(Edmonton) Avant que le Canadien Khalid Hashi et son équipe commencent leur travail en Somalie, ce pays d’environ 15 millions d’habitants parlant principalement le somali ou l’arabe n’avait que des informations sur la COVID-19 disponibles dans une seule langue.

« Tout était en anglais », raconte l’homme âgé de 30 ans d’origine somalienne, né en Ontario et élevé à Edmonton.

M. Hashi dit s’être rendu au printemps dernier dans la Corne de l’Afrique pour aider à lancer une campagne d’information numérique répondant aux préoccupations, à la désinformation et aux rumeurs sur le nouveau coronavirus d’une manière que les communautés et les villages puissent comprendre.

« Au départ, les gens hésitaient beaucoup à écouter, se souvient M. Hashi. Il y avait de la désinformation dans tous les villages. C’était difficile et c’est toujours difficile. Mais aujourd’hui, les informations sur le virus circulent plus. Les gens commencent à comprendre la gravité du virus. »

Après avoir reçu l’approbation du ministère de la Santé de la Somalie, il a mis au point un programme qu’il avait créé trois ans plus tôt pour y inclure des vidéos et des renseignements sur la COVID-19 dans les langues locales. Les travailleurs de première ligne de Somalie ont fait du porte-à-porte dans 45 villages. Ils continuent de montrer les vidéos sur des tablettes.

« Ce contenu, qui aide vraiment à la prévention et à l’atténuation des risques, s’est étendu à quatre régions en atteignant 60 000 nomades. Il y a environ 100 000 messages sur les médias sociaux », dit M. Hashi.

Son équipe a depuis intégré des fonctionnalités sur le programme qui envoient aux collectivités des alertes sanitaires d’urgence sur la pandémie.

La Somalie compte un peu plus de 5000 cas confirmés de COVID-19, dont plus de 1000 actifs. Environ 144 personnes sont mortes de l’infection, a indiqué Abdihamid Warsame, un chercheur à la London School of Hygiene and Tropical Medicine. Actuellement, il est établi en Somalie et travaille sur un projet de recherche sur la COVID-19.

« Il y a beaucoup de désinformation sur la maladie. On dit qu’elle n’existe pas vraiment en Somalie ou que c’est une maladie d’étrangers. Les gens ne prennent pas vraiment les précautions qu’ils devraient. Le travail de Khalid contribue beaucoup à essayer de surmonter ce défi, souligne M. Warsame. Il y a eu de moins en moins de cas au fil du temps. L’expertise de Khalid, son matériel et ses canaux de distribution contribuent assurément à la réponse à la COVID-19 en Somalie. »

M. Hashi dit que le ministère de la Santé de la Somalie examine le contenu de l’application et s’assure qu’il trouve un écho au sein des collectivités. « Nous ne parlons pas d’un village. Nous parlons de la distribution nationale de ce contenu. »

Les vidéos de santé publique renseignent les habitants sur les symptômes qu’ils doivent rechercher et sur les endroits où ils peuvent se faire tester.

« Cela aide vraiment à guider les gens vers les prochaines étapes pour assurer leur sécurité, mentionne le Canadien. Nous avons fait notre première vidéo pour un hôpital avec lequel nous travaillions pour aider nos médecins. Les médecins montraient la vidéo à leurs patients. Les gens en ont apprécié le contenu qui est envoyé vers les collectivités rurales. »

M. Hashi dit que certaines des vidéos que lui et son équipe ont créées en arabe sont aussi utilisées au Yémen.

L’idée lui est venue en 2017 lors d’une visite à sa grand-mère. En l’accompagnant chez un médecin, il a appris qu’il n’existait pas de bons moyens pour suivre les dossiers médicaux en Somalie.

Il a fini par concevoir les dossiers médicaux électroniques OGOW pour stocker les renseignements sur la santé des patients.

« OGOW signifie “savoir” en langue somalienne, explique M. Hashi. Je l’ai nommé ainsi parce que c’est moi qui apprends à connaître ma grand-mère. C’est un rappel constant des raisons pour lesquelles je me suis lancé dans ce travail. »

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Cette dépêche a été produite avec l’aide financière des Bourses de Facebook et de La Presse Canadienne pour les Nouvelles.