière. L’accent sera particulièrement mis sur les jeunes adultes, qui affichent un taux de vaccination plus faible, à 72 %.

« L’ampleur de la quatrième vague peut être réduite par une vaccination plus importante chez les plus jeunes et une plus grande détection des cas », poursuit le document fédéral.

Si vous allez chercher 85 % [de vaccination] et plus, c’est certain que ça va diminuer la chance qu’une personne soit infectée, mais surtout, qu’elle puisse développer des symptômes graves qui mèneraient à une hospitalisation.

Benoit Barbeau, virologue et professeur

André Veillette rappelle également que le port du masque est toujours de mise particulièrement à l’intérieur, même pour les personnes vaccinées.

La hausse se poursuit au Québec

Ces projections fédérales s’inscrivent dans la tendance à la hausse que continue à vivre le Québec. La province a rapporté vendredi 612 nouveaux cas, ce qui porte la moyenne quotidienne à 502. Les cas sont en hausse de 22 % sur une semaine.

Les jeunes adultes de 20 à 29 ans continuent à enregistrer le plus de nouveaux cas, mais une forte hausse se fait de plus en plus sentir chez les 40 à 59 ans. Ce groupe compte en moyenne 94 cas quotidiens, en hausse de 43 % sur une semaine.

Cette augmentation du nombre de cas n’est pas sans conséquence : le nombre d’hospitalisations dans ce groupe d’âge a plus que doublé au Québec en une semaine (+ 129 %).

La province recense actuellement 126 personnes hospitalisées en raison de la COVID, soit 7 de plus que la veille. Du nombre, 36 se trouvent aux soins intensifs.

La journée de mercredi a été particulièrement pénible dans les hôpitaux, alors qu’on a enregistré 27 nouvelles hospitalisations, dont 7 aux soins intensifs. Il faut remonter à mai pour trouver une journée ayant recensé autant d’hospitalisations dues à la COVID-19.

Malgré la hausse du nombre des cas et des hospitalisations, le Québec n’a rapporté vendredi aucune mort supplémentaire.

Par ailleurs, la campagne de vaccination continue à perdre en vitesse, peu à peu. Le Québec administre en moyenne 34 600 doses par jour. À ce jour, 6,5 millions de Québécois ont reçu au moins une dose, soit 75,1 % de la population. Du nombre, 5,8 millions en ont reçu deux, soit 68 % de la population.

Avec Coralie Laplante, La Presse

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