Aucun cas de COVID-19
Une résidence qui a de quoi célébrer
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE
Dimanche dernier, les passants qui déambulaient à l’angle des avenues Outremont et Bernard se demandaient d’où provenaient les éclats de rire retentissants. D’un mariage ? D’une fête de quartier ? Au beau milieu de la rue, une centaine de visages souriants. Des tables bien mises aux nappes colorées. Les convives – les occupants de la Résidence Outremont – prenaient du bon temps. Ils soulignaient une grande victoire. « Les personnes âgées en résidence et ceux qui les soignent ont fait beaucoup de sacrifices durant la crise, estime Line Vincelli (à droite, avec la robe fleurie), à l’origine de la fête. « Je leur avais promis une vraie lumière au bout du tunnel. »
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Line Vincelli a voulu organiser une fête grandiose pour rattraper les soupers d’anniversaire manqués, les rencontres en famille annulées et les câlins dont la pandémie a privé ses 34 résidants. Pour récompenser sa « seconde famille », elle a mis le paquet. Gazon tapissé de fleurs, tapis rouge et petits plats préparés avec amour par le cuisinier de la résidence d’Outremont. Salade de canneberges et fromage bleu, brochettes de poulet sauce tzatziki et légumes du jardin. Tout pour maintenir la bonne humeur des dames aux sourires aussi éclatants que leurs brushings blancs impeccables.
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Renée Messier fredonne avec entrain les paroles grivoises d’une chanson québécoise d’antan. « On a vraiment du fun », s’exclame-t-elle d’un ton jovial. Après de longs mois d’inquiétude ponctués de périodes d’isolement, le déconfinement a ramené la joie de vivre dans le cœur des aînés de la résidence d’Outremont et a permis des retrouvailles avec la famille et les proches. Sur la photo, Jérémie Tremblay danse avec ses proches.
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Au pic de la pandémie, bien avant le début de la campagne de vaccination, les hospitalisations se multipliaient. Line Vincelli, infirmière et directrice de la Résidence Outremont, a été intransigeante. Pour protéger les 34 occupants, elle a interdit les va-et-vient des proches. Le personnel soignant est demeuré le même tout au long de la crise pour ne pas laisser entrer le virus. Les 16 employés ont fait preuve de vigilance. « J’en ai pris soin comme de ma propre famille, car ils ne pouvaient pas voir la leur. Les enfants des résidants me les ont confiés. J’ai tout fait pour sauver leurs parents. »
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Isabelle Lamontagne, venue à la fête avec sa sœur Martine, semblait enchantée de voir sa mère atteinte d’alzheimer se déhancher sur la piste de danse. À 79 ans, Pierrette Lamontagne est la plus jeune de la Résidence Outremont. Sa fille ne pouvait être à ses côtés durant la crise, mais l’absence de transmission de COVID-19 à l’intérieur des murs de la résidence la rassurait. « Des histoires d’horreur, on en lisait chaque jour dans les journaux. Ça fait du bien de pouvoir se dire qu’on a été épargnés. »
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Musique rétro, champagne et excès de table. « On se croirait dans un bistro européen et non dans une résidence pour personnes âgées », s’émerveille Jacqueline Etcheverry, une résidante, qui danse ici avec son beau-frère Roland Van Daele.
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L’heure est aussi à la danse pour Jenny Christoph (au centre), qui passe du tango au twist avec aisance. Elle n’a pas quitté la piste et s’égosille en tapant des mains quand le chansonnier entonne Sweet Caroline , de Neil Diamond. Les résidants ont gardé le meilleur pour la fin. Pour remercier leur famille venue célébrer avec eux, ils présentent une chorégraphie de leur cru sur l’air de Stayin’ Alive , des Bee Gees. « Parce qu’on est restés vivants », explique Louise Raymond, résidante depuis juin 2020.
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Vers 19 h, la fête continue. Mais entre les pas de danse effrénés, les cliquetis des flûtes de champagne et la musique des Bee Gees se profile une menace invisible : le variant Delta. Le nombre de cas qui grimpe au lieu de dégringoler. « On n’est pas sortis du bois. Il y a encore le Delta. On est tous doublement vaccinés, mais ça nous inquiète ici. Ça nous rappelle de ne pas lâcher », assure Mme Vincelli.
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La pandémie a fait réfléchir les Québécois sur l’importance de vieillir dans le confort et la dignité. On parle des futures maisons des aînés, de sortir du carcan « déprimant » des CHSLD, évoque Mme Vincelli, qui partage ici une danse avec sa mère Noëlla Jodoin. « On devrait pouvoir avoir des fêtes comme ça dans la rue, des résidences avec une trentaine de patients, le même personnel, une qualité de vie qui ne diminue pas juste parce qu’on est vieux. Ça ne devrait pas être déprimant devoir mettre son père ou sa mère en résidence. »
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Zéro cas. Zéro éclosion. Zéro décès en 17 mois de pandémie. Le personnel et les occupants de la Résidence Outremont ont célébré en grand leur victoire sur le virus dimanche dernier. Même si la bataille contre la COVID-19 n’est pas terminée, les convives s’en sont donné à cœur joie lors d’une grande fête extérieure organisée par la directrice de l’endroit.