(Québec) Québec promet que le déploiement des prochains arrivages du vaccin d’AstraZeneca ne débutera pas avant que les Québécois puissent savoir à l’avance quel vaccin leur sera administré. L’utilisation du vaccin controversé est presque à l’arrêt : à peine un millier de doses restent à écouler.

Le gouvernement Legault a promis que les Québécois pourront savoir à l’avance lequel des vaccins leur sera administré. Cet engagement a été pris dans la foulée de la décision d’AstraZeneca de suspendre l’utilisation de son vaccin chez les moins de 55 ans, lundi.

« Dans le contexte où il y a encore une mauvaise presse autour de ce vaccin-là, avant même que les gens viennent, ils vont savoir si c’est de l’AstraZeneca », a assuré mardi le directeur national de santé publique, le DHoracio Arruda, affirmant que « ça prend un consentement éclairé » avant d’être vacciné.

« Ça va être clairement indiqué sur notre site de Clic Santé qu’à telle heure, à tel endroit, ça va être des vaccins d’AstraZeneca », a illustré pour sa part le ministre de la Santé, Christian Dubé.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a confirmé jeudi à La Presse que « le développement informatique nécessaire » pour que l’information soit fournie sur le site était en cours. « Lorsque reprendra la vaccination avec le vaccin d'AstraZeneca, tout sera en place pour que les personnes soient informées, à l’avance », a-t-on promis dans un courriel.

Le Québec recevra sous peu plus de 410 000 doses du vaccin d'AstraZeneca. L’administration de ces doses ne débutera pas avant que les moyens appropriés soient en place afin de bien informer, à l’avance, les personnes souhaitant se faire vacciner.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux

Il est trop tôt pour donner le détail des mesures qui seront mises en place, ajoute-t-on. « Les équipes poursuivent leurs analyses afin de mettre en place les moyens les plus efficaces d’utiliser les doses du vaccin d'AstraZeneca et d’aviser correctement les personnes, avant leur vaccination », écrit le MSSS.

Il faut comprendre qu’en ce moment, le vaccin d’AstraZeneca n’est pratiquement plus disponible. Le Québec a obtenu jusqu’à présent 113 000 doses du vaccin appelé Covishield (fabriqué en Inde à la suite d’un transfert technologique d’AstraZeneca) et 111 809 doses ont déjà été administrées.

Le millier de doses restantes seront utilisées notamment pour « finaliser » la vaccination à domicile de certaines clientèles vulnérables ainsi que dans les centres de vaccination de masse. Il est toujours possible de refuser l’administration du vaccin au moment de la vaccination, rappelle le MSSS.

Le Ministère précise par ailleurs que le taux de refus de vaccin (tous vaccins confondus) est en baisse depuis le mois de mars. Le taux de refus est de 607 pour 100 000 doses, précise-t-on. Le MSSS explique qu’il n’a pas la ventilation des données selon la marque du vaccin (Pfizer, Moderna ou AstraZeneca).

Le vaccin d’AstraZeneca a connu plusieurs ratés depuis son déploiement. L’administration du vaccin a été suspendue lundi pour les personnes de moins de 55 ans en raison d’un possible lien entre le vaccin et des troubles de la coagulation et de thrombose veineuse cérébrale qui ne peut être totalement écarté pour l’instant. Il est toujours recommandé aux 55 ans et plus.

Et la deuxième dose ?

Pour l’heure, en « l’absence de données sur l’interchangeabilité » des vaccins contre la COVID-19, le même produit devrait être utilisé pour l’administration des deux doses, écrit le MSSS. Donc, une personne qui a reçu le vaccin d’AstraZeneca devrait techniquement recevoir une seconde dose du même fabricant.

Mais des études sont en cours pour évaluer les effets d’interchangeabilité des vaccins et les résultats seront divulgués une fois les travaux terminés, dit-on.

Les personnes de moins de 55 ans qui doivent recevoir leur deuxième dose alors que la suspension est toujours en vigueur se verront offrir « un autre vaccin ». Puisque l’intervalle est de quatre mois au Québec, on explique que la « connaissance quant au vaccin » a encore « le temps d’évoluer » d’ici là.

Arrivages prochains à la hausse

Le Québec recevra des doses du vaccin d’AstraZeneca au cours des prochains jours. Des 1,5 million de doses du vaccin envoyées des États-Unis au Canada, 339 600 seront expédiées au Québec d’ici le 4 avril. « À la suite de l’approbation de Santé Canada accordée hier pour l’installation de fabrication américaine, les livraisons aux provinces sont déjà en cours et devraient être complétées ce samedi », a indiqué jeudi le major-général Dany Fortin, responsable de la distribution des vaccins au pays.

Le Canada recevra également 316 800 doses du vaccin d’AstraZeneca provenant de l’initiative COVAX, dont 71 600 sont destinées au Québec. Ces doses qui doivent arriver dans les prochains jours ont été fabriquées « à différents endroits, dont la Corée du Sud », a ajouté le major-général Fortin.

L’initiative COVAX est un mécanisme de groupement des achats visant à donner accès aux vaccins aux pays les plus pauvres.

Avec la collaboration de Mélanie Marquis, La Presse

34 000 doses envoyées en région

Québec redistribue 34 000 doses destinées à Montréal vers sept régions de la province pour freiner le déferlement de la troisième vague. La part du lion revient à l’Outaouais avec l’envoi de 9000 doses. La Capitale-Nationale et le Bas-Saint-Laurent doivent recevoir respectivement 4000 et 5000 doses supplémentaires. Un premier envoi de 7000 doses de vaccin sera d’abord acheminé dès les prochains jours. Ces doses seront distribuées de façon prioritaire à l’Outaouais, à la Capitale-Nationale, au Saguenay–Lac-Saint-Jean et à l’Estrie. Les 27 000 autres doses seront envoyées au moment de la réception, au Québec, des prochains arrivages de vaccins, indique-t-on au ministère de la Santé et des Services sociaux. Après avoir donné un coup d’accélérateur à Montréal, Québec veut accélérer la vaccination dans les autres régions de la province, notamment celles touchées par la propagation rapide des variants.