Tout indique que la vaccination des jeunes enfants pourrait être autorisée rapidement à l’automne. Pour la Santé publique, convaincre les parents de la pertinence d’aller de l’avant pour les plus jeunes s’annonce un défi.

Pfizer prévoit que les résultats préliminaires des essais cliniques de la phase 2-3 pour les enfants de 5 à 11 ans seront connus en septembre. Ceux pour les enfants de 2 à 5 ans sont attendus peu de temps après, tandis que les résultats pour ceux de 6 mois à 2 ans sont prévus en octobre ou en novembre.

Si les résultats sont tels qu’attendu, les autorités américaines et canadiennes pourraient très rapidement les autoriser, comme ce fut le cas pour les autres groupes d’âge.

En mai, une étude publiée dans le Journal de l’Association médicale canadienne révélait qu’au Canada, 40 % des mères se disaient incertaines de faire vacciner leurs enfants de 9 à 12 ans. Aussi, 8,6 % disaient qu’elles étaient certaines de ne pas le faire.

La principale source d’hésitation : la sécurité et l’efficacité des vaccins, selon l’étude. « Il est clair qu’il y aura plus d’hésitation et qu’on aura peut-être plus de difficulté à convaincre les parents parce que dans ce cas-ci, on prend une décision pour un autre être humain », fait observer Vardit Ravitsky, professeure de bioéthique à l’Université de Montréal.

Le fait que de très rares enfants aient subi de graves complications ajoute au dilemme des parents. D’un point de vue éthique, la Dre Ravitsky croit néanmoins qu’il y a une « obligation morale » pour tous, y compris les enfants, de contribuer à protéger les plus vulnérables et à limiter le plus possible la propagation de la COVID-19 et l’apparition de variants.

À ceux qui s’inquiètent des effets encore inconnus que ces nouveaux vaccins auraient à long terme, elle répond qu’elle se préoccuperait bien davantage des effets à long terme de la COVID-19, que peuvent aussi attraper les enfants.

« Diminuer le risque sociétal »

Le pédiatre Olivier Drouin, aussi chercheur au CHU Sainte-Justine, souligne également que le risque pour les enfants n’est pas nul. « Au Canada, environ 700 enfants ont été hospitalisés à cause de la COVID-19 et certains se sont retrouvés aux soins intensifs. » Mais oui, enchaîne-t-il, « le risque est faible pour un enfant qui n’a pas de problème de santé ».

Deux arguments plaident tout de même pour qu'[un enfant] se fasse vacciner. D’une part, il réduit ainsi les risques d’hospitalisation [pour lui ou sa famille] et il fait diminuer le risque sociétal que des variants plus sévères apparaissent.

Olivier Drouin, pédiatre et chercheur au CHU Sainte-Justine

Encore à la mi-mai, Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, demandait aux leaders du monde de ne pas vacciner les enfants et les adolescents contre la COVID-19 pour que les doses ainsi libérées soient redistribuées aux pays défavorisés.

Qu’en penser ? Le Dr Drouin ne croit pas que l’un exclue l’autre, pas plus qu’il pense qu’on devrait « mettre la vaccination de tout le Québec sur pause » pour que les pays en voie de développement aient leur part. À la limite, on peut ralentir un peu la cadence pour éviter les iniquités, mais il fait observer que la capacité de production de Pfizer et de Moderna se maintiendra alors que bon nombre de gens sont déjà vaccinés. Bientôt, croit-il, l’accès aux vaccins sera tel qu’il ne sera plus un enjeu.