À l’unanimité, le milieu de l’éducation se montre déçu que l’annonce de mardi n’ait pas inclus une date précise à laquelle le personnel scolaire pourra être vacciné. Les mesures changeantes ont aussi fait réagir les milieux médical et politique.

« Quand on sait que la question de la qualité de l’air des écoles n’est toujours pas réglée et que les variants se multiplient chaque jour, qu’est-ce que le gouvernement attend pour vacciner le personnel de l’éducation ? », demande Sonia Éthier, présidente de la Centrale des syndicats du Québec.

« S’il y a une constante depuis le début de la pandémie, c’est que la fréquentation des écoles précède systématiquement une hausse des cas de COVID-19 », fait-elle observer en dénonçant la « gestion à courte vue du gouvernement ».

Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement du Québec (FSE-CSQ), s’est aussi montrée vivement déçue que le premier ministre n’annonce toujours pas de date précise de vaccination pour les enseignants.

C’est d’un illogisme inexplicable de risquer que des profs tombent malades alors qu’on est déjà en pénurie de personnel.

Josée Scalabrini

« Il y a des décisions qui sont prises sans s’appuyer sur la réalité sur le terrain, a renchéri Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l’enseignement. Ce n’est pas comme si les variants venaient d’apparaître. »

Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire, demande au gouvernement « d’offrir la vaccination dès cette semaine à tout le personnel œuvrant dans les établissements scolaires sur l’île de Montréal ».

Cela fait assez longtemps, à son avis, que le personnel met sa santé à risque, de même que celle de ses proches.

Quant à Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’école, il réclame une fois pour toutes « une vision, un plan de match et des explications qui sous-tendent les décisions ».

Soit, les variants changent la donne assez rapidement, « mais cette troisième vague était prévisible ».

La situation « prise au sérieux »

Le DQuoc Nguyen, gériatre au CHUM, estime pour sa part que le gouvernement s’est peut-être montré un peu trop impatient de déconfiner il y a deux semaines. « Là, il réalise qu’il faut être un peu plus patient, et je constate qu’il prend la situation au sérieux. »

Les nouveaux variants sont certes contagieux et plus dangereux, mais il ne faut pas céder à la panique. De plus en plus de gens sont vaccinés, et nos hôpitaux ne sont pas dans une situation critique comme en France ou en Ontario justement parce que des mesures sont prises, a souligné le DNguyen.

Sur les ondes de Radio-Canada, le DKarl Weiss, microbiologiste et spécialiste des maladies infectieuses à l’Hôpital général juif de Montréal, a souligné mardi soir que la population vaccinée va très bien. « Qui voit-on à l’hôpital, maintenant ? Beaucoup de personnes entre 50 et 69 ans. »

« Pensée magique » dénoncée

« La pensée magique ne suffit plus, a déclaré sur Twitter en début de soirée Dominique Anglade, cheffe du Parti libéral du Québec. Le gouvernement doit s’assurer que la hausse des cas ne se traduise pas en une hausse des hospitalisations et il doit prendre tous les moyens pour y arriver. »

À son avis, cela passe entre autres par une diminution des délais de dépistage et par l’augmentation de la cadence de vaccination.

Véronique Hivon, porte-parole du Parti québécois pour les questions d’éducation, fait remarquer que les annonces de mardi demandent aux enseignants et aux élèves de s’adapter, encore une fois.

Le gouvernement parle des changements de façon détachée, comme si cela ne supposait pas de grands ajustements logistiques pour les enseignants et pour le transport scolaire, notamment.

Véronique Hivon, porte-parole du Parti québécois en matière d'éducation

Selon elle, avant de renvoyer les jeunes du secondaire à l’école à temps plein, le gouvernement aurait dû attendre d’être un peu plus sûr de son coup.

Quant à Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de Québec solidaire, il a aussi déclaré sur Twitter que le gouvernement Legault « a déconfiné trop rapidement en mars. Nous en payons le prix ».

« Le leadership, ce n’est pas de dire ce que les gens veulent entendre. C’est parler vrai et s’adresser à l’intelligence des gens, leur faire confiance. »

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Comme plusieurs autres gyms, Énergie Cardio a mis en place des séances d’entraînement virtuelles.

Tristesse chez Énergie Cardio

« On est un peu triste pour notre industrie qui a travaillé si fort à mettre en place des protocoles rigoureux, affirme Claire Tremblay, présidente d’Énergie Cardio. Comme dirigeante, il est surtout très difficile de mettre du personnel en arrêt de travail. Il est aussi regrettable que notre industrie soit ainsi salie alors que le risque reste faible par rapport aux écoles, par exemple. » Comme plusieurs autres gyms, Énergie Cardio a mis en place des séances d’entraînement virtuelles.