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Paul Hardy et sa conjointe ont souffert d’une forme sévère de la COVID-19 dans la dernière année. « Plusieurs semaines de fièvre, fatigue extrême, douleurs intenses aux articulations… », énumère M. Hardy, septuagénaire qui se décrit comme étant en bonne forme physique.

La première dose du vaccin a d’ailleurs fait réapparaître beaucoup de ces symptômes pendant quelques jours. Alors, la perspective de recevoir une seconde dose de vaccin ne l’enchante guère…

Bonne nouvelle pour les Hardy ainsi que pour tous ceux qui ont attrapé la COVID-19 : une seule dose de vaccin est considérée comme suffisante pour qu'ils soient immunisés contre le SARS-Cov-2. La Santé publique recommande donc de ne pas donner de rendez-vous à ces personnes afin qu’elles reçoivent une seconde dose.

« La maladie est considérée comme une première dose, puis le vaccin, comme une seconde dose », dit le DNicholas Brousseau, médecin-conseil à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

La Santé publique recommande également aux personnes qui ont eu la COVID-19 d’attendre trois mois avant d’aller se faire vacciner.

On sait que l’immunité acquise après la maladie protège bien, pendant un certain nombre de mois. Il n’y a donc pas d’urgence pour aller se faire vacciner.

Le DNicholas Brousseau, médecin-conseil à l’INSPQ

« De plus, puisqu’on est en contexte de pénurie, je crois qu’il est préférable de laisser sa dose à quelqu’un d’autre qui n’est pas protégé », dit le DBrousseau.

Deux doses de vaccin sont néanmoins recommandées dans certains cas de « guéris » de la COVID-19, notamment lorsque l’infection par la COVID-19 n’a pu être confirmée par un test, ou chez les personnes immunosupprimées. Le ministère de la Santé a également précisé que les personnes qui avaient eu la COVID-19 et qui souhaitent tout de même recevoir deux doses de vaccin pourraient les avoir.

Il n’est pas « dangereux » de recevoir deux doses de vaccin si on a été infecté par la COVID-19, dit le DBrousseau. « Mais en général, on ne donnera pas une dose de plus si on sait qu’elle ne sera pas nécessaire. »

Des résultats qui se multiplient

Et tout indique que, dans la majorité des cas, une seconde dose de vaccin chez les personnes qui ont eu la maladie n’est pas nécessaire.

« La réponse immunitaire à la première dose de vaccin chez les personnes qui ont été infectées par la COVID-19 est extrêmement bonne », observe pour sa part le chercheur en microbiologie Andrés Finzi, de l’Université de Montréal.

Son étude publiée la semaine dernière sur le site de prépublication scientifique BioRxiv montre d’ailleurs à quel point les personnes qui ont guéri de la COVID-19 et qui ont reçu une dose de vaccin combattent efficacement les différentes souches et les variants du virus.

Tout indique que la première dose du vaccin renforce leur système immunitaire au même niveau de protection que celui que la deuxième dose procure chez les individus qui n’ont jamais été en contact avec la maladie.

Une autre étude américano-québécoise qui vient d'être publiée dans Science, et à laquelle Andrés Finzi a également participé, a montré que même chez les individus qui ont été infectés au tout début de la pandémie avec la souche de Wuhan, une seule dose de vaccin leur permettait de résister aux variants britannique, sud-africain, voire au « syndrome respiratoire aigu sévère » (SARS).

Enfin, dans une autre étude prépubliée cette semaine sur le site BioRxiv, des chercheurs espagnols et américains ont confirmé que la deuxième dose de vaccin n’améliorait pas la protection immunitaire chez les personnes qui ont eu la maladie. Les chercheurs suggèrent même qu’en contexte de pénurie de vaccins, il pourrait valoir la peine de tester tous les individus avant la vaccination pour discerner ceux qui disposent déjà d’une immunité naturelle et pour éviter de leur administrer une seconde dose dont ils n’ont pas besoin.

Bonjour, les effets secondaires

Diane Drouin et son conjoint, qui ont souffert de la COVID-19 il y a un an, viennent aussi de se faire vacciner. Les 48 heures qui ont suivi ont été marquées par la fièvre, les frissons, les douleurs musculaires. « Jamais auparavant nous n’avons eu d’effets secondaires avec les vaccins reçus », écrit-elle.

« Oui, c’est normal que les personnes qui ont eu la maladie réagissent plus à la première dose qu’une personne qui n’a jamais eu la maladie », dit le Dr Brousseau. « Ce n’est pas la majorité des gens, peut-être 5 % ou 10 %, et ça se passe dans les 48 heures suivant le vaccin. »

Dans la mise à jour de son avis mis en ligne jeudi, le Comité de l’immunisation du Québec indique que des effets secondaires plus importants pour les « guéris » de la COVID-19 ont été rapportés pour les vaccins à ARNm (Pfizer et Moderna). « Cela se manifeste par des fréquences de réactions systémiques statistiquement plus élevées comme de la fatigue, des céphalées ou des myalgies », écrit le Comité. Pour ceux et celles qui n’ont jamais eu la COVID-19, ces effets secondaires se manifestent surtout à la seconde dose du vaccin plutôt qu’à la première.