(Québec) Le gouvernement Legault ne présentera pour l’instant qu’une partie des modalités liées au déploiement d’un passeport vaccinal à compter du 1er septembre au Québec. Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, doit préciser ce mardi de nouveaux détails entourant la mise en œuvre d’un tel laissez-passer pour éviter un reconfinement généralisé.

Le premier ministre François Legault a confirmé jeudi que Québec irait de l’avant avec l’implantation d’un passeport vaccinal afin que les personnes pleinement vaccinées soient « capables de vivre une vie quasi normale ». Il a promis que le ministre de la Santé en préciserait les modalités cette semaine, à son retour de vacances.

L’annonce viendra à 13 h ce mardi, à Montréal, alors que M. Dubé fera le point sur l’évolution de la pandémie au Québec. Le ministre sera accompagné du conseiller médical stratégique à la Direction générale de santé publique, le DYves Jalbert, et de la conseillère stratégique à la campagne de vaccination, Caroline Roy.

Selon des informations ayant émané du gouvernement lundi en fin de journée, le moment ne serait pas encore venu de présenter une liste exhaustive des lieux et des activités où le passeport vaccinal serait exigé. Il s’agit d’une annonce pour présenter « les grandes orientations » et les prochaines étapes vers son implantation, a-t-on indiqué.

« Ce ne sera pas le portrait complet qui sera présenté [ce mardi], mais une partie des modalités », a soufflé une source gouvernementale qui n’était pas autorisée à s’exprimer publiquement sur le sujet.

On aura une bien meilleure idée de l’application du passeport vaccinal, mais il restera des questions en suspens.

Source gouvernementale n’étant pas autorisée à s’exprimer publiquement

Québec garde néanmoins le cap vers une utilisation après le 31 août pour donner une chance égale à tous les Québécois d’être pleinement vaccinés. C’est la date ciblée pour atteindre une couverture vaccinale de 75 % dans toutes les tranches d’âge. Le message a été martelé à plusieurs reprises au cours des dernières semaines.

Même si les autorités n’excluent pas de devoir mettre en œuvre le passeport vaccinal plus rapidement en cas de flambée du nombre de cas, cela donne encore trois bonnes semaines au gouvernement Legault et à la Santé publique pour attacher les ficelles d’une utilisation dans la province et suivre l’évolution du variant Delta.

Accès aux services non essentiels

Il est admis que le passeport vaccinal ne sera utilisé que pour avoir accès à des services non essentiels. En juillet, le ministre Dubé avait expliqué que l’accès pourrait être restreint dans deux catégories d’activités : à risque élevé (bars, restos, centres d’entraînement, sports d’équipe, etc.) et à risque modéré ou regroupant un grand nombre de personnes (spectacles, festivals, matchs sportifs, etc.).

Les commerçants devront utiliser une application fournie par Québec pour vérifier la preuve vaccinale (code QR) présentée par le client. Une formule doit être trouvée pour les Québécois dont l’état de santé les empêche de recevoir le vaccin.

Toujours en juillet, M. Dubé soutenait que le laissez-passer vaccinal serait demandé « si, et seulement si, la transmission ou des éclosions le justifient dans un secteur d’activité ou un territoire donné ». La semaine dernière, on indiquait toujours qu’une « approche régionale » était visée pour l’utilisation du passeport.

Cependant, le premier ministre Legault a plutôt parlé jeudi de « donner certains privilèges à ceux et celles qui ont accepté de faire l’effort » de se faire vacciner, sans faire allusion à une utilisation par région.

Le principe de l’utilisation du passeport vaccinal étant que « les personnes qui ont fait l’effort d’aller chercher leurs deux doses doivent être capables de vivre une vie quasi normale, d’avoir accès à toutes les activités, incluant celles qui sont non essentielles, comme les restaurants », a expliqué M. Legault.

L’annonce de M. Legault a été généralement bien accueillie par les commerçants, les restaurateurs et les propriétaires de bars.

Pour une application immédiate

La cheffe libérale, Dominique Anglade, réclame que le passeport vaccinal soit implanté « dès maintenant » alors que les Québécois reprendront bientôt le chemin du travail ou de l’école. « On ne peut plus attendre […]. On voit déjà une croissance des cas et on voit ce qui se passe à l’extérieur de nos frontières », a-t-elle indiqué.

« [Attendre le 1er septembre], ça laisse encore trois semaines. Trois semaines, c’est énorme, et les écoles auront recommencé », a ajouté Mme Anglade. Elle espère que Québec lancera mardi « des règles claires », « des dates et un plan de match très solide » pour que l’ensemble de la province sache à quoi s’en tenir.

Québec solidaire, qui a demandé la même chose pour « éviter des dérapages », a aussi réclamé la tenue d’une commission parlementaire pour permettre « un véritable débat public ». Le Parti québécois soutient que les « moyens » vers une reprise de la vie normale « doivent être décidés de manière transparente […] dans un encadrement législatif décidé par l’Assemblée nationale ».

En avril dernier, le Comité d’éthique de santé publique (CESP) formé par l’Institut national de santé publique du Québec a conclu que le passeport vaccinal était « justifiable » du point de vue de l’éthique « en tant que mesure complémentaire et temporaire permettant un retour rapide à la vie normale en attente de l’immunité collective ».

Le Comité prévenait cependant que les « bénéfices » du passeport vaccinal « ne sont que légèrement plus importants que ses inconvénients ». En ce sens, le CESP n’a pas voulu formuler de recommandations précises, se contentant « de conclure que le [passeport vaccinal] pourrait faire partie des outils […] pour le déconfinement ».

Ces conclusions ont fait écho aux propos du DHoracio Arruda, qui a affirmé lors de l’étude des crédits, le printemps dernier, que « les avantages versus les inconvénients ne sont pas si élevés que ça » quant à l’usage d’un laissez-passer vaccinal. Il avait alors affirmé que si on donnait le feu vert au Québec, l’utilisation « serait assez marginale ». Le CESP soutenait également que le passeport vaccinal n’était « pas une panacée » lorsque l’on excluait son utilisation pour les voyages à l’étranger.

« Sur le plan des valeurs, à la lumière de l’importance accordée aux valeurs de bienfaisance, de liberté et de solidarité, le CESP considérerait justifiable l’application d’un [passeport vaccinal] reconnu à certains domaines, notamment ceux du voyage et des activités de loisirs », écrivait le comité dans son rapport.

Bilan à la hausse

La propagation de la COVID-19 a poursuivi sa progression le week-end dernier, avec 759 nouveaux cas vendredi, samedi et dimanche, soit 253 cas quotidiens en moyenne. Québec rapporte aussi un nouveau décès et une baisse des hospitalisations, avec 55 patients traités, dont 14 aux soins intensifs, soit un de moins que lors du bilan de vendredi dernier. Avec 97,9 cas actifs pour 100 000 habitants, c’est toujours la région de Trois-Rivières qui est actuellement la plus touchée par la pandémie.

Du côté de la vaccination, la province fait état de 29 657 nouvelles doses administrées. À ce jour, 84 % des 12 ans et plus ont donc reçu au moins une dose de vaccin et 70 %, deux doses. Dans son bilan, Québec annonce la livraison de 167 310 doses de Pfizer cette semaine. Il s’agit de la dernière livraison de vaccins prévue.