(Ottawa) Le gouvernement fédéral continue de naviguer en mer agitée pour s’approvisionner en vaccins. Vendredi, il s’en est bien tiré, palliant la réduction des livraisons de Moderna par un plein de doses de Pfizer-BioNTech. Et il a fait miroiter l’arrivage des premières doses de celui de Johnson & Johnson.

La bonne nouvelle : le Canada recevra 8 millions de doses de plus que prévu du vaccin de Pfizer-BioNTech. C’est Justin Trudeau qui l’a annoncé. « On va recevoir 4 millions de doses supplémentaires au mois de mai, 2 millions de doses supplémentaires en juin et 2 millions de doses supplémentaires en juillet », a-t-il indiqué en conférence de presse.

À compter du mois de mai, 2 millions de doses de ce seul vaccin arriveront au pays sur une base hebdomadaire. Entre avril et juin, on parle de livraisons atteignant 24 millions de doses pour Pfizer-BioNTech, lesquelles viennent s’ajouter aux 12,7 millions de doses reçues au Canada depuis le début de la campagne de vaccination.

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

Justin Trudeau

Mais avant la bonne nouvelle, il y en avait eu une mauvaise : Moderna va amputer de près de la moitié ses livraisons que l’on attendait à la fin avril. Au lieu de recevoir 1,2 million de doses, le Canada en obtiendra environ 650 000. La société pharmaceutique l’a confirmé jeudi à la ministre de l’Approvisionnement, Anita Anand.

Le fournisseur a aussi « indiqué que 1 à 2 millions de doses sur les 12,3 millions de doses dont la livraison est prévue au deuxième trimestre pourraient être retardées jusqu’au troisième trimestre », a-t-elle spécifié, jurant de « faire pression sur Moderna pour que l’approvisionnement du Canada soit fidèle aux ententes ».

La directrice générale de Moderna Canada, Patricia Gauthier, a expliqué vendredi que « malgré tous les efforts déployés, la chaîne d’approvisionnement européenne affiche un manque à gagner quant aux doses initialement estimées », et que le Canada fait partie des pays affectés par la pénurie.

Devant le comité permanent de la santé, vendredi, le sous-ministre à l’Approvisionnement, Bill Matthews, a refusé de dire si des retards de livraison étaient passibles de pénalités – il a souligné qu’il existait dans les contrats des « cibles », sans toutefois vouloir dire ce qu’il entendait par là, invoquant la confidentialité.

Premières livraisons de J&J

Le quatrième vaccin approuvé par Santé Canada, celui à une dose fabriqué par Johnson & Johnson (Janssen au Canada), fera bientôt son arrivée au pays, soit près de deux mois après son approbation. On en attend 300 000 doses le 27 avril prochain, selon la ministre Anand.

PHOTO BLAIR GABLE, ARCHIVES REUTERS

Anita Anand, ministre des Services publics et de l’Approvisionnement

Les États-Unis ont temporairement suspendu l’utilisation de ce vaccin plus tôt cette semaine après que l’on eut recensé de très rares cas de thrombose chez des personnes l’ayant reçu. Le secrétaire général du Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI), le DMatthew Tunis, a dit que le verdict ne tarderait pas.

« Le comité en a discuté et attend d’avoir davantage de données. […] L’avis devrait venir avant l’arrivée des doses au pays », a-t-il affirmé lors de sa comparution au comité permanent de la santé vendredi.

Pour Justin Trudeau, il est clair qu’Ottawa « préfère avoir l’option » d’être en possession des doses initiales du vaccin. « On va prendre les livraisons des 300 000 doses, et […] on va suivre les recommandations mises à jour de Santé Canada et de notre comité national sur l’immunisation », a-t-il plaidé.

Le gouvernement s’attend à recevoir 10 millions de doses du vaccin de Johnson & Johnson d’ici septembre.

AstraZeneca

Les livraisons de celui d’AstraZeneca se poursuivent et devraient atteindre 4,1 millions de doses d’ici le mois de juin. Mais alors que l’on s’inquiète de perdre la course contre les variants, la ministre Anand aimerait que la cadence s’accélère, et elle assure l’avoir communiqué à des responsables de la société vendredi matin.

Le CCNI doit bientôt publier ses recommandations concernant l’administration de ce vaccin, qui a lui aussi des risques extrêmement faibles de provoquer des thromboses. Pour l’heure, il est déconseillé aux personnes de 55 ans et moins.