Six fois moins de décès et deux fois moins d’hospitalisations, malgré une hausse des cas… La COVID-19 s’est nettement moins fait sentir ces deux derniers mois que l’été dernier, une illustration de l’impact de la vaccination, selon les experts.

Signe que la pandémie se fait moins sentir cet été, le Québec n’a enregistré aucun décès attribué au coronavirus lors de 38 des 70 derniers jours. Entre le 15 juin et le 24 août, 45 personnes au total ont succombé à la COVID-19. À titre comparatif, le virus a fait 277 victimes l’été dernier et seulement sept jours avaient été exempts de mort liée à la pandémie.

Pour la période estivale qui s’achève, 346 personnes au total ont dû être hospitalisées en raison de la COVID-19, contre 730 l’an dernier. Mais le nombre de cas a grimpé cette année, avec 13 040 personnes infectées lors des mois chauds, par rapport à 7738 en 2020.

La forte baisse des décès et des hospitalisations est « exactement ce qu’on attendait de la vaccination », commente Marie-Pascale Pomey, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal. Mais cela n’empêche pas la COVID-19 de circuler dans la population.

Les vaccins permettent aux personnes de cohabiter avec le virus, sans qu’il devienne grave pour la santé.

Marie-Pascale Pomey, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal

Les infections augmentent plus qu’on ne le pense, estime toutefois André Veillette, professeur de médecine et directeur de l’Unité de recherche en oncologie moléculaire de l’Institut de recherches cliniques de Montréal. La faible propension des personnes vaccinées à se faire tester explique la sous-estimation des cas, selon lui.

Jeudi, la province a enregistré 603 nouveaux cas sur son territoire, ce qui a porté à 490 la moyenne quotidienne du nombre de cas calculée sur sept jours. La tendance est en hausse de 23 % sur une semaine. Les hospitalisations ont grimpé du tiers en une semaine, avec un total de 119 personnes hospitalisées actuellement.

Le ministre Christian Dubé a affirmé sur Twitter que les données récentes montraient l’« efficacité de la vaccination ». Selon les chiffres du ministère de la Santé et des Services sociaux, les personnes qui ne sont pas pleinement vaccinées ont 8 fois plus de risque d’attraper le virus et 20 fois plus de risque d’être hospitalisées.

Virus transmis aux grands-parents

L’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux a souligné jeudi que la tendance à la hausse qui se poursuit depuis six semaines touchait plus particulièrement les Montréalais et les enfants de 0 à 11 ans.

Le fait que cette montée des cas survient avant le retour en classe inquiète André Veillette. « Les enfants peuvent transmettre le virus à leurs grands-parents, qui auraient peut-être besoin d’une troisième dose », soutient-il. Il est surpris qu’une discussion publique tarde à venir au sujet d’une telle dose de rappel pour les plus vulnérables. « On n’est pas obligé d’attendre que les cas montent en CHSLD », fait-il valoir.

Étant donné que les enfants ne sont pas à l’abri du virus et sont susceptibles de développer la « COVID longue », André Veillette espère que la vaccination pour les moins de 12 ans sera possible avant la fin de l’année.

Le Québec affiche actuellement un taux de propagation quotidien de 5,8 nouveaux cas pour 100 000 habitants. Il devrait franchir ce vendredi le cap des 6 nouveaux cas pour 100 000 habitants, qui marquait l’an dernier le seuil de la zone orange. Le gouvernement maintient toutefois pour le moment les règles de zone verte pour l’ensemble de la province.

« La quatrième vague va s’éterniser »

Les Québécois doivent s’attendre à un automne marqué par la pandémie, prévient André Veillette. « La quatrième vague va s’éterniser », estime-t-il, prévoyant que le Québec suivra la tendance actuelle de l’Angleterre, avec de « multiples vaguelettes, comme la houle sur la mer ».

« Il va y avoir une augmentation des hospitalisations, surtout chez les non-vaccinés, avance le professeur. Et c’est évident qu’il y en a, parmi ces gens, qui vont mourir. » En raison du taux de vaccination plus faible dans certains groupes d’âge, les victimes du virus seront plus jeunes, selon André Veillette.

Nez qui coule, symptôme à surveiller ?

Dans le guide COVID-19 du 24 août destiné aux écoles et aux garderies, l’écoulement nasal ne figure pas parmi les symptômes à surveiller. « Le nez qui coule ou le nez bouché » étaient toutefois cités dans le guide pour les parents datant de janvier 2021. Si différents facteurs peuvent provoquer un écoulement nasal lors de la saison froide, Marie-Pascale Pomey appelle à la prudence. « Dans le doute, avec le virus qui circule, il vaut mieux aller se faire tester », soutient-elle.

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