(Ottawa) Le gouvernement fédéral a accepté d’augmenter sa contribution pour le déploiement de vaccins dans les pays mois favorisés, en promettant 75 millions supplémentaires au programme international d’échange de vaccins COVAX, comme le font d’ailleurs d’autres pays riches.

L’annonce intervient alors que le premier ministre britannique, Boris Johnson, accueillait « virtuellement », vendredi, Justin Trudeau et leurs homologues des pays du G7 pour un sommet visant à donner un nouvel élan à la distribution de vaccins contre la COVID-19.

M. Johnson a confirmé vendredi que la Grande-Bretagne enverrait toutes ses doses excédentaires à COVAX, une initiative qui pourrait placer M. Trudeau sur la sellette. Le Canada est le seul pays du G7 à utiliser son adhésion au programme afin d’obtenir des doses supplémentaires pour vacciner sa propre population.

Les libéraux ont été critiqués par des organisations internationales et des partis d’opposition pour avoir décidé d’accepter 1,9 million de doses de vaccin via COVAX, pour un usage au Canada d’ici la fin de juin. M. Trudeau a expliqué que les pays qui contribuent à COVAX sont autorisés à recevoir des vaccins et il a noté que le Canada est l’un des principaux contributeurs à ce programme mondial.

COVAX est un partenariat créé l’année dernière sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour aider à fournir des milliards de doses des coûteux vaccins aux pays qui ne peuvent pas se les permettre. Le Canada a promis 220 millions à COVAX et 865 millions supplémentaires au programme international « ACT Accelerator », qui vise à garantir aux pays à revenu faible ou intermédiaire un accès équitable aux traitements médicaux pendant la pandémie. La Grande-Bretagne a promis 971 millions à COVAX.

Les 75 millions de fonds supplémentaires annoncés vendredi par le Canada sont également destinés au programme « ACT Accelerator », a déclaré Guillaume Dumas, attaché de presse de la ministre du Développement international, Karina Gould.

L’annonce intervient alors que la Commission européenne promettait de doubler sa contribution, à un milliard d’euros. « Nous ne serons en sécurité que si le monde entier est en sécurité », a rappelé Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, dans un communiqué publié avant la réunion des dirigeants du G7 vendredi.

Le Canada a fait face à des pénuries de livraisons de vaccins au cours des dernières semaines, mais M. Trudeau a déclaré que celles-ci devraient maintenant reprendre comme prévu. Il soutient également qu’il est trop tôt pour dire ce que le Canada fera de tout surplus de vaccins, mais qu’Ottawa est déterminé à aider à mettre fin à la pandémie partout dans le monde, parce que c’est dans l’intérêt du Canada.

Accélérer la recherche-développement

Le premier ministre Johnson, qui est lui-même tombé gravement malade après avoir contracté la COVID-19 l’année dernière, utilise cette année la présidence britannique du G7 pour conduire un plan de santé qui permettrait la création rapide de nouveaux vaccins afin de lutter contre d’autres maladies mortelles et pandémies qui pourraient émerger. M. Johnson souhaite que le G7 approuve un objectif visant à réduire de deux tiers le temps de développement de nouveaux vaccins, pour le faire passer de 300 à 100 jours.

La nouvelle contribution de 75 millions du Canada a été saluée par l’organisme anti-pauvreté « One ». L’organisme demande à Ottawa de s’engager à investir 1 % de ses dépenses COVID-19 dans la lutte mondiale contre la pandémie. « Il reste encore du travail à faire, mais le gouvernement Trudeau est sur la bonne voie », a déclaré Stuart Hickox, directeur de la section canadienne de « One ».

Boris Johnson souhaite aussi que l’OMS et la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI) trouvent des moyens d’accélérer le développement de vaccins ainsi que des traitements et des tests pour les pathogènes courants.

« Peut-être, plus que jamais, les espoirs du monde reposent sur les épaules des scientifiques et au cours de l’année dernière, comme d’innombrables fois auparavant, ils ont relevé le défi », a déclaré M. Johnson dans une déclaration préalable au sommet.

« Le développement de vaccins viables contre les coronavirus offre la perspective alléchante d’un retour à la normale, mais nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers. En tant que dirigeants du G7, nous devons dire aujourd’hui : plus jamais », a-t-il ajouté.

« En exploitant notre ingéniosité collective, nous pouvons nous assurer que nous avons les vaccins, les traitements et les tests pour être prêts à affronter les futures menaces sanitaires, alors que nous combattons la COVID-19 et reconstruisons mieux ensemble. »

M. Johnson souhaite également que les dirigeants du G7 soutiennent un nouveau traité sur la préparation à une pandémie qui serait administré par l’OMS.

Cette réunion des dirigeants du G7 est la première depuis avril dernier, lorsqu’ils se sont réunis pour une réunion virtuelle d’urgence alors que la pandémie balayait le monde. Le sommet annuel régulier du G7, qui devait être organisé en 2020 par l’ancien président américain Donald Trump, a finalement été abandonné alors que les États-Unis luttaient contre une augmentation du nombre de morts en raison de la COVID-19.