Plus de télétravail, mais aussi plus de marche et de vélo, et moins de restaurants. Telles sont les conclusions d’une étude américaine sur les conséquences sociales de la pandémie et de son confinement. Les nouvelles sont particulièrement mauvaises pour les transports en commun.

Télétravail

La proportion de travailleurs qui pensent travailler de la maison au moins quelques fois par semaine après la pandémie a doublé par rapport à la situation avant la pandémie, selon l’étude publiée début juin dans la revue PNAS par Deborah Salon, sociologue à l’Université d’État de l’Arizona. « On est passé de 13 % à 26 %, explique Mme Salon. Et chez 70 % des gens qui ont découvert le télétravail durant le confinement lié à la pandémie, on ne rapporte aucune diminution de productivité. » L’étude est basée sur un sondage représentatif de la population américaine auprès de 7613 personnes, réalisé l’été dernier. « Avant la pandémie, je travaillais sur un sondage représentatif sur l’évolution des habitudes de transport [commuting] au fil des années, dit Mme Salon. Nous avons simplement ajouté des questions. »

En quoi l’étude de Mme Salon se distingue-t-elle d’autres sondages sur le sujet ? « Nous demandons spécifiquement aux répondants d’imaginer ce qui se passera après la fin des mesures sanitaires pandémiques, alors que les autres ne font que poser des questions sur les pratiques actuelles, dit Mme Salon. D’ailleurs, nous avons des données plus récentes qui sont identiques, mais qui n’ont pas été publiées. » La proportion de gens qui disent être incapables de travailler à distance est passée de 55 % à 45 %.

Marche et vélo

Les bonnes habitudes d’exercice physique prises durant la pandémie, parce qu’il s’agissait pratiquement des seules activités encore permises durant les confinements les plus stricts, pourraient perdurer. « Le tiers des répondants planifient de marcher plus souvent qu’avant la pandémie, et un sur sept planifie de faire plus souvent du vélo, dit Mme Salon. Il ne s’agit pas de gens qui vont aller travailler à pied ou en vélo, mais de gens qui veulent passer plus de temps à l’extérieur. » Ne s’agit-il pas de résolutions similaires à celles qu’on adopte puis abandonne après un problème de santé, par exemple une crise cardiaque ? « Non, je ne crois pas, parce que dans le cas des problèmes de santé, ce sont souvent des ordonnances d’un médecin, dit Mme Salon. Dans ce cas-ci, ce sont les gens qui ont décidé par eux-mêmes de passer plus de temps à l’extérieur. C’est souvent un des aspects jugés positifs de la pandémie. »

Restaurants

Mauvaise nouvelle pour les restaurants, le sondage de Mme Salon estime que l’achalandage y baissera de 20 %. « En partie, c’est dû au fait que les gens vont aller moins au bureau, donc vont moins manger le midi au restaurant, dit Mme Salon. Mais c’est aussi lié à la découverte du plaisir de cuisiner. »

Transports en commun

L’autre conséquence négative du télétravail et de la pandémie est une baisse attendue de 40 % de l’achalandage des transports en commun. « Environ la moitié de cette baisse est due au télétravail et l’autre moitié, à l’adoption d’autres modes de transport, dit Mme Salon. Parfois, c’est pour des raisons positives, faire du vélo par exemple, mais il y a aussi beaucoup de gens qui ne se sentent plus à l’aise dans les foules. Comme le télétravail signifiera qu’ils peuvent arriver au bureau plus tard et partir plus tôt, donc éviter la circulation, la voiture redevient une option intéressante. » À la Société de transport de Montréal, l’achalandage en mai 2021 était en baisse par rapport à la période prépandémie, de 66 % pour le métro et de 59 % pour l’autobus, selon la relationniste Isabelle Tremblay.

En chiffre

40 % des répondants s’attendent à faire moins de voyages d’affaires qu’avant la pandémie dans les prochaines années

Source : PNAS