Si le Québec se trouve toujours sur un plateau pour le nombre d’infections, l’Institut national de santé publique (INSPQ) anticipe néanmoins que la troisième vague pourrait commencer d’ici avril. Mais elle pourrait ne pas entraîner de hausse des hospitalisations, pour autant qu’il y ait une forte adhésion aux mesures sanitaires.

Dans de nouvelles modélisations de l’évolution de la pandémie, l’organisme relève en effet que, aussi bien dans le Grand Montréal que dans les autres régions, une adhésion forte aux mesures sanitaires en place « permettrait de maintenir les hospitalisations et les décès à un niveau stable, malgré une croissance des cas en avril ».

À l’inverse, une adhésion moyenne « ne serait pas suffisante pour maîtriser la propagation d’un nouveau variant et pourrait occasionner une augmentation rapide des cas », avertit l’organisme, qui précise que la vaccination devrait néanmoins permettre, même dans ce scénario, d’« atténuer l’impact sur les hospitalisations et les décès par la protection des plus à risque ».

2000 cas par jour dans le Grand Montréal

En avril, le Grand Montréal pourrait atteindre jusqu’à 2000 cas par jour, selon l’Institut. Si l’adhésion était moyenne, ce nombre pourrait par ailleurs être multiplié, pour aller jusqu’à 5000 infections, voire plus.

À l’extérieur de la métropole, en zone orange, la situation serait mieux maîtrisée. On y prévoit approximativement 750 nouveaux cas quotidiens en avril, advenant une forte adhésion aux mesures. Dans un scénario d’adhésion moyenne, ce serait environ 2000 nouveaux cas quotidiens. Chose certaine : « le variant est 1,4 à 1,9 fois plus transmissible par contact », rappelle-t-on.

Ainsi, l’atteinte d’une « haute couverture vaccinale » chez les 65 ans et plus, qui peuvent prendre rendez-vous partout au Québec depuis vendredi, aiderait considérablement à réduire les effets des variants, tant dans un scénario d’adhésion forte que dans un scénario d’adhésion moyenne. Le premier se résume à « peu de contacts additionnels à la suite de l’assouplissement des mesures », et l’autre à « plus de contacts dans les commerces, sports et loisirs » ainsi que davantage de visites à domicile.

Toutefois, puisque les personnes âgées de 65 ans et moins ne seront pas encore toutes vaccinées, « des augmentations des cas et des hospitalisations pourraient survenir parmi ce groupe d’âge en avril ; ces augmentations seraient d’autant plus importantes dans un scénario d’adhésion moyenne », précise l’INSPQ.

Une forte adhésion aux mesures sanitaires et un dépistage/traçage intensif des contacts pourraient ralentir la progression du variant dans toutes les régions du Québec, le temps que la campagne de vaccination produise son effet. […] Les prochaines semaines seront donc déterminantes.

Extrait du rapport de l’INSPQ

L’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) émet un son de cloche similaire. Il prévoit pour sa part « une stabilisation des nouvelles hospitalisations » au cours des trois prochaines semaines au Québec. Mais « au-delà de cette période, l’évolution pourrait être différente en fonction d’une présence croissante de variants et de la couverture vaccinale », précise-t-on.

Dans le Grand Montréal, le tiers des lits ordinaires sont occupés par les patients COVID-19. Aux soins intensifs, cette proportion atteint 40 %. Dans le reste du Québec, ces chiffres atteignent respectivement 16 % et 8 % ; un dépassement des capacités y est donc « improbable », conclut l’INESSS dans son rapport.

Bilan relativement stable

Au moment où le Québec voit une accélération de sa campagne de vaccination, la province a rapporté vendredi 764 nouveaux cas et 11 décès supplémentaires. Des 11 décès rapportés vendredi, 5 sont survenus à Montréal et 2 en Outaouais.

Les régions du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de Laval, de Lanaudière et des Terres-Cries-de-la-Baie-James rapportent chacune un décès supplémentaire. En tout, 10 587 personnes ont jusqu’ici succombé en raison de complications liées au virus au Québec.

Dans le réseau de la santé, le nombre d’hospitalisations a toutefois continué de diminuer. On a enregistré vendredi une nouvelle baisse de 15 sur ce plan. Actuellement, 504 patients demeurent hospitalisés pour la COVID-19, dont 99 se trouvent toujours aux soins intensifs, soit une baisse de 2 cas en 24 heures.

Bien que les 764 cas soient plus élevés que les résultats des derniers jours, la moyenne quotidienne calculée sur une semaine demeure stable à 682 nouveaux cas par jour. Les 11 nouveaux décès portent à 9 la moyenne quotidienne des décès calculée sur une semaine.

Le bilan demeure aussi relativement stable du côté des prélèvements effectués. Mercredi, le Québec avait réalisé 32 704 tests de dépistage, soit légèrement moins que lors des deux derniers jours. On compte actuellement 605 éclosions actives au Québec, soit une baisse de 5 en 24 heures. Plus de 51 % de ces foyers de contamination proviennent de milieux de travail.

Par ailleurs, l’INSPQ n’a recensé vendredi aucun nouveau cas de variants au Québec. On en dénombre donc toujours 541, dont 327 à Montréal – surtout issus de la souche britannique – et 100 en Abitibi-Témiscamingue, tous des cas du variant sud-africain. Laval compte pour sa part 29 cas du variant britannique, alors que les Laurentides en comptent 32. Au total, le criblage a permis d’identifier 2730 cas probables de variants.

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