La société pharmaceutique québécoise doit encore trouver 30 000 participants pour la phase III de son vaccin

Avec l’accélération de la campagne de vaccination au Canada, le recrutement de participants pour la phase III du vaccin contre la COVID-19 de l’entreprise pharmaceutique québécoise Medicago s’avère ardu.

« Avec l’homologation des vaccins et la priorisation des gens âgés, c’est essentiellement impossible de recruter des gens âgés au Québec », dit le DBrian Ward, officier médical chez Medicago et professeur en maladies infectieuses à l’Université McGill.

Dans le cadre de la phase III, Medicago devra recruter plus de 30 000 personnes à l’échelle mondiale. Celles-ci devront présenter des états de santé très diversifiés.

« Pour l’instant, notre site ne recrutera pas de personnes de 65 ans et plus pour la phase III. Nous leur conseillons d’aller plutôt vers les vaccins publics », explique le DMarc Dionne, médecin spécialiste en santé publique et responsable du site de vaccination du CHU de Québec.

L’entreprise fera donc ses essais cliniques avec des personnes plus âgées principalement dans les pays où un vaccin contre la COVID-19 n’est pas encore offert. « Nous avons l’intention de faire notre étude de phase III dans quatre ou cinq pays d’Amérique centrale et quelques pays d’Europe où ils ont moins accès aux vaccins », dit le DWard. Au total, plus de 130 pays contribueront à l’étude clinique, dont 8 sites au Québec, dont le CHU de Québec, le Centre universitaire de santé McGill et l’entreprise sherbrookoise Q & T.

Vaccin ou placébo

Afin de démontrer l’efficacité du vaccin, les participants seront inscrits, à leur insu, à un des deux groupes. Le premier groupe recevra le vaccin, et l’autre, un placébo.

On s’assure que les participants comprennent bien qu’ils pourraient avoir accès au vaccin public, alors que dans l’étude, ils auront une chance sur deux de l’avoir.

Le DMarc Dionne, médecin spécialiste en santé publique et responsable du site de vaccination du CHU de Québec

Le DDionne précise que si l’idée du passeport vaccinal se concrétise dans les prochaines semaines, les participants aux essais cliniques n’y auront pas accès, puisqu’ils ne pourront pas garantir avoir été vaccinés contre la COVID-19. « Il faut que les gens n’aient pas l’intention de voyager ou qu’ils pensent que ça ne nuira pas à leurs activités », explique-t-il.

Un vaccin québécois

Selon Pierre Gervais, président-directeur général de Q & T Recherche Sherbrooke, il est essentiel qu’un pays comme le Canada soit autonome en matière de production de vaccins. « On n’a pas la capacité de faire des vaccins, mais on a la capacité d’avoir une armée avec des chars d’assaut et des sous-marins. On a tout ce qu’il faut pour se défendre, mais pas pour se défendre contre un virus », déplore-t-il.

Le DWard craint que la population doive se faire vacciner à nouveau contre les variants de la COVID-19. « Le vaccin de Medicago pourrait servir de rappels pour les personnes qui ont reçu le vaccin développé pour la souche initiale de Wuhan », dit-il. Il espère que le vaccin sera prêt à être soumis aux autorités réglementaires au mois de juin ou de juillet.

M. Gervais ajoute que la technologie utilisée par l’entreprise pourra permettre de produire de grands volumes et des vaccins qui se conservent à des températures entre 2 °C et 8 °C. « C’est très avantageux pour plusieurs continents », soutient-il.

Qu’en est-il des variants ?

Les vaccins de Pfizer et de Moderna à base d’ARN messager peuvent s’adapter facilement aux nouveaux variants en émergence. Dans le cas du vaccin de Medicago, « il y a une étape de plus », indique le DDionne.

Pour le vaccin à ARN messager, on administre une « recette », soit une séquence d’ARN, aux cellules humaines. Les cellules vont ensuite produire elles-mêmes les protéines nécessaires pour combattre le virus. Dans le cas de Medicago, la recette est donnée à des plantes qui vont produire cette protéine. Ce sont les protéines créées par les plantes qui vont être injectées à l’humain.

« Dans le cas d’un variant, c’est relativement facile de modifier la recette qui va être donnée aux plantes, mais on ajoute une étape de six à sept semaines pour que la plante produise suffisamment de protéines », indique le DDionne.