(Québec) La soixantaine d’infirmières au soutien à domicile de l’Est-de-l’Île-de-Montréal qui devaient rembourser des milliers de dollars de « prime COVID » versés par erreur pendant des mois n’auront pas à le faire. Le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal est revenu sur sa décision et ne réclamera aucun remboursement.

« C’est certain que c’est un soulagement », lance Josée Rioux, infirmière auxiliaire au soutien à domicile du CLSC de Mercier-Est–Anjou, qui s’était faite la porte-parole d’un groupe d’au moins 40 collègues visées par la demande de remboursement. Elle avait dénoncé la situation à La Presse, le 4 mars dernier.

> Pour relire l’article « Des anges gardiens privés de milliers de dollars »

Le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal leur a versé par erreur la prime de « disponibilité à temps complet » qui pouvait atteindre jusqu’à 1000 $ par mois de mai à novembre. L’établissement avait confirmé à La Presse qu’il s’agissait alors d’une « malheureuse erreur de codification [du] système administratif ».

Le CIUSSS affirmait que la récupération des sommes se ferait « de façon échelonnée afin de minimiser l’impact » sur les employées touchées.

Les travailleurs n’avaient reçu aucune information sur les modalités de paiement jusqu’à lundi dernier. Elles ont alors été informées par lettre qu’elles n’auraient finalement pas à remettre un sou à leur employeur.

« Bien que vous ayez reçu ces sommes sans droit, considérant les occurrences exceptionnelles, il a été décidé qu’aucune récupération des primes qui vous ont été versées ne sera effectuée », est-il écrit dans la lettre envoyée par la chef des services des conditions d’exercice que La Presse a pu consulter.

Par courriel, le CIUSSS a expliqué que « la décision a été prise suivant une recommandation du Comité patronal de négociation du secteur de la santé et des services sociaux ». On ajoute que cette « décision ne concerne que cette situation bien précise ».

Le président du FIQ – Syndicat des professionnelles en soins de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, Denis Cloutier, salue « le degré de compréhension de l’employeur » dans ce dossier. Il affirme avoir été surpris de la décision. « Habituellement, les employeurs du réseau ne renoncent pas à aller chercher des montants versés en trop », dit-il.

« Je suis très, très heureux et c’est la preuve que quand les gens se mobilisent pour faire connaître leur cause [ça fonctionne] », a-t-il ajouté.

Le « combat » se poursuit

La FIQ réclame que la prime de « disponibilité temps complet » soit étendue aux infirmières en soutien à domicile. Celles-ci œuvrent à la fois sur le terrain et en RPA, où se trouve souvent le domicile d’usagers. « Le nerf de la guerre, ça demeure l’octroi de la prime elle-même. On est déçu de n’avoir eu aucune réponse là-dessus », souligne Josée Rioux.

En appui à leurs collègues qui devaient rembourser des milliers de dollars à l’employeur, quelque 120 infirmières et infirmiers au soutien à domicile du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal ont adressé une lettre en ce sens à plusieurs députés de l’est de Montréal ainsi qu’au premier ministre, François Legault.

Selon l’arrêté ministériel, ces primes sont offertes aux travailleurs des CHSLD, privés ou publics, y compris les résidences privées pour personnes âgées (RPA), les ressources intermédiaires (RI) et de « certains lieux désignés » comme des centres hospitaliers en raison « des besoins accentués de main-d’œuvre ».